Une intervention militaire dans le nord du Mali, est-elle envisageable, à court terme? Alors que la communauté internationale, à commencer par le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, privilégie une solution négociée de sortie de crise, des voix continuent de s'élever pour appeler au passage à l'acte. La Cédéao qui fait de cet impératif son credo, vient d'être contrariée par le chef des putschistes, le colonel Sanogo, qui a mis fin aux fonctions du Premier ministre Cheick Modibo Diarra, arrêté par un commando dans son domicile. C'est le deuxième coup d'Etat en moins d'une année depuis celui qui avait évincé du pouvoir l'ex-président Amadou Toumani Touré. Pourquoi cette nouvelle destitution? La réponse a été on ne peut plus immédiate de la part de la junte: Diarra sert les desseins interventionnistes dans le nord du Mali. Ils faisaient bien entendu allusion à la France et à ses relais au sein même de la Cédéao; cette dernière qui ne rate aucune occasion pour soutenir une intervention militaire dans la région. Mais, la France va-t-elle continuer indéfiniment à s'entêter pour une solution «musclée» au nord du Mali? Tout porte à le croire, puisque dans un article publié, hier par Le Canard Enchaîné, intitulé: Hollande emporte à Alger un dossier malien explosif, citant des services français, fait état de 2500 nouveaux djihadistes arrivés dans le nord du Mali. «Ce renfort d'Egyptiens, de Soudanais et même de Nigérians, permet aux groupes islamistes de disposer aujourd'hui de 6000 combattants bien équipés. Et l'auteur de l'article d'ajouter, ironisant: «Une autre bonne nouvelle, si l'on ose dire, pour les partisans d'une intervention armée: on évalue entre 10 000 et 15 000 les simples porteurs de fusils, qui traînent autour de Tambouctou et Gao.» Citant toujours des sources sécuritaires françaises, Le Canard justifie les réticences mauritaniennes, burkinabè et nigérienne d'envoyer des troupes au Nord du Mali, par les renforts de djihadistes. Par ailleurs, d'après ces mêmes sources la position de l'Algérie, hostile à une intervention militaire, est motivée par le fait que Alger ne serait pas prête «à apporter une aide quelconque à la reconquête du Nord-Mali par une force africaine bénie par les Occidentaux». En somme conclut l'article du quotidien français, «la guerre antiterroriste dans laquelle François Hollande veut entraîner Africains, Algériens, Américains et Européens n'est sans doute pas encore pour demain». Bien vu.