«Un pays qui respecte la liberté d'expression ne devrait pas confisquer de carte de presse parce que la monarchie a été mentionnée dans le «mauvais» contexte, ni fermer certains bureaux de médias d'information parce qu'il n'apprécie pas leur couverture» Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch Selon une certaine presse marocaine hier, le bureau d'Al Jazeera au Maroc sera réouvert prochainement. D'après ces sources médiatiques marocaines, le directeur de la chaîne qatarie, le Cheikh Ahmed bin Jassem bin Mohamed Al Thani, aurait adressé un courrier au ministre de la Communication Mustapha El Khalfi, dans lequel il adressait une demande de réouverture du bureau de Rabat. Pour le cheikh Al Thani, le Maroc est riche d'une diversité politique, culturelle et sociale inédite dans le Monde arabe, dont la chaîne a besoin d'en refléter l'éclat vers son public. Selon les sources marocaines, le Cheikh Al Thani se serait engagé à respecter les conditions de travail au Maroc, notamment en adoptant une attitude neutre dans la couverture du conflit du Sahara occidental. La chaîne qatarie entend ainsi profiter de la dynamique créée par la visite du roi Mohammed VI au Qatar, privilégiant les relations économiques développées, pouvant avantager les relations politiques entre Rabat et Doha, dans un cercle positif obligé. La chaîne qatarie d'information continue, profiterait selon ces sources, du réchauffement des relations entre Rabat et Doha à la faveur du partenariat stratégique pour se réinvestir au Maroc. Mais la raison essentielle c'est l'arrivée au pouvoir du mouvement islamiste PJD de Benkirane, qui a été, il faut le dire, «monté en puissance» grâce à une médiatisation agressive d'Al Jazeera. Le rapprochement est donc plus entre deux tendances politiques proches des islamistes qu'entre deux gouvernements progressistes et libéraux. Le 29 octobre 2010, les autorités marocaines avaient ordonné la fermeture du bureau d'Al Jazeera à Rabat après avoir retiré l'accréditation de huit de ses correspondants basés au Maroc au cours des deux années précédentes. La chaîne avait, selon un communiqué officiel, «déformé gravement l'image du Maroc et nui manifestement à ses intérêts, plus particulièrement à son intégrité territoriale», apparemment une allusion au Sahara occidental. En janvier, Khalfi, le nouveau ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement issu du Parti de la Justice et du Développement a déclaré le 4 avril 2012 à Human Rights Watch suite à sa prise de fonctions après sa victoire aux élections législatives, qu'il espérait résoudre le problème d'Al Jazeera pour qu'elle puisse à nouveau travailler au Maroc. Al Jazeera a confirmé qu'elle avait eu des discussions à ce sujet avec les autorités marocaines. Pourtant, six mois après, le bureau de la chaîne à Rabat est toujours fermé et Al Jazeera est obligée de préparer ses bulletins sur le Maroc depuis son siège à Doha, au Qatar. [email protected]