Le parti compte redorer son blason et défricher le chemin pour son secrétaire général vers le palais d'El Mouradia en 2009. Qui veut aller loin, ménage sa monture. Voilà un proverbe qui inspire bien Ahmed Ouyahia même si à propos de la présidentielle de 2009, il s'en remet subtilement à Dieu. «Personne d'entre nous n'est sûr de vivre jusqu'à cette date», a-t-il répondu, à la question d'un confrère qui voulait savoir s'il se projette déjà vers le rendez-vous électoral de 2009, lors de la conférence de presse qu'il a organisée à l'issue des travaux du conseil national. La décision prise hier, par le RND, réuni en session ordinaire à l'hôtel Ryadh de Sidi Fredj, a été sans surprise. Le parti d'Ahmed Ouyahia a exhorté le président Bouteflika à se présenter pour un second mandat. Les 262 membres que compte le conseil national du parti ont soutenu à l'unanimité la candidature du président de la République pour un second mandat. Cependant cette issue pourtant prévisible et attendue, ne laisse pas indifférent. Pour les observateurs politiques, elle appelle et implique, en effet, de nombreux soubassements qui jalonnent ce soutien. D'abord M.Ouyahia est définitivement exclu de la compétition pour 2004. «L'élection présidentielle n'est pas une bousculade et nous ne prétendons pas être une grande puissance», a-t-il justifié. De ce fait, il est clair que son parti tirera les dividendes de ce sacrifice. Le RND, qui s'est retrouvé au creux de la vague après les élections législatives et municipales de 2002, espère, à travers cette offre, retrouver sa place de première force politique du pays, perdue au profit du FLN. Le RND ainsi propulsé au devant de la scène par la grâce de ce deal, un terme qu'a récusé hier fortement M.Ouyahia, renouera avec ses méandres déjà tissés au sein de l'administration. Lesquelles ramifications traduisent justement l'anxiété des détracteurs du RND et a contrario sa force même. De toute évidence sa présence ne se limitera pas uniquement au niveau de l'administration mais elle va s'élargir aussi au sein du gouvernement qui va découler après la présidentielle. Du coup, la survie d'un parti inscrit parmi les futurs disparus de l'échiquier politique national vient d'être assurée. Bien plus, il aura toute latitude de se redéployer et redorer son blason terni suite à une gestion catastrophique au niveau local. Par ailleurs, ce soutien pourra permettre au secrétaire général du RND de faire un premier pas vers la présidence. Bouteflika a depuis son élection en avril 1999 nourri le voeu de changer la Constitution. Il n'est pas à écarter qu'un lifting apporté à la première loi du pays permette à Ouyahia de devenir le vice-président de la République, véritable strapontin qui mène vers le palais d'El Mouradia. Interpellé au plan économique, Ahmed Ouyahia s'est dit satisfait du «taux de croissance économique qui a atteint près de 6%', de la réforme du système éducatif, de la poursuite des efforts pour enrayer le chômage, la prise en charge de l'emploi des jeunes par l'accélération des projets de développement». Il s'est projeté au-delà de 2004: «Nous ne toucherons les bénéfices de la dynamique actuelle que dans dix ans ou peut-être plus.» Aussi compte-t-il tirer profit d'une situation dont il s'est dit actuellement satisfait. Si le RND compte mobiliser ses troupes, actionner ses ramifications pour la réélection de M.Bouteflika, ce dernier va-t-il contribuer à défricher le terrain pour son allié conjoncturel?