Le président américain George W. Bush a effectué jeudi soir à Bagdad une visite surprise d'environ deux heures à l'occasion de la fête de Thanksgiving, une opération spectaculaire et théâtrale qui avait été entourée du plus grand secret. “Je cherchais un plat chaud quelque part, merci de m'avoir invité à dîner”, a lancé le président américain, longuement ovationné par 600 soldats de la 1re division blindée réunis dans une grande salle à l'aéroport de Bagdad et qui étaient visiblement énormément surpris par sa présence. L'annonce de sa visite n'a été rendue publique qu'au moment où son avion, Air Force One, avait déjà quitté la capitale irakienne, pour revenir aux Etats-Unis. Son avion a décollé de l'aéroport de Bagdad, là même où un avion civil avait dû atterrir d'urgence la semaine dernière après avoir été touché par un missile après son décollage. Le président américain a dîné en compagnie des principaux responsables civils et militaires américains en Irak, dont le chef de l'administration civile provisoire, Paul Bremer, ainsi que le commandant des troupes américaines, le général Ricardo Sanchez. Habillé d'une veste grise d'aviateur et d'une chemise bleu électrique, le président américain s'est longuement adressé aux soldats pour les remercier. “Merci pour le courage et le sacrifice de ceux qui nous défendent, les hommes et les femmes des forces américaines”, a-t-il dit, les yeux humides. “Je vous apporte un message de la part des Etats-Unis: merci pour vos services. L'Amérique est derrière vous”, a-t-il dit à l'adresse des soldats qui étaient assis autour de tables recouvertes de nappes blanches. “Vous défendez le peuple américain contre le danger et nous en sommes reconnaissants”, a-t-il poursuivi, son discours étant ponctué de cris enthousiastes des soldats. “L'armée américaine fait un travail formidable. Vous êtes en train de vaincre les terroristes.” “Vous êtes en train de vaincre les terroristes de Saddam”, a-t-il ajouté d'une voie forte. Le président américain a voulu convaincre de la volonté des Etats-Unis de venir à bout des auteurs des attaques incessantes menées par les forces hostiles à la coalition en Irak. “Nous n'avons pas parcouru des centaines de kilomètres jusqu'au cœur de l'Irak et payé le prix fort des pertes essuyées, nous n'avons pas défait un dictateur brutal et libéré 25 millions de gens pour ensuite nous retirer devant une bande de voyous et d'assassins”, a-t-il lancé. “Ceux qui attaquent les forces de la coalition et tuent des Irakiens innocents nous défient”, a poursuivi le président américain. “Nous vaincrons. Nous gagnerons car notre cause est juste.” Le président américain a encore ajouté un appel destiné aux Irakiens. “J'ai un message pour le peuple irakien. Vous avez l'occasion de reconstruire votre pays. Saisissez ce moment. Le régime de Saddam Hussein est parti à jamais”, s'est-il exclamé. À la fin de son discours, il a salué la foule, fait un salut militaire, puis serré la main de plusieurs personnes en civil au premier rang, dont une femme voilée qu'il a embrassée sur les deux joues. Il s'est ensuite mêlé à la foule des soldats et a fait la queue avec eux pour se servir au buffet et partager le repas. Selon les télévisions américaines, la visite aurait été annulée si elle avait été annoncée à l'avance. L'avion présidentiel avait atterri à Bagdad tous feux éteints à 17h31 locales (14h31 gmt). Les troupes de la 1re division blindée et de la 82e division aéroportée, qui protègent l'aéroport n'en ont pas cru leurs yeux et leurs oreilles quand le président américain est apparu. Les soldats réunis à l'aéroport croyaient qu'ils allaient fêter Thanksgiving avec Paul Bremer et le général Sanchez. Paul Bremer a d'abord dit qu'il avait un message pour les soldats, mais qu'il voulait une personnalité plus importante pour le dire. George W. Bush est alors apparu. La Maison-Blanche avait dit que le président américain devait passer le week-end avec sa famille dans son ranch de Crawford, au Texas, et avait même publié le menu du dîner de Thanksgiving. Selon la chaîne de télévision CNN, le père de George Bush n'avait pas été informé du voyage en Irak et sa femme n'a été mise au courant qu'à la dernière minute. - Un ancien garde du corps de Saddam Hussein capturé par les forces américaines Un ancien garde du corps du président irakien déchu, Saddam Hussein, a été arrêté lors d'un raid américain au nord de la ville rebelle de Ramadi, à l'ouest de Bagdad, a annoncé jeudi l'armée. Les soldats “ont effectué une perquisition (mercredi) dans une maison au nord de Ramadi, suspectée d'être un centre des insurgés”, précise le communiqué de l'armée. “À environ 3h (00h00 GMT), l'unité a établi un cordon de sécurité et a pénétré dans la maison, capturant quatre Irakiens, dont un général, Khalid Arak Hatimy, ancien garde du corps de Saddam Hussein”, précise le texte du commandement central (Centcom) américain. La veille à Samarra (Nord), une des femmes du numéro deux de l'ancien régime, Ezzat Ibrahim Al-Douri, et sa fille avaient été capturées par les forces américaines. L'épouse du dictateur a quitté la Syrie pour le Yémen La femme de Saddam Hussein et sa plus jeune fille vivent désormais au Yémen, après avoir quitté la Syrie, rapporte jeudi le journal koweïtien Al-Raï Al-Aam. La femme du raïs déchu, Sajida Kheirallah Telfah, de son nom de jeune fille, et sa fille Hala sont en ce moment à Sanaâ, où les autorités yéménites leur ont fourni un logement, écrit le journal, qui cite des “sources arabes”. Avec elles se trouvent également deux enfants que la femme de Saddam Hussein a adoptés avant la chute du régime de son mari, en avril. Selon les sources citées par le journal, la femme de l'ancien dirigeant irakien a choisi de ne pas suivre ses deux filles aînées, Raghad et Rana, qui ont obtenu l'asile politique en Jordanie fin juillet, après s'être réfugiées en Syrie avec leur mère et leur sœur, à la suite du déclenchement de la guerre d'Irak en mars. Sajida Kheirallah Telfah a épousé Saddam Hussein, son cousin, il y 40 ans en Egypte. Celui qui devait devenir plus tard le maître de l'Irak était alors en fuite après avoir tenté d'assassiner le Premier ministre de l'époque, Abdel Karim Kassem.