François Fillon et Jean-François Copé devaient reprendre hier leurs discussions pour trouver une issue à la crise sans précédent qui frappe depuis 15 jours la droite française, alors qu'un nouveau scrutin pour désigner le président du parti UMP est réclamé au printemps. Après plus de deux semaines de déclarations assassines par médias interposés, les deux protagonistes de ce vaudeville et leurs partisans semblent avoir pris conscience des ravages dans l'opinion de l'étalage de leur discorde et mènent maintenant leurs négociations à huis clos. Les deux belligérants qui revendiquent chacun la victoire lors du scrutin pour la présidence de l'UMP le 18 novembre devaient se revoir en fin de journée après s'être déjà vu deux fois lundi en tête-à-tête. «Fillon et Copé ne se quittent plus», ironisait hier le quotidien de droite Le Figaro. «Enfin ils se parlent. Laissons-les se parler», a plaidé le député Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. Pour autant, rien ne semble indiquer que l'affrontement est en voie de règlement. Les discussions butent toujours sur la date d'un nouveau vote des militants pour désigner leur président, avec en toile de fond la perspective de la présidentielle de 2017 à l'origine de la rivalité entre les deux hommes. M. Copé, proclamé deux fois de suite vainqueur sur le fil du vote du 18 novembre, a proposé de revoter en 2014 après les prochaines élections municipales. Il envisage de soumettre cette proposition aux militants lors d'un référendum en janvier qui porterait aussi sur un changement des statuts de leur parti. François Fillon, qui estime s'être fait voler la victoire par des fraudes massives, veut au contraire que les militants revotent très vite. Se voulant le reflet des militants exaspérés, un groupe de députés «non-alignés» de l'UMP ont réclamé hier qu'une nouvelle élection pour la présidence de l'UMP se tienne au printemps 2013 et demandé aussi la tenue d'un congrès du mouvement. Ce congrès «confierait à une constituante le soin de redéfinir les statuts de l'UMP et d'organiser une élection du président au printemps 2013 ainsi que les primaires de 2016», ont indiqué ces «non-alignés», conduits par les anciens ministres Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet. Egalement excédé par la situation, Nicolas Sarkozy, dont le retrait de la politique après sa défaite à la présidentielle est à l'origine de cette crise de leadership, avait donné jusqu'à hier aux deux hommes pour trouver une solution, faute de quoi il dirait «publiquement» qu'ils sont «disqualifiés». Dans l'intervalle, chaque camp maintient la pression sur l'autre. Le groupe parlementaire dissident «Rassemble-ment-UMP», créé par François Fillon il y a une semaine, a été officiellement constitué hier et s'est vu doté d'un temps de parole lors des débats à l'Assemblée nationale. Le «R-UMP», qui regroupe quelque 70 «fillonistes» (contre 123 UMP), pourra ainsi poser des questions au gouvernement, même si pour l'instant les députés n'entendent pas physiquement changer de place au sein de l'hémicycle. Les fillonistes ont promis que le groupe cesserait d'exister dès que Jean-François Copé acceptera le principe d'un nouveau vote. La démarche de M. Fillon a suscité la colère du président du groupe socialiste Bruno Le Roux: «On se sert du règlement de l'Assemblée pour régler la rivalité entre deux factions. C'est un dévoiement de nos institutions», a-t-il dénoncé. «C'est très choquant de voir que l'UMP instrumentalise le fonctionnement de l'Assemblée qui n'a pas à être le théâtre indirect des affrontements entre M.Fillon et M.Copé», a renchéri le co-président du groupe écologiste François de Rugy.