Sa capture a créé un sentiment de soulagement dans les capitales occidentales. «We got him», (Nous l'avons eu) sous les applaudissements de la salle de presse de la coalition à Bagdad. Le visage de Paul Bremer, chef de l'administration civile américaine à Bagdad, s'est fendu de son plus large sourire, pour annoncer son succès le plus éclatant depuis son arrivée à Bagdad en mai dernier. Pour George W.Bush cette arrestation tombe à point nommé à un an de la présidentielle alors que le dossier irakien apparaissait comme son talon d'Achille. Au moment où les critiques internationales et de l'opposition démocrate américaine s'accumulaient sur la manière dont l'administration Bush a organisé l'après-guerre en Irak après la chute de Saddam Hussein début avril, sa capture va lui permettre de mettre en avant les succès enregistrés. Pour les chancelleries occidentales, «c'est un coup décisif pour le terrorisme en Irak qui devra permettre la reconstruction de ce pays». Pourtant bien avant le déclenchement des hostilités, l'Europe était partagée. A l'Ouest, une majorité des pays riches de l'actuelle UE étaient hostiles à une guerre contre Saddam Hussein et, à l'Est, les pays de l'ancienne Europe communiste étaient acquis aux thèses de George W.Bush. Avec cette capture, le Premier ministre britannique, Tony Blair, vient de remporter une victoire dont il ne mesure pas encore les conséquences du fait qu'il avait été critiqué par des membres de son propre gouvernement. Dans une déclaration télévisée, Tony Blair, qui a accueilli cette nouvelle avec joie, a déclaré: «La cause des partisans de Saddam Hussein était désormais vaine et il fallait mettre le passé derrière.» Le même sentiment est partagé par l'Espagne qui a pris part à la guerre contre l'Irak. Pour la ministre espagnole des Affaires étrangères, Ana Palacio, l'arrestation de Saddam Hussein «est un grand jour pour l'humanité et la liberté du peuple irakien. C'est un triomphe pour nous tous, pour toute l'humanité. Ce sanglant dictateur va disparaître» de la scène politique, a-t-elle déclaré. Tandis que le président du gouvernement espagnol, José-Maria Aznar a déclaré de son côté à Madrid que le moment était venu pour Saddam Hussein de «payer pour ses crimes». Un avis partagé par le ministre roumain de la Défense, Mircea Ioan Pascu, dont le pays avait soutenu l'intervention de la coalition américano-britannique contre l'Irak, «c'est une victoire de la coalition» qui «pourrait changer la situation politique internationale». Dans le même sillage le secrétaire général de l'Otan, George Robertson, estime «elle va aider l'Irak à retrouver la stabilité, à bâtir la démocratie et à achever la reconstruction du pays. Nous espérons que cela va diminuer les actes terroristes contre les forces de la coalition et la population irakienne elle-même, comme nous l'avons encore vu hier matin avec l'attaque contre la police.» Tandis que le président israélien Moshé Katzav soutient : «C'est une preuve que la communauté internationale ne tolérera pas qu'un Etat totalitaire soutienne le terrorisme international.» Si ce sentiment de soulagement est justifié du fait que ces parties ont pris part à la guerre d'une façon ou d'une autre, il n'en est pas de même pour les autres. En effet, ce sont les anti-guerre d'hier qui se sont réjouis de cette capture les premiers dans l'espoir que les Américains changent leur avis quant à la distribution des contrats de reconstruction de l'Irak. C'est ainsi que «Jacques Chirac se réjouit de l'arrestation de Saddam Hussein. C'est un événement majeur qui devrait fortement contribuer à la démocratisation et à la stabilisation de l'Irak», a dit Mme Colonna, porte-parole de l'Elysée. Tandis que le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a estimé que «la page de la dictature irakienne» était «tournée». Alors que le chancelier allemand Gerhard Schröder, qui s'était opposé à la guerre américaine en Irak, a félicité le président américain George W.Bush pour ce succès.