Les dirigeants de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) tiendront dimanche à Abuja un sommet "décisif" à l'effet de trancher la question de l'intervention militaire au Nord Mali dominé par des groupes armés depuis plusieurs mois. Le ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, représentera le président de la République, Abdelaziz Bouteflika aux travaux du sommet. Il est porteur de messages écrits du Président Bouteflika au Président de Côte d'Ivoire et Président en exercice de la Cedeao, Alassane Ouattara et au président du Nigeria Goodluck Jonathan au sujet de la crise au Mali. La tenue de ce sommet coïncide avec la déclaration du mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) qui soutient la voie du dialogue pour une solution politique à la crise qui sévit au Mali et met en garde contre toute intervention militaire au Nord Mali qui "pourrait embraser la région tout entière". Le coordinateur de l'action diplomatique du MNLA, Mossa Ag Attaher, a indiqué dans un entretien au quotidien l'Expression paru samedi que le MNLA était d'accord avec l'approche algérienne et celle de la Cedeao en faveur d'une solution politique négociée pour une sortie de crise au Mali, précisant que son mouvement avait saisi le Secrétaire général de l'ONU, Ban ki-Moon pour l'informer qu'il était "partie prenante" dans d'éventuelles négociations sur le "règlement de la crise dans l'Azawad". Abondant dans le même sens, le mouvement "Ansar Eddine", un des groupes du Nord Mali a affirmé son soutien au dialogue et sa participation aux négociations pour la paix au Nord Mali, annonçant son rejet de "toute forme d'extrémisme et de terrorisme" et soutenant la lutte contre le crime transfrontalier. Le mouvement a appelé les autorités transitoires maliennes et les autres groupes armés à adhérer sans retard à "un dialogue politique global", s'engageant à cesser les actions militaires et appelant tous les mouvements armés à "faire de même". Le sommet de Abuja devra se prononcer sur un plan en discussion à huis clos à Abuja depuis hier par les ministres des affaires étrangères et de la défense du regroupement régional. Ce plan sera transmis avant le 15 novembre en cours, via l'Union africaine, au Conseil de sécurité qui avait donné 45 jours à la Cedeao pour préciser ses plans de reconquête du nord du Mali. Le plan soumis à examen "établi que l'armée malienne effectue des opérations militaires sur le terrain et que la participation étrangère se limitera au soutien aérien et logistique", selon des sources militaires maliennes. Le plan définira également la composition de la force ainsi que le niveau de participation des pays de la CEDEAO, le financement et les moyens militaires devant être mobilisés. Les ministres des AE et de la Défense des pays membres de la CEDEAO tenteront, lors de la réunion à huis clos qui se tient depuis vendredi, de mettre les dernières retouches au plan où à ce qu'ils appellent "approche" élaborée par les Chefs d'Etat-major des pays de la CEDEAO lors de leur dernière réunion de Bamako. Les Chefs d'Etat-major avaient proposé de revoir à la hausse le nombre de soldats devant être déployés, soit 5.500 soldats au lieu des 3.200 préconisés lors de la première réunion régionale. Le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo, a qualifié la réunion d'Abuja de "déterminante" ajoutant que la CEDEAO "continue d'adopter une double approche pour le règlement de la crise basée, d'une part, sur la poursuite du dialogue politique et l'exercice d'une pression militaire sur les groupes armés, d'autre part". De son coté, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan a affirmé que "le Conseil de médiation et de sécurité de la CEDEAO a invité Bamako à mettre en place une commission de négociations en vue de faciliter le dialogue". Le ministre nigérien des AE, Noureddine Mohamed a, pour sa part, estimé que "si la situation sécuritaire n'est pas maîtrisée au Mali, le continent africain et toutes les autres régions seraient confrontés à un véritable danger". L'envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahel, M. Romano Prodi avait déclaré, jeudi lors de sa réunion avec le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, que s'il devait y avoir une intervention militaire, elle interviendrait en dernier ressort. "Tous les efforts seront déployés pour instaurer la paix dans le nord du Mali et éviter une intervention militaire dont les conséquences pourraient être désastreuses sur toute la région du Sahel", avait déclaré M. Prodi soulignant la nécessité de travailler pour la paix et pour l'unité territoriale du Mali.