«Rémy Pflimlin est un président en sursis, dont le péché originel est d'avoir été nommé par Nicolas Sarkozy.» Par Xavier Ternisien dans Le Monde Contrairement aux personnalités politiques, la visite du P-DG de France Télévisions, Rémy Pflimlin, est passée sous silence ou presque. Le ballet de va et vient des responsables français, ne passe pas inaperçu et parfois même ils font la Une de la presse algérienne avant même de mettre le pied sur le tapis rouge de l'aéroport Houari Boumediene (ex-Maison Blanche pour les Français). Et pourtant, cette visite est hautement politique, comme ce fut le cas pour la visite de la ministre déléguée, chargée de la Francophonie, Yamina Benguigui, qui a profité d'une avant-première d'un film français pour se faire dérouler le tapis rouge de la République algérienne. Et pourtant, Pflimlin, n'est pas venu avec son équipe de télévision pour immortaliser son passage, comme ce fut le cas pour Mme Benguigui, qui avait convoqué toutes les télés françaises. Pflimlin est venu hier, seul, avec son secrétaire général, Yves Rolland, qui est, depuis avril 2012, le président du Cmca (Centre méditerranéen de la communication audiovisuelle), partenaire de toujours de la Télévision algérienne. Les deux hommes vont relancer un partenariat avec la Télévision algérienne, considérée comme le média le plus lourd politiquement en Algérie. Cette visite de coopération intervient entre deux dates très importantes pour l'Algérie: le recouvrement de la souveraineté de la Télévision algérienne et surtout à quelques semaines de la visite, hautement politique, du président français Hollande. Alors se pose la question pourquoi le P-DG de France Télévisions n'est pas venu dans les bagages du président français, ça aurait été plus logique. Mais pour les responsables français, c'est politiquement incorrect. Comme l'a signalé Le Monde dans un article du 26 septembre, le président de France Télévisions se trouve aujourd'hui dans une position indélicate. Nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy, il devrait, en principe, rester à la tête du groupe jusqu'en 2015. Mais des voix s'élèvent dans le gouvernement socialiste pour mettre un terme à son mandat. La ministre de la Culture et Mme audiovisuel dans le gouvernement Hollande: Aurélie Filippetti ne cache pas son souhait de voir les P-DG de l'audiovisuel public repasser dès 2013 devant le nouveau CSA, issu de la future loi. En effet, comme la droite, les socialistes veulent avoir un homme proche de Hollande pour diriger la puissante télévision publique française. Et pourtant, Rémy Pflimlin est un homme de valeur et surtout un commis de l'Etat, qui mettra en exécution les directives du gouvernement, quelle que soit sa couleur. Comme pour la venue de Hollande, la visite de Pflimlin va effacer toutes les maladresses audiovisuelles de France Télévisions envers l'Algérie: les dérives de Pujadas, lors de la soirée thématique sur la Guerre d'Algérie, les commentaires désobligeants du journaliste de France 3, Bernard Fort, après la victoire de Tewfik Makhloufi au 1 500 mètres des JO de Londres ou encore les documentaires sur les harkis et sur la guerre MNA-FLN programmés lors de l'année 2012, à l'occasion de la célébration par les Français du 50e anniversaire de la fin de la Guerre d'Algérie. Espérons que l'étape algérienne sauvera la tête de Rémy Pflimlin, et le maintiendra à la télévision publique jusqu'à 2015. [email protected]