Le numéro un de Wafa était venu jauger sa cote de popularité en prévision de l'échéance présidentielle. Sans être inquiété par les services de la wilaya pour une quelconque autorisation, M.Taleb El Ibrahimi a tenu jeudi une rencontre à l'hôtel Panoramic avec une poignée de ses militants constantinois. Entre les escales de Mila et Oum El-Bouaghi, le numéro un de Wafa, était venu jauger sa cote de popularité en prévision de l'échéance présidentielle pour laquelle il semble montrer une disposition justifiée par les changements survenus aussi bien sur le plan national qu'international, même s'il impose comme préalable à sa participation, la satisfaction de trois conditions. Rejoignant la majorité des personnalités qui se sont exprimées récemment, El Ibrahimi exige la neutralité de l'administration et le départ de l'Exécutif actuel qui compte Ouyahia et Zerhouni, tenus responsables de la fraude qui a marqué les rendez-vous précédents. «Aussi, ajoutera-t-il, l'argent public ne doit pas servir à la campagne d'un seul homme», pour ne pas nommer le président Bouteflika. La condition la plus importante reste, cependant, la neutralité de l'armée qui est saluée par le conférencier à condition qu'elle ne soit pas négative. «L'armée a la charge, dira-t-il, de veiller sur la propreté des élections et d'accompagner la transition vers un pouvoir civil puisqu'elle représente la colonne vertébrale de l'Etat algérien.» En l'absence de ces garanties, El Ibrahimi exclut sa participation dans une mascarade qui verra rééditer le scénario de 1999 et qui a poussé six candidats à se retirer de la course en découvrant que le pouvoir avait misé sur Bouteflika et qu'il fallait le faire passer «coûte que coûte». Fidèle à sa vision islamisante de la gestion politique, l'ancien cadre du FLN analyse la crise algérienne à travers le prisme de la morale. La société a perdu, selon lui, ses valeurs ainsi que ses repères, alors que le pouvoir est démuni aujourd'hui des trois piliers qui sont la science, la raison et la justice. Il n'aura aucun mal à illustrer son diagnostic devant une présence visiblement acquise avant de donner le traitement qui réside, selon lui, entre les mains des peuples en harmonie avec les méthodes politiques, c'est-à-dire loin de la violence. M.Taleb El Ibrahimi refusera, entre autres, à donner un avis sur l'initiative d'Abassi Madani qu'il dit ignorer et sera aussi expéditif sur la question de la présidence actuelle dont le bilan précisera-t-il parle pour elle. Il ajoutera que le pouvoir privilégie la minorité laïque et éradicatrice aux dépens des arabo-islamistes, à l'image de l'administration coloniale qui partageait les Algériens en deux collèges. Mais malgré cette volonté de «reniement» chez les tenants du pouvoir attestée pour lui dans la teneur du rapport Benzaghou, il faut absolument retrouver les trois piliers perdus et «donner le droit à la majorité (comprendre les islamistes) d'exercer le pouvoir et à la minorité le droit à l'opposition». A la fin, le conférencier fera le voeu que l'Algérie revienne dans la sphère arabo-musulmane tout en prédisant que la seconde République algérienne y puisera ses principes.