Un marché de gros devrait être construit dans chaque wilaya Ils ont crû de plus de 15,27% et plus de 29,8% pour les produits agricoles frais. L'inexistence d'un véritable tissu de consommateurs et l'absence d'une culture adéquate dans l'acte d'achat font des algériens de gros consommateurs. «Le consommateur algérien achète sans mesure aucune, ce faisant, il vide les étals et bonjour l'inflation» c'est en ces termes que Mahfoud Harzelli, président de l'Union des consommateurs algériens (UCA) explique les vraies raisons de l'inflation galopante constatée ces derniers temps. Pour notre interlocuteur, les pouvoirs publics devraient créer sans tarder plusieurs marchés de proximité dans chaque groupe de quartiers pour favoriser la loi de l'offre et de la demande. Les spéculateurs prolifèrent lorsqu'il n'existe qu'un seul lieu d'écoulement des produits, maraîchers ou autres, a fait remarquer Harzelli. Un marché de gros devrait également être construit dans chaque wilaya pour rapprocher le fellah et sa production du mandataire et, partant, du consommateur lui-même sans pour devoir passer par deux ou trois intermédiaires qui chacun grignote un peu plus sur les prix, a-t-il encore souligné. Souvent en hiver, dit-il, l'on accuse le fellah de ne pas pouvoir procéder à la récolte de sa production, fusse-t-elle maraîchère ou fruitière, à cause des terres inondées par les pluies. M.Harzelli n'a pas manqué de dénoncer les opérateurs de gros en alimentation de recourir à la rétention des produits par le stockage dans les frigos et créer ainsi de fausses pénuries en augmentant les prix. Il estime à ce sujet, que les pouvoirs publics devraient contrôler cette activité de stockage qui fait grimper démesurément les prix sur les étals. Concernant les marchés parallèles de l'informel, Harzelli a loué et défendu leur contribution à la diminution des prix; cependant, a-t-il dit, il faut les organiser en réalisant justement des marchés de proximité pour contrer un tant soit peu la spéculation et par-là l'inflation qui sévit actuellement. L'indice des prix à la consommation a atteint 9,9% à Alger au mois d'octobre dernier par rapport au même mois de 2011, accentuant ainsi la hausse du rythme d'inflation annuel qui s'est situé à 8,3% en octobre dernier, indiquent des chiffres officiels communiqués par l'Office national des statistiques. Cette hausse, tirée essentiellement par l'augmentation de plus de 29,82% des prix des produits agricoles frais, concerne les produits alimentaires en général qui ont augmenté de plus de 15,27%, de 3,2% pour les produits alimentaires industriels, indique l'ONS qui prend en référence la ville d'Alger. A l'exception des fruits frais, qui ont connu une baisse de 4%, tous les autres produits alimentaires sont en hausse, notamment la viande de poulet (60,8%), la viande de mouton (40,8%), les légumes frais (27,95%) et la pomme de terre (26,8%), précise encore l'Office. Les poissons frais (+23,65%) et la viande bovine (+11%) ne font pas exception. Contacté par nos soins, l'expert Abdelmalek Serraï, avertit que l'inflation actuelle de 9,9% va dépasser les 10% en décembre. Il a pour sa part donné une explication plus technique qui montre que cette inflation en Algérie «découle de plusieurs origines.» Il rappellera d'abord que les importations, qui sont montées à quelque 10 milliards de dinars en produits alimentaires soit 2,6% de la totalité de la facture import. ont alimenté cette inflation malgré le progrès enregistré par l'agriculture qui assure aujourd'hui 70% des besoins nationaux classiques du citoyen, l'importation des 30% restants ont inévitablement provoqué une hausse des prix. L'autre explication, que prône Serraï, est la politique sociale menée en 2010/2011 qui a propulsé des salaires en octroyant des primes ou rappels mirobolants avec un degré d'industrialisation «très faible» pour aboutir à un PIB de 4,7%, «ce qui est grave» contre «un PIB de 19,7% il y a 20 ans». Ce résultat, ajoute Serraï, est que «48% des capacités industrielles sont fermées et l'importation ne participe pas à l'enrichissement du citoyen» appuie-t-il. «Pour «calmer le jeu» cette politique sociale a financé l'inflation sans contrepartie productive», a indiqué l'expert qui a dénoncé la rétention des produits par les gros bonnets qui contrôlent le marché des produits alimentaires et ne libèrent pas les autres produits, d'où une hausse évidente car ils sont seuls sur le marché. Serraï a indiqué que «seuls 4 gros importateurs, sur plusieurs milliers, contrôlent 85% de l'importation.»