D'abord programmée hier, elle a été reportée «à une date ultérieure», selon l'institution militaire sur sa page Facebook. L'institution militaire met en avant les «réactions qui n'ont pas rempli les attentes». L'armée égyptienne a reporté sine die une rencontre prévue hier entre le pouvoir et l'opposition, censée contribuer à apaiser les vives tensions à l'approche d'un référendum constitutionnel auquel l'opposition appelle à voter «non». Le projet de Constitution controversé sera soumis aux électeurs les 15 et 22 décembre, dans deux zones de vote distinctes d'Egypte, en proie à la plus grave crise politique depuis l'élection en juin de Mohamed Morsi premier président islamiste et civil du pays. Le Front du salut national, principale coalition de l'opposition, a appelé à formellement voter «non» à cette consultation, en exigeant des «garanties» (tenue du vote sur un seul jour, présence d'un juge pour chaque urne ou présence d'observateurs nationaux et internationaux) faute de quoi il pourrait appeler à l'abstention. Il continue aussi de réclamer un report du vote de deux à trois mois, le temps de parvenir à un «consensus» sur un projet de loi fondamentale qui, en l'état actuel, ouvre la voie à une islamisation accrue de la législation et manque de garanties pour les libertés selon l'opposition de gauche et libérale. Le camp présidentiel assure en revanche qu'il permettra de doter le pays d'un cadre institutionnel stable après près de deux ans d'une transition politique chaotique, après la révolution qui a poussé au départ le président Hosni Moubarak. L'armée a quant à elle renoncé à organiser une rencontre très attendue dans l'après-midi entre le pouvoir, notamment M.Morsi, et des personnalités politiques de tous bords, alors que l'opposition avait dit qu'elle était disposée à y participer. Dans un communiqué laconique, l'armée affirme que cette initiative, lancée la veille «au nom de l'amour de l'Egypte» par le ministre de la Défense et commandant des forces armées Abdel Fattah al-Sissi, est «reportée à une date ultérieure» car «les réactions n'ont pas rempli les attentes». Les appels de l'armée à dialoguer pour éviter un «désastre» pour le pays avaient permis à l'institution militaire de se poser en garante de la stabilité, et de retrouver une visibilité inédite après plusieurs mois d'éclipse au profit du président Morsi. La commission électorale a annoncé que le référendum, initialement prévu sur la seule journée du 15 décembre, aurait finalement lieu les 15 et 22 décembre dans deux zones distinctes du pays, une mesure qui pourrait permettre de surmonter le boycott de la supervision du vote par de nombreux magistrats. Les juges pourraient ainsi se déplacer d'une région à l'autre entre les deux tours. Le Caire voterait dès samedi. La plus importante association de magistrats du pays, le Club des juges, a indiqué que 90% de ses adhérents entendaient boycotter la supervision du vote. Le vote des Egyptiens vivant à l'étranger s'est quant à lui ouvert mercredi pour quatre jours. Près de 600.000 Egyptiens expatriés inscrits sur les listes électorales peuvent voter dans 150 représentations diplomatiques. Ce référendum est au coeur de nombreuses manifestations parfois violentes de partisans et d'adversaires du président islamiste qui se sont tenues ces derniers jours. Mardi, des manifestations rivales ont rassemblé des milliers de personnes, devant la présidence dans le quartier d'Héliopolis pour l'opposition, à quelques kilomètres de là pour les islamistes pro-Morsi. Elles se sont déroulées sans incident majeur. Le bilan des affrontements entre partisans des deux camps il y a une semaine est établi à huit morts après le décès du journaliste El-Husseini Abou Deif, du journal indépendant Al-Fajr, blessé le 5 décembre à la tête d'une balle en caoutchouc tirée par un inconnu. L'armée a été appelée par M.Morsi en renfort de la police pour assurer la sécurité jusqu'à l'annonce des résultats. Le calme régnait mercredi aux abords du palais présidentiel.