Le déploiement de Patriot aux frontières avec la Syrie risquerait d'aggraver la crise entre Ankara et Damas Les Alliés devraient sans surprise répondre positivement à la demande d'une protection contre les attaques aériennes qu'Ankara leur a soumise le 21 novembre, selon des sources diplomatiques. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Otan se réunissent demain et mercredi à Bruxelles avec la volonté de démontrer leur solidarité avec la Turquie, où l'Alliance s'apprête à déployer des missiles Patriot près de la frontière avec la Syrie. Les Alliés devraient sans surprise répondre positivement à la demande d'une protection contre les attaques aériennes qu'Ankara leur a soumise le 21 novembre, selon des sources diplomatiques. La porte-parole de l'Otan, Oana Lungescu, avait indiqué vendredi qu'une réponse serait donnée «dans les prochains jours». Elle pourrait intervenir demain, au premier jour de la réunion au siège de l'Otan. Au delà de cette question, les ministres devraient débattre de l'évolution du conflit syrien, alors que l'Américaine Hillary Clinton a annoncé jeudi que les Etats-Unis envisageaient de venir davantage en aide aux rebelles. «C'est un dossier très complexe. Les pays occidentaux se rendent compte que s'ils ne soutiennent pas davantage les combattants, ils risquent de n'avoir aucune influence sur eux lorsque le régime de Bachar Al Assad tombera», explique un diplomate. Les chefs de la diplomatie s'entretiendront aussi du dossier syrien avec leur homologue russe, Sergueï Lavrov, invité à déjeuner demain. M. Lavrov a récemment fait part de l' «inquiétude» de son pays, partenaire de longue date de la Syrie, quant à l'installation de Patriot. «Plus on accumule d'armes, plus elles risquent d'être utilisées», a-t-il affirmé. L'Otan, comme la Turquie, a fortement insisté sur le caractère «uniquement défensif» de ce déploiement. «Il s'agit d'une mesure de précaution et (ce système) ne sera absolument pas utilisé pour des opérations offensives», a assuré le chef de l'Etat turc Abdullah Gül. La présence de Patriot «fera réfléchir à deux fois quiconque envisage d'attaquer la Turquie», a souligné pour sa part Mme Lungescu. Ankara a réclamé les batteries anti-missiles après la mort de cinq civils dans le village limitrophe d'Akçakale, atteint par des obus envoyés de Syrie le 3 octobre. Les Patriot de type PAC-3, fabriqués par le groupe américain Lockheed Martin, n'ont pas directement vocation à contrer ce type de menace, mais plutôt à intercepter des missiles balistiques, comme les Scud que possède la Syrie. Une fois le feu vert donné à leur déploiement, les modalités seront finalisées par les trois pays de l'Otan possédant des Patriot, à savoir les Etats-Unis, l'Allemagne et les Pays-Bas. Les batteries anti-missiles devraient ensuite être installées «dans les semaines suivantes» a précisé Mme Lungescu. Des experts de l'Otan se sont rendus ces derniers jours sur les sites susceptibles de les accueillir, à proximité de la frontière turco-syrienne qui s'étend sur plus de 800 km. Selon une source militaire turque, quatre à six batteries pourraient être déployées temporairement à Malatya, Diyarbakir et Sanliurfa, ce qui nécessiterait le stationnement de 300 à 400 soldats de l'Alliance. Les Patriot seront placés sous le contrôle du Commandement suprême des forces armées de l'Otan en Europe (Saceur). «Qui aura le doigt sur le bouton? C'est l'Otan, et la Turquie est un membre à part entière de l'Otan», a indiqué Mme Lungescu. La réunion ministérielle de Bruxelles, qui devrait marquer les adieux de Mme Clinton, portera aussi sur l'avenir de l'Afghanistan, les relations Otan-Russie, ainsi que la situation en Géorgie et dans les Balkans, où des forces de l'Alliance sont présentes au Kosovo.