Les ministres des 15 pays membres de la Cédéao doivent valider un plan élaboré par leurs chefs d'états-majors, qui sera ensuite soumis aux dirigeants ouest-africains lors d'un Sommet qui se tiendra demain dans la capitale nigériane. Les choses s'accélèrent au Mali avec la réunion hier à Abuja des ministres ouest-africains de la Défense et des Affaires étrangères, qui doit finaliser et adopter les modalités concrètes d'une intervention armée dans le nord du Mali. C'est ainsi que les ministres des 15 pays membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) devaient approuver un plan élaboré par leurs chefs d'états-majors lequel sera ensuite soumis aux dirigeants ouest-africains au cours d'un Sommet qui se tiendra demain également dans la capitale nigériane. Une fois adopté, le plan d'intervention sera transmis aux Nations unies via le Conseil de sécurité de l'Union africaine (Cpos-UA), selon le président de la Commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouedraogo. «Le besoin urgent de stopper les pratiques mafieuses et criminelles des groupes terroristes et les atrocités commises dans l'impunité par les extrémistes justifie une forte mobilisation aux côtés du Mali», a déclaré M.Ouedraogo en ouverture d'une réunion qu'il a qualifiée de «tournant décisif» dans la recherche d'une sortie à la crise malienne. Le secrétaire d'Etat nigérian aux Affaires étrangères, Nurudeen Mohammed, a estimé, de son côté, que si l'insécurité dans la région du Sahel n'est pas contenue, elle représentera potentiellement «un danger énorme pour le continent africain et pour le reste du monde». Le 12 octobre, le Conseil de sécurité des Nation unies avait donné 45 jours à la Cédéao pour préciser ses plans de reconquête du nord du Mali, contrôlé totalement depuis fin juin par Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Eddine et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). La réunion ministérielle d'hier, qui sera suivie du Sommet extraordinaire des chefs d'Etat demain, marque une accélération dans les préparatifs d'une intervention militaire. Le plan adopté à l'issue du Sommet précisera la composition de la force soutenue sur le plan logistique par des pays occidentaux, le niveau de participation des pays de la Cédéao, le financement et les moyens militaires dont elle devra disposer, selon des sources proches de la réunion d'Abuja. M.Ouedraogo a rappelé que la Cédéao devrait continuer à avoir une double approche dans la résolution de cette crise, avec, d'un côté, la poursuite des tentatives de «dialogue politique» avec les rebelles et de l'autre une «pression militaire». Cette «double approche» a été abordée jeudi à Ouagadougou par le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao, qui a rencontré le général guinéen Sékouba Konaté, chargé par l'Union africaine de préparer une intervention militaire au Mali. Ansar Eddine, un des trois groupes armés islamistes qui occupent le nord du Mali, a accepté de discuter avec Blaise Compaoré et s'est dit prêt au «dialogue» avec Bamako. L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahel, Romano Prodi, a déclaré, jeudi, après un entretien avec le président Abdelaziz Bouteflika, qu'une intervention militaire au Mali n'interviendrait qu'en «dernier ressort». L'Algérie, qui pourrait jouer un rôle clé dans le cas d'une opération armée, notamment grâce à l'importance de ses moyens militaires et la compétence de ses services secrets, a exprimé jusqu'à présent sa préférence pour une sortie de crise par le dialogue. Le pays a une frontière commune de 1400 km avec le Mali. Selon le ministère français de la Défense, une mission européenne d'entraînement des forces africaines au Mali, qui pourrait mobiliser 200 militaires, sera discutée par les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de cinq pays européens réunis le 15 novembre à Paris.