Le Premier ministre a donné instruction aux organismes financiers afin de se «débureaucratiser» Le gouvernement résolument engagé à mettre en oeuvre le pacte de croissance avec les entreprises économiques, issu de la dernière tripartite, en collaboration avec la Centrale syndicale et le ministère de l'Industrie pour booster la commercialisation du produit local. Sellal, Chérif Rahmani, Sidi Saïd. Trois hommes, un même objectif: relancer la production nationale. Depuis sa nomination à la tête de l'Exécutif, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, n'a pas caché son ambition de relancer la machine de la production nationale. Pour cela, il s'est appuyé sur deux hommes. Son ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Chérif Rahmani ainsi que le patron de la Centrale syndicale, Madjid Sidi Saïd. La tripartite (Gouvernement-Ugta-Patronat) réunie à la fin du mois dernier entre dans ce registre. Le gouvernement s'était résolument engagé dans un véritable pacte de croissance avec les entreprises économiques, qu'elles soient privées ou publiques, sur la base d'une nouvelle relation de confiance. Aussitôt dit, aussitôt fait! Les premiers résultats de ce pacte de croissance sont tombés au début de cette semaine. Le Premier ministre a donné instruction aux organismes financiers du pays afin de se «débureaucratiser». «Le gouvernement a facilité les procédures de crédit ce qui permettra aux entreprises en difficulté financière de se relancer», affirme le Dr Mebarek Malek Serraï, expert international qui a assisté à cette tripartite. Ce spécialiste, qui est aussi le patron du bureau d'études Algeria international consult (AIC) affirme qu'en plus de ces mesures annoncées, il a été décidé de donner une assistance professionnelle aux 48% des entreprises publiques en difficulté. «Pour ce qui est du secteur privé, en plus de la facilitation des procédures de crédit, ceux déjà contractés leur seront allégés», souligne-t-il. Ces dispositions sont là pour préparer le terrain à la réduction de l'importation. «L'objectif étant l'ouverture tous azimuts sur le plan local avec une protection sur le plan extérieur», témoigne-t-il. «Toutes ces dispositions ont un seul objectif qui est la relance de la machine de la production nationale», soutient M.Serraï. Pour la réussite de ce plan d'action le ministère de Chérif Rahmani, en collaboration avec l'Ugta, «a décidé d'organiser des rencontres à travers le territoire national pour vulgariser auprès des entrepreneurs locaux et ouvriers les décisions prises lors de la tripartite», rapporte-t-il. «Cette proposition faite par l'Ugta et acceptée de suite par le ministre de l'Industrie, nous permettra de rapprocher les résolutions au terrain cela afin de confirmer leur applicabilité et aussi tenir compte des spécificités des régions», explique M.Serraï. «Ces rencontres se tiendront du 25 décembre au 24 février dans 10 grandes villes du pays. Elles débuteront à Sétif et finiront à Tizi Ouzou. Juste après, une rencontre nationale sera organisée à Alger», annonce-t-il en précisant que la date de la fin, 24 février a été choisie symboliquement pour qu'elle coïncide avec l'anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures. «En tout cas, une chose est sûre, il y a une bonne dynamique qui a commencé», conclut-il. Sellal, Chérif Rahmani et Sidi Saïd sont, donc, en train de mener cette dynamique d'une main de maître. Mais est-ce suffisant? Relancer la production nationale sans trouver qui la consommer reviendrait au même. Il faudra, donc, que la relance de cette production soit accompagnée par celle de la consommation. Cette réalité n'a pas échappé au patron de l'Ugta pour appeler ses compatriotes à consommer local. À chaque sortie sur le terrain, Madjid Sidi Saïd crie basta à l'importation des produits. «Nos emplettes sont nos emplois», est le message que veut transmettre le patron de l'Ugta aux Algériens. Acheter algérien, produire algérien est de ce fait le réflexe patriotique qui est en train de s'ancrer dans l'esprit des Algériens pour mettre fin aux problèmes du chômage. Toutefois, le constat est connu de tous: les produits algériens sont concurrencés par ceux qui viennent de pays dans lesquels les coûts de production sont largement inférieurs. En plus du coût, la qualité n'est pas toujours, si ce n'est pas tout le temps, au rendez-vous. Ajouter à cela, le fait que la production nationale est très limitée en nombre et en genre. Cela donne à réfléchir sur le fait que ce «mode» de consommation local vient de France. Est-il réalisable dans les conditions économiques actuelles? Néanmoins, les dernières décisions prises par le gouvernement ont le mérite d'enclencher un cercle dans lequel tout le monde gagne. La défense du «made in Algeria» a donc commencé, reste à savoir si elle va arriver à bon port...