Les médecins invitent les parents à assiéger les centres de santé pour avoir leur dose...de vaccin... le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, entreprend un programme national de vaccination contre le virus de la rougeole. Tous les centres de santé du pays, de la plus grande structure de soins de base à la plus petite unité de dépistage et de soins (UDS) sont instruits de veiller au bon déroulement de cette campagne qui a commencé hier et qui s'étalera jusqu'au 19 de ce mois , week-end compris. Pas moins de 12 millions de doses de vaccin anti-rougeole sont mis à la disposition des blouses blanches mobilisées à cet effet. Des vaccins, rappelle-t-on au ministère de la Santé, qui ont subi un contrôle rigoureux au niveau de l'Institut Pasteur. Sachant que chaque lot est à usage unique puisque les seringues importées sont «autobloquantes» c'est-à-dire ne pouvant servir qu'une seule fois. Ce qui ne peut que sécuriser au maximum l'opération. Sont également dotées de lots de vaccination, les infirmeries des établissements scolaires. L'on annonce que 100 % des secteurs sanitaires ont déjà été servis en vaccins depuis une semaine. Cette campagne d'envergure concerne en premier lieu la tranche d'âge des 9 mois à 14 ans. Bien qu'il s'agisse également de protéger toute la population des collèges, lycées et universités qui ont, à un moment ou à un autre, échappé à la couverture vaccinale. D'un diagnostic rendu difficile du fait de sa ressemblance avec la rubéole, la rougeole sévit encore en Algérie : 1000 à 2000 cas de rougeole sont déclarés annuellement. «Ce qui fait de l'Algérie un pays intermédiaire sur le plan de la lutte contre la rougeole», explique le docteur Kellou, épidémiologiste. Ce dernier qui supervise, avec une équipe à partir du ministère de la Santé, l'actuelle campagne d'éradication de la rougeole, ajoute que «l'Algérie, qui n'a connu aucun décès par la rougeole depuis près de cinq ans, demeure néanmoins exposée au risque de glissement épidémiologique comme ce fut le cas, hélas l'année dernière où pas moins de cinq wilayas connurent une flambée épidémiologique dont ont été victimes cinq enfants. L'objectif que nous nous assignons, poursuit-il, est désormais, non plus de lutter contre la mortalité mais d'interrompre la circulation du virus sauvage de la rougeole.» Toujours est-il que 17 wilayas demeurent à moins de 87 % du taux de vaccination requis. Ces dernières constituent ainsi la cible prioritaire du ministère de la Santé. Rappelons que cette campagne de vaccination s'inscrit dans le programme élargi de vaccination (PRV) et n'exclut pas la poursuite de la vaccination de routine. Maladie virale éminemment contagieuse, la rougeole a connu trois phases d'évolution en Algérie. D'abord celle s'étendant de l'indépendance à 1985, une période où la rougeole tua des milliers d'enfants, rivalisant en taux de mortalité avec un deuxième fléau, à l'époque, la diarrhée. Ensuite vint la deuxième période de 1985 à 1997, où après le développement tous azimuts du pays, lequel a réduit quelque peu l'impact des épidémies, notamment suite aux avancées en matière de statut socio-économique des familles, fut instaurée l'obligation de vacciner les enfants dès l'âge de neuf ans ou à la limite six ans. Mais c'est depuis 2001 et pour pallier tout risque que les autorités sanitaires ont traduit sous forme d'instruction, le programme de toute une stratégie nationale d'élimination de la rougeole. Une stratégie inspirée de celle qui a donné des résultats plus que probants dans l'élimination de la poliomyélite, qui, depuis cinq ans, n'a pas enregistré un seul cas.