La capitale s'apprête à accueillir un invité de marque «On ne veut pas mettre dans la gêne le président français, notamment sur le dossier sensible de la mémoire.» Pour recevoir un vieil ami et qui plus est le président du plus grand pays partenaire, la République française, l'Algérie s'y prépare activement. Le ministère des Affaires étrangères a installé, il y a quelques semaines, un comité de préparation de la visite d'Etat du président François Hollande prévue les 19 et 20 décembre prochains. Composé de plusieurs experts, ce comité ne veut rien laisser au hasard et s'attelle avec beaucoup de minutie dans la préparation de cette visite. «On ne veut pas mettre dans la gêne le président français, notamment sur le dossier sensible de la mémoire. Nous lui laissons l'initiative, mais attendons un geste fort de sa part» a indiqué une membre de ce comité, parlant sous l'anonymat. Intimement lié à la question de la mémoire, le comité de préparation de cette visite se penche également avec rigueur sur le dossier des archives. «La question des archives nous intéresse au plus haut point. Quelles sont les archives qui nous seront restituées, celles qui seront accessibles au public et aux chercheurs... etc», ajoute la même source. «Il y a également la déclaration de partenariat qui sera le programme d'action des cinq années à venir», ajoute le même membre de ce comité. Chargé, le programme de la visite de M. Hollande commence à se décliner au compte-gouttes. Un tête-à-tête avec son homologue Abdelaziz Bouteflika, les relations bilatérales, la crise au Sahel, la crise en Syrie, la coopération méditerranéenne...les dossiers foisonnent. A Alger, le président Hollande prononcera un discours devant la chambre des députés et le Sénat algérien. Il prononcera une adresse aux jeunes Algériens. Il marquera ensuite une halte au cimetière de Bologhine qui abrite des sépultures juives et chrétiennes. Contrairement à son prédécesseur, Nicolas Sarkozy qui, sur les traces du général de Gaulle s'est rendu à Constantine en 2007, le président Hollande a choisit l'Ouest algérien. Oran dans un premier temps et on vient d'annoncer finalement Tlemcen «capitale de la culture islamique» dont il visitera l'Université. François Hollande ne vient pas faire que de la politique en Algérie, un pays qu'il connaît depuis les années 1970 quand il a effectué son stage de l'ENA. Une armada de chefs d'entreprises et hommes d'affaires l'accompagneront à Alger. En perspective, des contrats commerciaux dans l'agroalimentaire, l'agriculture et l'industrie avec l'accord pour une usine de montage de véhicules Renault à Oran. Cependant, le président français est attendu sur la sensible question de la mémoire, sur les mots qu'il prononcera pour panser les blessures d'un passé douloureux. M.Hollande a déjà ouvert une brèche dans ce dossier quand il a reconnu officiellement la répression sanglante lors des manifestations du 17 octobre 1961 à Paris. De même qu'il est attendu qu'il fasse un autre geste, un geste de portée historique: remise des clés de la ville d'Alger, restitution du canon de Baba Merzoug? Ce sont des surprises que réserve cette visite. «Le président de la République (François Hollande, Ndlr) trouvera les mots appropriés pour aborder cette question de la mémoire. Il abordera, sans complexe, tous les sujets lors de sa visite à Alger. Il parlera de la mémoire, de l'économie et des questions internationales», note une source proche de l'Elysée, précisant que M.Hollande ne se contentera pas de généralités sans lendemain. Le président insistera surtout sur les sujets qui engagent l'avenir, qui intéressent les citoyens des deux pays dans leur quotidien immédiat. «On pense notamment à la circulation des personnes, au visa, au travail et aux opportunités économiques», confie notre source.