Ce n'est pas un hasard si son premier comité de soutien a vu le jour à Constantine. Depuis avril 1999, date de son retrait en compagnie de cinq autres candidats, Mouloud Hamrouche a toujours souhaité faire cavalier seul. Situé en retrait de la scène et des débats politiques, il a émergé depuis peu en rendant publique une contribution dans laquelle il a souhaité une implication «différente» de l'Armée dans le processus électoral. Il a aussi indiqué que le départ de quelques responsables gouvernementaux, dont Ouyahia et Zerhouni, ne suffirait guère à assurer la neutralité de l'Administration. Il a, de la sorte, confirmé qu'il se place en retrait du restant des adversaires de Bouteflika qui ont tous réussi à s'entendre sur un minimum consensuel contredisant foncièrement les «deside-rata» de Hamrouche. Ce dernier, que certains analystes considèrent comme le probable outsider par qui la surprise pourrait advenir, aurait commencé à s'échauffer et à se préparer sérieusement depuis quelques jours. Il a, ainsi, donné instruction à ses «fidèles» de sillonner le pays en vue de réactiver ses comités de soutien. Une déclaration de candidature et d'intention est également en préparation. Hamrouche, qui n'a pas encore arrêté définitivement la date de sa sortie ni la manière dont il le fera, compte bel et bien annoncer officiellement sa candidature dès le début de l'année prochaine. Un programme empruntant beaucoup à celui qui avait fait son «succès» en 1999 est également en phase d'achèvement. Les nouveautés qui y sont contenues ont trait au bilan de Bouteflika et aux différents problèmes nouveaux ou aggravés auxquels il se propose de remédier. Face à ces intenses préparatifs, une sorte de ballon-sonde vient d'être lancé à partir de Constantine. Le choix est loin d'être fortuit puisque même si Hamrouche est originaire de Jijel, il n'en compte pas moins des soutiens importants et puissants au niveau de l'antique Cirta. Ce n'est pas tout. Le message s'est voulu double. Les quelques dizaines de signataires, pour leur plupart jeunes cadres et étudiants, ont voulu dire que «la jeunesse, qui était nombreuse à soutenir Hamrouche en 1999, lui est demeurée fidèle même s'il s'est éclipsé de la scène médiatico-politique depuis cette date». C'est ce que nous indiquent des sources proches de l'ancien chef de gouvernement sous Chadli, durant les premiers balbutiements de l'ouverture démocratique. La lettre de soutien à la candidature de Hamrouche commence par dresser un sombre tableau de la situation qui prévaut dans le pays, avant de rappeler en filigrane que «ce patriote» se trouve derrière la plupart des acquis démocratiques, politiques et économiques à la suite de l'ouverture d'octobre 1988. Loin d'être innocente, et encore moins un quelconque acte isolé, cette première lettre en annonce d'autres, couplées à la redynamisation des comités de soutien à travers le territoire national en attendant que Hamrouche, qualifié par les observateurs de «grosse pointure» dans la présidentielle, entre officiellement en scène.