Les protestataires se sont rassemblés pour la deuxième fois Pour la première fois dans l'histoire du pays, des partis comme le FLN, le RCD et Ennahda (islamo-nationalo-conservateurs, démocrates et islamistes) s'allient contre la fraude électorale. La place de l'Emir Abdelkader à Alger a été, hier, le théâtre d'un rassemblement contre la fraude électorale, organisé par les candidats de six partis politiques participant aux élections locales du 29 novembre à l'APC d'Alger-Centre. Sous l'oeil vigilant des agents de l'ordre, les protestataires, qui se rassemblent pour la deuxième fois en l'espace de quatre jours, ont scandé des slogans anti-fraude électorale comme: «Y en a marre de la fraude», «Djazaïr houra dimoqratia». Ils demandent l'organisation d'une élection libre et transparente qui consacrera la légitimité de la future Assemblée. Sur une banderole brandie par les manifestants, on pouvait lire: «Non à la fraude électorale, Oui pour des élections transparentes». Cette action, initiée par le candidat RCD, Salah Belmekki, a vu l'adhésion des candidats du PT, Mouvement Ennahda, Jil Jadid et, contre toute attente, le FLN et le RND. Ces deux derniers partis sont, en effet, accusés d'être majoritaires dans les assemblées élues grâce à la fraude électorale. D'ailleurs, le candidat FLN, à qui on a rappelé cette triste réalité, s'est refusé de nous faire la moindre déclaration. Pour sa part, la tête de liste du RND, Abdelhak Bouda, a indiqué que cette action «vise à éradiquer la fraude qui a toujours prévalu dans la commune d'Alger-Centre». Pourtant, le président de l'APC sortant, Tayeb Zitouni, a été élu trois fois consécutives à la tête de cette commune. Mais cette fois-ci, M.Zitouni, qui a adhéré au mouvement de redressement du RND a décidé de soutenir le vice-président de l'APC, Abdelhakim Bettache, qui conduit la liste du Mouvement populaire algérien (MPA). M.Bouda a ajouté qu' «on a fait alliance entre six partis politiques pour demander d'écarter 30 encadreurs spécialistes de la fraude et qui travaillent pour l'intérêt du MPA». «La fraude est en préparation à Alger-Centre. Nous demandons à ce que nos doléances soient prises en charge et un certain nombre d'encadreurs doivent être éloignés de tout le processus électoral, y compris l'actuel maire, M.Zitouni», a expliqué Salah Belmekki, candidat RCD. Ce dernier a annoncé qu'une alliance de surveillance des élections locales dans l'APC d'Alger-Centre est mise en place. «Certes, c'est une action locale mais qui, j'espère, donnera du sens à l'action politique et aura des retentissements au niveau national car il ne sert à rien d'aller vers des élections qui infligent encore du retard à la société algérienne», a ajouté M.Belmekki. Il explique que «vu la paralysie des instances de contrôle des élections locales, l'action ne peut venir que des initiatives locales». De son côté, Lakhdar Amokrane, tête de liste de Jil Jadid, a indiqué que «notre présence ici aujourd'hui est pour défendre un droit politique des citoyens consacré par la Constitution et qui est le libre choix de leurs représentants». Considérant que la fraude est une violence, il affirme qu'on «ne peut se permettre une mascarade électorale en 2012». M.Amokrane a précisé que les partis protestataires peuvent «aller jusqu'au retrait si les autorités ne répondent pas à leurs doléances». Pour sa part, Nacer Kara, candidat du Mouvement Ennahda, a souligné que «à travers cette protestation, nous affirmons que nous n'avons pas confiance en l'administration». M.Kara précise que «les enjeux sont grands étant donné que le budget de l'APC d'Alger-Centre dépasse 200 milliards de centimes». «On hume l'odeur de la fraude», a-t-il dit. En somme, les manifestants mettent les autorités compétentes devant leurs responsabilités en cas de violation de la volonté populaire par la fraude électorale.