«Le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla) soutient toutes les voies de dialogue pour dénouer le conflit au nord du Mali et s'opposera, par conséquent, aux adeptes d'une intervention militaire», a précisé Mossa Ag Attaher, coordinateur de l'action diplomatique du Mnla dans cette interview, ajoutant que «l'Algérie est incontournable dans la gestion de notre conflit». Et de poursuivre: «Le Mnla est d'accord pour l'approche algérienne et de la Cédéao oeuvrant pour une solution politique négociée pour une sortie de crise au Mali». Néanmoins, Mossa Ag Attaher demande à ce que toutes les parties impliquées dans le conflit, y compris le Mnla, doivent être impliquées et associées au dialogue. En outre, il a fait savoir que la France doit renoncer à ses thèses guerrières pour une sortie de crise au Mali et soutenir au contraire le dialogue pour une solution politique à la crise. S'agissant des négociations en cours à Ouagadougou et Alger avec des représentants du groupe islamiste armé qui occupe le nord du Mali, Ansar Eddine, Mossa Ag Attaher a souligné qu'il s'agit-là d'une initiative que le Mnla soutient. L'Expression: Ansar Eddine a décidé d'entamer des négociations pour la paix à Alger et Ouagadougou, au moment où se prépare l'envoi d'une force armée internationale au Mali. Qu'en est-il de la position du Mnla? Mossa Ag Attaher: Nous soutenons et encourageons l'initiative d'Alger et des pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ayant reçu les représentants d'Ansar Eddine pour débattre d'une solution politique à la crise au nord du Mali. Mais aussi et surtout, nous soutenons les préalables posés par Alger et la Cédéao à Ansar Eddine en lui exigeant de couper avec les groupes terroristes et déposer les armes pour aller vers des négociations permettant de rétablir la paix et asseoir une solution politique négociée par toutes les parties impliquées dans la crise. Il faut dire également qu'il n'y a pas de négociation possible avec les terroristes. Par ailleurs, nous demandons à ce que le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (Mnla) soit associé aux négociations en cours. Car, aucune solution définitive ne peut être trouvée à la crise en mettant à l'écart et en marge des négociations le Mnla. Nous avons même saisi le Secrétaire général de l'ONU, Ban ki-moon pour lui faire savoir que le Mnla est partie prenante des éventuelles négociations pour le règlement de la crise dans l'Azawad. Nous souhaitons établir de bonnes relations avec l'Algérie, pays incontournable dans la gestion de notre conflit avec le Mali. Nous aimerions qu'elle use de toute son influence pour trouver une solution dans la région et regrouper toutes les parties concernées. L'approche algérienne pour une sortie de crise au Mali exclut une intervention militaire au Nord et préconise que les forces politiques locales soient les premiers acteurs dans la recherche de solution. Vous êtes donc d'accord avec cette démarche? En effet, nous avons toujours soutenu l'approche algérienne et nous savons toujours qu'Alger peut apporter des solutions et réunir autour de la table de négociation toutes les parties impliquées dans la crise, contrairement aux thèses françaises optant pour une solution militaire interventionniste. Le Mnla est catégoriquement contre une intervention militaire au nord du Mali (Azawad). C'est une position intransigeante. D'ailleurs, nous demandons à la France de renoncer à son attitude va-t-en en guerre au nord du Mali. Au Mnla nous soutenons une solution politique négociée, qui prendra en considération les revendications du peuple de l'Azawad. Et puis, il faut dire incontestablement qu'une intervention militaire au nord du Mali provoquera un chaos. Aussi, faut-il le noter, une intervention dans l'Azawad ajoutera de l'huile sur le feu au Sahel et embrasera toute la région. D'ailleurs, le Mnla a fait connaître sa position à la communauté internationale, en réaffirmant qu'il s'opposera à une intervention militaire au nord du Mali. Le Mnla soutient l'initiative des pays de la Cédéao et de l'Algérie dans la mesure où elle conforte le dialogue entre les diverses parties. Le Mnla entretient-il des contacts avec l'Algérie? Le combat du Mnla s'inscrit dans une dynamique globale. Ses revendications sont claires, précises, assumées et négociables. Cela dit, le Mnla entretient des relations qui ne sont pas nécessairement exclusives avec un quelconque pays, mais il est présent sur la scène internationale et diplomatique. Toutefois, il faut dire qu'avec l'Algérie, le Mnla entretient souvent des relations, car il s'agit d'un pays qui s'est toujours impliqué dans les crises précédentes et a apporté son aide. Le Mnla a-t-il renoncé à sa revendication indépendantiste? Le Mnla n'a pas dit qu'il ne veut pas l'indépendance de l'Azawad. Mais, tout ce qui a trait à l'indépendance de l'Azawad (nord du Mali) sera discuté autour d'une table de négociations. C'est à partir de ce moment-là que le Mnla tranchera sur cette question, tout en prenant compte de la défense et du bien-être des Touareg.