La stratégie pour réussir le départ des troupes occidentales d'Afghanistan sera débattue cette semaine au siège bruxellois de l'Otan, placé sur la défensive par la série d'attaques spectaculaires lancée dimanche par les taliban. Plus de dix ans après le début du conflit, l'Afghanistan reste plus que jamais au coeur des préoccupations des 28 pays membres de l'Alliance atlantique, Etats-Unis en tête. Il sera l'un des principaux sujets de discussion au sommet de l'Otan de Chicago, où Barack Obama accueillera les 20 et 21 mai les chefs d'Etat et de gouvernement, en particulier le nouveau président français qui aura été élu le 6 mai. Un an et demi après le précédent sommet à Lisbonne (novembre 2010), les ministres de la Défense et des Affaires étrangères, dont l'Américaine Hillary Clinton, se réunissent aujourd'hui et demain «afin de dégager le terrain pour Chicago», selon la porte-parole de l'Alliance atlantique, Oana Lungescu. L'Otan veut envoyer un message clair d'unité et d'ordre sur les conditions dans lesquelles s'organise la «transition» qui ouvre la voie au départ des 130.000 soldats étrangers toujours déployés dans le pays. Ce message est en particulier adressé aux responsables politiques et aux opinions publiques, dont les doutes ont été renforcés ces derniers mois par une série de mauvaises nouvelles: militaires de l'Otan tués par des collègues afghans, scandales liés à des soldats américains etc... Prêchant inlassablement l'optimisme, les hauts responsables de l'Otan assurent que le nombre d'attaques recule chaque mois davantage et que la situation sécuritaire se renforce avec la montée en puissance de l'armée afghane. «Leurs progrès sont impressionnants», a jugé lundi Oana Lungescu, au lendemain des attaques ayant visé le parlement, des ambassades occidentales ou l'Isaf à Kaboul et combattues par les seules forces afghanes. Le président Hamid Karzaï a toutefois mis en cause lundi «un échec du renseignement pour nous (Afghans) et particulièrement pour l'Otan». Les ministres réunis à Bruxelles tenteront de se mettre d'accord sur le format des forces de sécurité afghanes, à qui sera dévolue la sécurité dans toutes les provinces d'ici fin 2014. Leurs effectifs devraient être portés à 352.000 grâce au vaste effort de formation en cours avant de retomber à 228.500 en 2017, selon le projet proposé par les Américains. Les discussions s'annoncent également serrées sur le financement de ces forces, estimées à 4,1 milliards de dollars par an à partir de 2015. Les Etats-Unis prévoient d'en assumer 2,3 milliards, laissant le reste à leurs partenaires et au gouvernement afghan. «Malgré les impatiences, il est vraiment difficile de fixer aujourd'hui tous les besoins car quelle sera la situation dans deux ans et demi?», s'interroge un responsable français. Outre l'Afghanistan, l'autre dossier sensible est celui du bouclier antimissile que l'Otan a commencé à implanter en Europe malgré l'hostilité de Moscou. Attendu demain à Bruxelles, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, devrait réaffirmer cette position, mais en des termes moins offensifs que durant la récente campagne présidentielle dans son pays. «La rhétorique de Moscou vis-à-vis de l'Otan est désormais plus pragmatique et ouverte à la coopération, notamment contre la piraterie ou le terrorisme», souligne un diplomate. Le conflit syrien n'est pas au menu des discussions à Bruxelles même si la Turquie, membre éminent de l'Otan, envisage une possible invocation de l'article 5 du traité de l'Alliance atlantique afin de protéger sa frontière avec la Syrie. Tout en se déclarant «profondément préoccupée», l'Otan ne cesse d'affirmer qu'elle n'a «aucune intention» d'intervenir en Syrie.