Quatre hommes ont été tués et une quarantaine de personnes blessées samedi soir à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, lors de nouveaux heurts liés au conflit en Syrie voisine, qui ont fait depuis mardi 17 morts dont deux enfants, selon un responsable de sécurité. Des combats à la mitrailleuse et aux roquettes ont éclaté dans les quartiers pauvres de Bab al-Tebbaneh et Jabal Mohsen, entre des sunnites opposés au régime de Damas et des alaouites, membres de la même minorité religieuse que le président syrien Bachar Al Assad. Chaque quartier a perdu deux hommes dans ces combats, qui surviennent alors qu'un déploiement de troupes avait obligé les combattants à se retirer vendredi matin, même si des tireurs isolés restaient en embuscade. Pendant la nuit, des soldats étaient stationnés dans les rues autour des deux quartiers en ébullition, mais pas sur l'avenue qui sépare les deux quartiers, qui a désormais pris des airs de ligne de front. «Les affrontements sont sporadiques maintenant», a déclaré hier matin le responsable de sécurité, s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Aucune décision n'a encore été prise sur l'éventuel envoi de renforts de l'armée dans la zone, a-t-il ajouté. La situation à Tripoli, déjà tendue depuis le début de la crise en Syrie, s'est à nouveau enflammée mardi après la mort de 22 jeunes sunnites partis du Liban combattre aux côtés des rebelles syriens et tués le 30 novembre par l'armée en Syrie. Les autorités syriennes ont accepté de rapatrier les corps des combattants, et les trois premières dépouilles ont été conduites à la frontière hier, puis remis à leur famille, selon le responsable de sécurité. Selon une source officielle libanaise, les autorités syriennes ont informé Beyrouth que trois membres du groupe islamiste libanais infiltré en Syrie avaient survécu à l'embuscade du 30 novembre et qu'ils étaient actuellement interrogés. La plupart des habitants de Tripoli, à majorité sunnite, soutiennent la rébellion syrienne. En revanche, le puissant parti chiite Hezbollah, principal allié libanais du régime de Damas, est accusé de combattre auprès des forces loyalistes en Syrie. En outre, des accrochages quasi-quotidiens opposent dans des villages syriens frontaliers du Liban des combattants chiites proches du Hezbollah à des rebelles anti-Assad, selon des habitants et des militants.