Une vue de la réunion qui s'est tenue hier au Nigéria Le premier pas vers une intervention étrangère au Mali a été franchi hier avec l'appel des pays ouest-africains. Le Sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement ouest-africains ouvrant la voie à une intervention armée au Mali a eu lieu hier à Abuja avec la participation de l'Algérie, représentée par le ministre délégué des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. D'emblée, le président nigérian a opté pour cette voie «pour éviter des conséquences dommageables à l'Afrique». Il ignore ainsi l'appui au processus du dialogue défendu par l'Algérie au même titre que le Mnla et Ansar Eddine. Même le conseiller à la présidence de la République, Kamel Rezzag Bara affirmait samedi, que l'intervention militaire était inutile dans la conjoncture actuelle. Ce qui n'empêche pas le Nigeria d'approuver les recommandations des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de déployer une force armée dans le nord du Mali. La Cédéao soutient, par le biais de son président Alassane Ouattara, une intensification des efforts pour parvenir à une intervention militaire. Pendant ce temps, le président François Hollande a réaffirmé que la France n'interviendrait pas directement au Mali, mais aurait le devoir d'être aux côtés des Africains s'ils décidaient d'une opération militaire pour chasser les groupes islamistes armés du nord du pays. Aux Etats-Unis, on se félicite de l'annonce d'Ansar Eddine qui s'engage dans un processus de dialogue avec le gouvernement malien de transition. La porte-parole du département d'Etat américain, victoria Nuland, a rappelé que son pays avait été en faveur d'un tel processus, tout en précisant qu'Ansar Eddine a participé et participe toujours au processus soutenu avec le gouvernement algérien. Les responsables des quinze pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest ainsi que d'autres pays africains doivent approuver un projet qui sera transmis au Conseil de sécurité de l'ONU, via l'Union africaine, avant la fin novembre pour autoriser une intervention. En attendant, le verdict du Conseil de sécurité de l'ONU le 26 du mois courant, on sait que 15 pays envisagent le déploiement de 5500 soldats au lieu de 3200 initialement prévus. A ce propos, les ministres français et allemand des Affaires étrangères, Laurent Fabius et Guido Westerwelle, ont appelé l'Union européenne à soutenir le déploiement et l'engagement d'une force internationale au Mali. Les Européens soutiennent les initiatives régionales africaines, mais ont jusqu'à présent affirmé qu'ils n'enverraient pas de troupes destinées à combattre sur le sol malien, que l'option militaire ne devait être envisagée qu'en dernier ressort, mais qu'ils étaient prêts à un soutien logistique et d'encadrement. Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de cinq pays européens (France, Allemagne, Italie, Pologne et Espagne) doivent se réunir jeudi prochain à Paris pour discuter de la mise sur pied d'une mission européenne d'entraînement, qui compterait au moins 200 soldats. Vendredi, les ministres ouest-africains avaient souligné que le dialogue restait l'option favorite dans la résolution de la crise malienne, mais que les discussions ne seraient pas sans fin. «Il faut maintenir la pression au maximum avec une montée en puissance du plan d'intervention militaire. Tout le monde souhaite que l'intervention ne vise que les terroristes», a déclaré, avant le sommet, le représentant spécial de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinit. Le Mali est plongé dans le chaos depuis le coup d'Etat militaire qui a renversé en mars 2012 le président Amadou Toumani Touré. Profitant de l'anarchie, des rebelles touareg ont pris le contrôle du Nord désertique. Al Qaîda au Maghreb islamique, Ansar Eddine et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest y ont vu une opportunité pour imposer la charia islamique.