Rebondissement dans l'affaire Petraeus après le gel, par le président Barack Obama, de la nomination du général Allen au commandement de l'Otan. Le scandale à l'origine de la démission du chef de la CIA David Petraeus a connu hier un nouveau rebondissement avec la révélation d'une possible implication du commandant des forces de l'Otan en Afghanistan pour avoir échangé des courriels «inappropriés» avec l'une des femmes liée à l'affaire. De fait, le président Obama a suspendu la nomination du général John Allen, commandant des forces alliées en Afghanistan, à la tête de l'Otan, a indiqué hier la Maison Blanche, après la découverte par le FBI d'une correspondance «inappropriée» entre lui et une amie du chef démissionnaire de la CIA David Petraeus. Le général «continue de diriger» néanmoins les forces alliées en Afghanistan, a précisé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain (NSC), Tommy Vietor. «A la demande du département de la Défense», M.Obama «a suspendu la nomination du général Allen au poste de commandant suprême des forces de l'Otan dans l'attente de l'enquête sur le comportement de M.Allen lancée par le département de la Défense», a rapporté M.Vietor. Un responsable du Pentagone a confié hier à des journalistes que le FBI avait découvert 20.000 à 30.000 pages de correspondance entre le général John Allen et Mme Jill Kelley, une amie du couple Petraeus et proche des militaires. Le responsable a refusé de préciser si le général Allen était accusé d'utiliser son courrier électronique de travail pour communiquer avec Mme Kelley ou s'il avait révélé des informations confidentielles. L'Otan a indiqué pour sa part hier avoir pris connaissance de l'enquête. Cela constitue un nouveau coup de théâtre dans un scandale dont l'échelle s'élargit depuis sa révélation, quelques jours seulement après la réélection du président Barack Obama. Kelley, 37 ans, résidant à Tampa (Floride, sud-est), avait informé le FBI qu'elle avait reçu des courriels de menaces. Une enquête a révélé que ces messages étaient envoyés par Paula Broadwell, la biographe et maîtresse de Petraeus. Le FBI est ensuite tombé sur les courriels entre Paula Broadwell et le directeur de la CIA qui ont fait éclater le scandale. Plusieurs médias américains ont indiqué lundi que le FBI a perquisitionné la maison de Mme Broadwell à Charlotte (Caroline du Nord). Des élus du Congrès veulent comprendre pourquoi ils n'ont pas été informés plus tôt, étant donné les atteintes possibles à la sécurité nationale. Le CIA et la Maison Blanche ont en effet mis quatre mois à les informer. Volonté d'en tirer un bénéfice politique ou crainte d'un complot, certains élus républicains s'interrogent sur la concomitance de cette démission avec le début des auditions à huis clos prévues mardi devant le Congrès sur l'attaque contre le consulat américain le 11 septembre à Benghazi (Libye). L'affaire est source de polémique depuis deux mois et se focalise dorénavant sur la réaction de la CIA face à cette attaque. David Petraeus devait témoigner, ce sera finalement le directeur adjoint de l'agence, Michael Morell, qui ira à sa place. Insuffisant, selon certains. Les propos équivoqués tenus à Denver fin octobre par Paula Broadwell, risquent de relancer les interrogations sur ce que savait le directeur de la CIA, et ce qu'il a pu dire à Mme Broadwell. «Nous aurions dû être informés, il s'agit de quelque chose qui aurait pu avoir un effet sur la sécurité nationale», a regretté la présidente de la puissante commission du Renseignement du Sénat, Dianne Feinstein, qui dit avoir découvert l'affaire le jour où elle a été rendue publique. L'élue démocrate a promis d'enquêter sur l'action du FBI dans ce dossier.