Certains élus sont jugés en première instance et d'autres ont interjeté appel devant les juridictions supérieures et leurs affaires sont restées pendantes. Nombreux sont les dépassements et anomalies enregistrés tout au long de la phase de confection de dossiers de candidature ainsi que durant les douze premiers jours de la campagne électorale. en prévision des élections locales du 29 novembre prochain. Ces infractions en cascade et en contradiction avec les dispositions de la loi électorale, exacerbent le climat caractérisant ces consultations. Plusieurs cas d'ex-P/APC ayant maille à partir avec la justice ont réussi à figurer et souvent à driver des listes de candidatures. Quatre cas avérés dont un à la commune d'Ouled Moussa à Boumerdès, un autre à Médéa sont signalés à la Commission nationale de surveillance des élections, (Cnisel), a affirmé hier, son président, Mohamed Seddiki. Des dizaines de lettres de dénonciation ayant trait à ce genre de cas sont parvenues à la même commission, selon la même source. La Cnisel qui a transmis ces requêtes au département de l'Intérieur et à la Commission nationale de supervision des élections reconnaît l'existence d'autres cas camouflés ou non encore débusqués. Deux cas de ce genre sont cités au niveau de la capitale. Il s'agit selon quelques témoignages, de candidats sur la liste de Bordj El Kiffan, qui, malgré le fait qu'il est poursuivi dans une affaire qualifiée en criminel, il pilote actuellement la liste FLN au niveau de cette commune. La liste FLN pour la commune de Sidi M'hamed, pilotée par l'ex-maire est aussi problématique. Dans ce contexte, les citoyens s'interrogent comment de très nombreux P/APC appartenant notamment au FLN et RND, ont trouvé le moyen de contourner les dispositions de la loi électorale en figurant sur les listes de candidatures alors qu'ils sont confrontés à des affaires de justice? Dans cette atmosphère délétère, les électeurs ne pourront que bouder et fuir davantage ces élections, indiquent de nombreux observateurs. «Certains élus jugés en première instance et d'autres en appel ont interjeté appel devant les juridictions supérieures et dès lors leurs affaires sont restées pendantes», indique le président de la Cnisel. Ainsi, certains de ces élus qui ont montré leurs limites et ont été condamnés par le verdict populaire pour leurs agissements durant les mandats précédents ont pu se représenter sous prétexte que leur jugement n'est pas définitif. L'utilisation des moyens de la commune, de l'Etat en faveur de certains candidats et les secrétaires généraux des partis est également apportée à la connaissance de la Cnisel. Les tournées des deux secrétaires généraux du FLN et du RND à l'intérieur du pays se transforment en visites officielles. Non seulement on mobilise tous le personnel, le parc roulant des directions et administrations locales mais cette journée est déclarée implicitement payée et chômée, indiquent certaines sources. Dans certaines wilayas, c'est le phénomène tribal et des diffamations d'ordre confessionnel qui supplantent le débat et les programmes et prennent le dessus lors de cette campagne électorale qui a entamé sa deuxième semaine. Sur un autre plan, quelques institutions et entreprises publiques refusent carrément d'appliquer les termes de l'instruction relative au détachement des candidats et des membres de la Cnisel. La Sonatrach, la Sonalgaz et certaines administrations judiciaires à l'image de celle de Khenchela, sont parmi les entités qui ne veulent pas entendre parler de l'instruction de Sellal, fait savoir M. Seddiki. Ce responsable déplore que les moyens logistiques promis par les autorités tardent encore à être mis à la disposition de la commission et de ses démembrements régionaux et locaux. «Le cas de la commune de Bologhine à Bab El Oued qui n'a absolument rien reçu jusqu'ici renseigne on ne peut mieux sur l'absence totale de ces moyens au niveau des communes de l'intérieur du pays», dira Seddiki. Pour rappel, 289 élus, dont 109 présidents d'APC, ont été poursuivis pour violation de réglementation, détournement de deniers publics, conclusion de marchés contraire aux lois en vigueur. Un grand nombre d'entre eux a été déjà suspendu et d'autres n'ont plus aucun droit de siéger dans les assemblées. «Le service public est dans un tel état que nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir des gens qui ne méritent pas d'être en face du citoyen», avait souligné récemment le directeur des libertés et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales.