La décision aurait été prise depuis qu'il a compris que le jeu était bel et bien verrouillé. Hier, une grande consternation a gagné les centaines de comités de soutien de Hamrouche, dont la plupart avaient été mis en place spontanément en vue de se préparer à mener campagne en faveur de leur candidat favori. Ce dernier, Mouloud Hamrouche en l'occurrence, avait instruit la veille ses plus proches collaborateurs de geler l'ensemble de ces comités. Il aurait révélé, en guise d'explication, que «le jeu politique était une fois de plus parfaitement verrouillé». Hamrouche a toujours gardé une certaine réserve, se montrant très peu loquace depuis 1999, date de son retrait du scrutin présidentiel au mois d'avril de cette année-là. Nous apprenons que cet ancien chef de gouvernement, à qui le pays doit pas mal de ses réformes et d'avancées démocratiques, dont la presse privée et le haut conseil de la magistrature que Bouteflika se refuse de mettre en place présentement, avait rédigé sa lettre de candidature et s'apprêtait même à dépêcher son représentant afin de retirer les formulaires avant de se raviser au dernier moment. Nos sources, visiblement désarçonnées en attendant d'en savoir plus, précisent que «la collecte de ces signatures ne pose absolument aucun problème puisque Si Mouloud peut aussi bien obtenir les 600 paraphes des élus en moins d'une semaine que les 75.000 signatures dans le court délai qui reste encore aux candidats à la magistrature suprême». On nous précise, en effet, que «spontanément, les comités de soutien nés en 1999 ont repris vie partout dans le pays, et pris attache avec les responsables nationaux et piaffaient d'impatience en attendant que la campagne de collecte commence». Même les affiches, géantes et moins grandes, d'un raffinement inégalé, avaient été commandées. Si Hamrouche a bloqué ce véritable élan pouvant ui assurer son arrivée à la présidence de la République, puisqu'il jouit de pas mal de soutiens aussi bien dans les rangs du FLN que dans ceux de l'Ugta, c'est qu'il devait avoir d'excellentes raisons de croire que s'il se lançait dans cette aventure, il ne ferait rien d'autre que jouer le rôle de lièvre du président Bouteflika, ce que personne n'aurait compris après le scénario-catastrophe de 1999. Ceci étant, Hamrouche, qui ne renonce pas à ses activités au sein du groupe des onze, peut encore revenir sur sa décision avant la fin de cette semaine, durant laquelle trois évènements majeurs, au moins, sont attendus. Le premier a trait au verdict du Conseil d'Etat à propos du recours introduit par la direction légitime du FLN. Le second concerne le mémorandum que compte adresser le groupe des Onze aux institutions de la République, y compris l'Armée, et la réponse qui en est attendue. Le troisième, enfin, consistera en un meeting que devrait tenir jeudi ce même groupe au Pavillon C du Palais des Expositions et la démonstration de force qui en est attendue afin que cette opposition prouve qu'elle n'est pas la simple émanation du microcosme algérois, comme s'essaye habilement de le faire accroire le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. Dans tous les cas de figure, la décision quelque peu surprenante de Hamrouche, même si elle n'a pas été rendue publique pour le moment, et si pas mal de comités de soutien de l'Intérieur du pays en ignorent la substance, risque de peser lourd sur la suite des évènements, y compris dans les activités futures du groupe des onze, seul rempart, désormais, contre le «coup de force électoral que s'apprête à mener le camp présidentiel», comme le soulignent enfin nos sources.