Une vidéo diffusée jeudi par des militants montre des rebelles frappant une dizaine de soldats blessés, avant de les aligner sur le sol et de les achever en les traitant de «chiens de chabbihas d'Assad». L'exécution de soldats de l'armée syrienne par des rebelles, diffusée sur une vidéo par des militants, est «très vraisemblablement un crime de guerre», a déploré hier le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme. Une vidéo diffusée jeudi par des militants montre des rebelles frappant une dizaine de soldats blessés, avant de les aligner sur le sol et de les achever en les traitant de «chiens de chabbihas d'Assad», nom donné aux miliciens pro-régime. «Nous venons juste de voir la vidéo. Il est difficile de vérifier qui est impliqué», a déclaré aux médias un porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville. Il a précisé que l'agence onusienne allait «examiner attentivement» les images. Selon un premier visionnage, «les soldats (tués, ndlr) n'étaient plus en train de combattre, et par conséquent, à ce stade, cela ressemble très vraisemblablement à un crime de guerre, un de plus», a expliqué M.Colville. En juillet 2012, le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr), dans son rôle de gardiens des Conventions de Genève qui définissent des règles de protection des personnes en cas de conflit armé, a qualifié la situation de guerre civile en Syrie. En conséquence, les règles des Conventions de Genève peuvent être appliquées. Concrètement, cela signifie que l'exécution sommaire d'un soldat - c'est-à-dire un soldat qui se fait tuer en dehors des combats sans pouvoir se défendre - est considéré comme un crime de guerre. «Une fois de plus nous appelons toutes les parties à respecter la législation humanitaire internationale», a dit M.Colville, soulignant par ailleurs que tant les factions de l'opposition que les forces du gouvernement et les auxiliaires comme les Chabbiha, sont impliquées dans des exécutions sommaires. Le porte-parole a, par ailleurs souligné que les parties ne doivent pas se faire d' «illusion» quant au fait que les responsables des violations des droits de l'Homme seront jugés. Il a aussi dit que s'il était démontré que la vidéo est vraie, alors elle pourrait servir de «preuve» en cas de procès. Jusqu'à présent, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a mis sur pied en août 2011 une commission d'enquête, que vient de rejoindre la magistrate suisse Carla del Ponte, pour enquêter sur les violations en Syrie. Toutefois, elle n'a jamais reçu le feu vert de Damas pour se rendre sur place. Cette instance a déjà recueilli un millier de témoignages dans les pays voisins de la Syrie, rassemblant ainsi des preuves sur des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis par les forces gouvernementales et les milices pro-régime. Elle a également relevé des crimes de guerre commis par l'opposition armée, mais à une échelle beaucoup plus limitée.