Les autorités bahreïnies ont déchu de leur nationalité 31 activistes chiites, dont deux anciens députés, pour «atteinte à la sûreté de l'Etat», a rapporté hier l'agence de presse officielle BNA. Cette décision a été annoncée dans un communiqué du ministère de l'Intérieur, qui énumère les noms de 31 Bahreïnis déchus de leur nationalité, y compris les frères Jawad et Jalal Fairouz, deux ex-députés du principal groupe de l'opposition chiite Al-Wefaq. Les personnes concernées peuvent faire appel de cette mesure devant la justice, ajoute le communiqué sans plus de détails. Parmi les personnes touchées par cette mesure figure aussi Ali Mashaima, fils de Hassan Mashaima, chef du mouvement chiite radical Haq, qui purge une peine de prison à vie pour complot contre la monarchie. Certains «vivent à l'étranger», selon des sources proches de l'opposition. «La plupart» des Bahreïnis déchus de leur nationalité «avaient été acquittés par un tribunal d'exception», mis en place l'an dernier pour juger les suspects d'atteinte à la sûreté de l'Etat lors de la contestation anti-gouvernementale, a indiqué l'ex-député chiite Matar Matar, invitant dans un bref communiqué la communauté internationale à réagir à cette mesure. Le ministère de l'Intérieur précise que sa décision avait été prise pour «préserver la sécurité nationale» et dans le respect «de la Charte internationale des droits de l'Homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques», selon BNA. Elle est intervenue deux jours après l'annonce par les autorités de cinq attentats à la bombe ayant tué lundi à Manama deux ressortissants asiatiques et blessé un troisième, sans identifier leurs auteurs. Quatre suspects ont été ensuite arrêtés. Ces attentats ont été vivement condamnés notamment par la Grande-Bretagne, l'ONU et des monarchies du Golfe. Pour sa part, le Wefaq a souligné dans un communiqué «son refus de la violence» et «condamné ces incidents s'ils ont eu lieu effectivement, quelle que soit la partie qui se tient derrière eux». Dans leur bras de fer avec l'opposition, les autorités bahreïnies ont décidé fin octobre d'interdire les manifestations de rue à la suite d'une série de rassemblements de protestation, parfois émaillées de violences, contre le pouvoir. Bahreïn est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation, animé par des chiites qui réclament une monarchie constitutionnelle avec un Premier ministre issu de la majorité parlementaire, dans ce petit royaume du Golfe à majorité chiite dirigé par une dynastie sunnite. Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), 80 personnes ont trouvé la mort depuis le début de la révolte. Le ministère bahreïni de l'Intérieur affirme pour sa part que 700 personnes avaient été blessées, parmi lesquelles des officiers de police.