Toutefois, le numéro 2 de l'ancien régime baâssiste, Ezzat Ibrahim Al-Douri, court toujours. L'euphorie de l'arrestation de l'ancien président irakien, Saddam Hussein, passée, les officiels américains, qui espéraient en tirer des dividendes, notamment sur le plan sécuritaire, avec une réduction des attentats et attaques anti-américains ont dû déchanter face à la persistance des actes de résistance. Maîtres des lieux, et histoire de rappeler sans doute aux Irakiens qu'ils sont sous occupation étrangère, les forces américaines ont initié ces dernières quarante-huit heures, et singulièrement hier matin avant l'aube, une vaste opération de recherche dans Bagdad et ses environs, qui s'est soldée, selon l'armée américaine, par de nombreuses arrestations, alors que, selon les mêmes sources, plus de 70 personnes ont été arrêtées lundi par les forces de la coalition à Bagdad et au nord de l'Irak. L'opération d'hier qui a duré plus de trois heures, et a touché la quartier d'Al Doura dans le sud de Bagdad, est menée, indique-t-on de source militaire américaine, dans le cadre de l'opération «Justice de fer», supervisée par la 1re division blindée, basée à Bagdad. Parmi les personnalités arrêtées lors des deux derniers jours, figurent notamment le chef de l'importante tribu des Tayy, cheikh Ghazi Hannach avec trois de ses fils. De même a été arrêté à Mossoul, au nord de Bagdad, le général Abdellah Jassem Ahmed, ancien chef des services de renseignements du régime baâssiste. D'autres arrestations ont été opérées notamment à Falloujah (Centre), à Kirkouk (Nord). Toutefois, le numéro 2 de l'ancien régime baâssiste, Ezzat Ibrahim Al-Douri, dont la tête a été mise à prix pour 10 millions de dollars, court toujours. Cette démonstration de force de l'armée américaine n'a pas cependant dissuadé la guérilla à poursuivre ses actions. Hier à Bagdad, le ministre du Conseil transitoire de gouvernement, chargé de la technologie et de la science, Khodr Abdel Abbas Hamza, a échappé à un attentat lorsqu'une bombe a explosé sur le passage du véhicule le transportant. Hier aussi, un attentat-suicide a eu lieu à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, occasionnant la mort de quatre Irakiens, outre le kamikaze, et 101 blessés. Cet attentat à la voiture piégée a été commis à proximité du «ministère de l'Intérieur» du gouvernement du PDK (Parti démocratique du Kurdistan, de Massoud Barzani) indique-t-on. Deux policiers et un civil ont été tués, alors qu'une quinzaine d'employés du «ministère» a été blessée. Chaque faction kurde a son «gouvernement», rappelle-t-on. Celui de l'UPK, (Union patriotique du Kurdistan, de Jalal Talabani) siège à Souleymanieh. Au plan diplomatique, les Américains préparent leur «propre transition» et s'apprêtent à établir «une très grande ambassade» en Irak, qui sera fonctionnelle dès le mois de juin prochain, après la mise en place du gouvernement provisoire irakien, indique-t-on au département d'Etat américain. Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, et l'administrateur en chef américain en Irak, Paul Bremer, ont eu mardi à Washington, des discussions à ce sujet. Selon le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, la discussion a porté sur la transition politique en Irak, mais aussi sur la «propre transition» américaine, indiquant «Washington envisage d'avoir une grande ambassade avec beaucoup de monde pour suivre la situation, aider les Irakiens à se mettre en place et gérer le plus important programme d'aide que nous ayons, où que ce soit». Ainsi les Etats-Unis s'engagent à fond en Irak, ne lésinant ni sur les dépenses ni sur les moyens à mettre en oeuvre pour construire un Irak à la mesure des attentes américaines.