Qui veut chasser Bouteflika du Pouvoir ? Qui veut chasser Bouteflika du Pouvoir? Qui appelle à un coup d'Etat militaire contre un Président de la République, trois ans après son élection? Drôles de moeurs pour un drôle de pays ! Inspirés par quelques conspirateurs professionnels tapis dans l'ombre, voilà d'anciens recalés de la politique remontant au créneau pour exiger - au nom de quoi? - le départ du Président Bouteflika. Cela s'appelle l'art de tisser les illusions. Ceux qui veulent en découdre avec le locataire du palais d'El-Mouradia en appelant, avec une effronterie politique sans pareille, à la tenue d'une élection présidentielle anticipée, sont au service des puissances de l'argent et de clans mafieux soutenus par des cercles occultes en déperdition. Le 15 avril est consacré, désormais, pour eux depuis une année, comme un jour de communion entre tous les laissés-pour-compte de la politique. Ne nous étonnons point si, à ce jour, ce sont, à chaque fois, les mêmes personnages ressemblant à la fable du noyé s'accrochant à une branche morte, qui se réveillent de leur torpeur saisonnière pour donner un autre cours à l'Histoire. Ils ont tous, à un moment ou à un autre, géré les affaires publiques de l'Algérie. Leur faillite politique est publique. Et les Algériens ne sont pas encore frappés d'amnésie collective pour ne pas se souvenir, aujourd'hui, de leur piètre prestation dans la gestion des affaires de ce pays qu'ils ont conduit à la banqueroute. De ce qu'il reste du délire éthylique des «folles nuits d'Alger» de l'ancien membre du Conseil de la révolution, Chérif Belkacem au prurit freudien de Leïla Aslaoui, en passant par le dandysme bourgeois et ampoulé du célèbre homme au papillon, Sid Ahmed Ghozali, voilà les divisions blindées, alignées, qui s'en vont en guerre pour une curée médiatique contre Bouteflika avec le soutien avéré de l'irascible quarteron de journaux dont les effets dévastateurs annoncés auprès de l'opinion ressemblent à ceux de Tartarin de Tarascon. Cette secte de florentins, qui récidive à chaque saison, veut encourager les généraux de l'ANP à perpétrer un coup d'Etat pour renverser le Président élu par le peuple. Mais au nom de quoi? N'est-ce pas là un vibrant appel à la rébellion de l'armée, en violation de la Constitution et de la volonté populaire, qui est lancé à la cantonade aux amateurs déclarés du pronunciamiento? En 1992, le défunt Abdelkader Hachani, dirigeant du FIS, avait été poursuivi et jeté en prison pour incitation de l'armée à la rébellion après un appel publié par le quotidien El Khabar. Nos généraux sont ainsi réduits, aujourd'hui, au rôle de troufions, de factotums de service et de soudards en mal d'aventure à l'image de tous ceux qui ont bâti sous d'autres cieux des républiques bananières. Pas de quoi être fiers pour nos galonnés. Les généraux Lamari, Tewfik et les autres n'attendraient, à croire ce feu de Bengale médiatique qui s'annonce, que les encouragements de Sid Ahmed Ghozali, de Saïd Sadi, de Chérif Belkacem et de Benbitour pour passer à l'acte ! Oublie-t-on que nos généraux ont fait publiquement allégeance au Président élu? Oublie-t-on que l'ère des coups d'Etat est à jamais révolue dans ce pays? Voudrait-on le chasser parce qu'à les croire, il serait un «mal élu» du pouvoir? Une thèse éculée, remise sans malice au goût du jour. N'est-il pas effarant que des personnalités se réclamant de valeurs républicaines et démocratiques appellent, en toute impunité, à un renversement militaire? Il est clairement établi, aujourd'hui, que Bouteflika a été le meilleur candidat parmi les sept à s'être présentés à l'élection présidentielle de 1999. Parce que tout simplement le choix fait par les Algériens est le plus judicieux. Le candidat Ahmed Taleb Ibrahimi n'aurait jamais rallié à ses côtés le nombre de suffrages enlevés par Bouteflika pour la simple raison que l'électorat national est encore traumatisé par la victoire islamiste aux législatives de 1991. Quand bien même Ibrahimi aurait gagné - hypothèse impossible - quelle aurait été la position des démocrates et des médias acquis à leur thèse, face à ce vainqueur virtuel, dépeint, par eux, comme un crypto-conservateur islamiste et adversaire proclamé de la modernité? Aït Ahmed, lui aussi, n'aurait pas échappé à cette vindicte alimentée par la collusion entre le camp laïco-républicain et le quarteron de journaux, rêvant de faire et de défaire des gouvernements à coups de manchettes et de campagnes de presse, sentant le caniveau. Bouteflika était bel et bien le meilleur candidat à cette présidentielle de 1999. Je reste persuadé que les Algériens ont fait, à travers son élection, en toute liberté, le meilleur choix parmi tous les autres candidats. L'heure des bilans, qui ne sonnera qu'au bout de ses cinq années d'exercice à la présidence, permettra aux Algériens alors de lui renouveler ou non leur confiance. Il est clairement établi que c'est le même clan politique allié au milieu mafieux, à celui des affaires et à certains médias, qui veut perpétrer un coup d'Etat contre le Président. A en croire certaines informations dignes de foi, ces conspirateurs s'étaient même préparés, il y a à peine quarante-huit heures, à demander aux Algériens de suivre l'exemple vénézuélien inspiré par les hommes d'affaires et une partie des médias pour chasser le président élu, Hugo Chavez. C'était compter sans les retournements ravageurs de l'Histoire après que les Vénézuéliens sont descendus en masse dans la rue pour demander le retour de leur président. Ce qui a immédiatement conduit à rétablir Chavez dans ses fonctions présidentielles hier. Ce sont les télévisions privées du Venezuela et les journaux soutenus par le patronat qui ont perpétré ce coup d'Etat. Hier, ils ont lamentablement, ridiculement échoué. Voilà à quoi peut conduire une «presse de coup d'Etat» mise au service des intérêts des groupes financiers. Un tel schéma n'est pas étranger à l'Algérie d'aujourd'hui, car on y trouve tous les ingrédients qui établissent cette étrange similitude entre Alger et Caracas. Rassurez-vous, Bouteflika ne s'en ira pas !