C'est en absence des autorités locales, que la société civile de l'ex-capitale des Hammadite s'est recueillie sur la tombe de «Mesmar Djeha». En effet, à l'appel «anonyme» des animateurs de ballade littéraire, un groupe de citoyens s'est recueilli sur la tombe de celui qui a marqué de son empreinte l'ouverture «dite démocratique» de notre pays dans son volet relatif à la liberté d'expression. Le groupe composé essentiellement de personnes anonymes mais fort remarquables sur la scène culturelle, notamment en l'absence des autorités locales et autres acteurs politiques, dont les nouveaux élus, et en l'absence regrettable de sa grande famille, sa corporation, les journalistes de Béjaïa, a déposé, hier, en fin de matinée, une gerbe de fleurs sur la tombe de Saïd Mekbel, en marge d'un recueillement et en hommage à son combat pour la liberté d'expression. Dix-sept ans après sa disparition tragique, le 3 décembre 1994, exécuté froidement par des sanguinaires extrémistes, «Mesmar Jeha» restera éternellement dans les coeurs et dans les mémoires collectives de ses admirateurs, aujourd'hui orphelins de ses billets satiriques. Pour Nordine Saïdi, l'initiateur de l'appel, «c'est plus qu'un devoir, c'est même une obligation pour tous ceux qui partagent les idéaux du défunt qui a payé de sa vie son engagement et ses convictions pour que vivent l'Algérie et toutes les générations futures. C'est aussi, à travers cet hommage à Said Mekbel, un hommage à tous ceux qui sont tombés, lâchement assassinés alors qu'ils ne demandaient qu'à vivre dans une Algérie authentiquement plurielle». «C'est aux lecteurs, à eux en particulier, que je livre ces écrits du jour le jour, modestes traces laissées par un citoyen... car la vérité est comme la justice: elle a besoin de témoins... même les tout petits témoins qui peuvent écrire les choses qui restent et qui durent...», écrivait Mesmar Djeha.