Un lourd bilan s'établissait hier après les trois attentats suicide commis samedi au coeur de l'Irak chiite. Le bilan des attentats suicide de samedi contre l'université de Kerbala, siège du QG des forces multinationales, sous commandement polonais, et contre le camp logistique de la division multinationale, à l'entrée de la ville de Kerbala, s'est alourdi hier avec la mort de cinq Irakiens qui ont succombé à leurs blessures, portant le total des morts à 18 personnes, dont quatre Bulgares, deux Thaïlandais et douze Irakiens. Le nombre de blessés est quant à lui important, selon les chiffres fournis par l'hôpital Al Hussein de Kerbala et par les pays dont sont originaires les contingents visés par les attaques d'hier. Ainsi, selon l'hôpital de Kerbala il y a 160 Irakiens blessés, dont cinq se trouvaient, selon cette source, dans un état critique. La Bulgarie, qui confirma la mort de quatre soldats du contingent bulgare, a annoncé que 21 autres soldats bulgares figurent parmi les blessés, alors que l'état-major de ce pays avait fait état, samedi, de 27 blessés. Par ailleurs, selon un officier polonais, la Pologne commande la division multinationale, il y a 24 blessés de la coalition, dont cinq Américains, 14 Bulgares (la Bulgarie a avancé hier le chiffre de 21 blessés) deux civils polonais et une centaine d'Irakiens. En fait ces chiffres ne correspondaient plus à la réalité en début d'après-midi d'hier. Notons que les forces de la division multinationale ont fait l'objet de plusieurs attaques en novembre et en décembre de la part de la résistance irakienne, notamment l'attentat suicide de Nassiriyah le 12 novembre contre le contingent italien occasionnant la mort de 19 carabiniers italiens, de même que les sept morts espagnols victimes d'un attentat durant cette même période. La division des forces multinationales placée sous le commandement de la Pologne, alliée et fidèle de Washington, regroupe actuellement quelque 9000 soldats provenant de la Pologne (2 500 soldats), de l'Ukraine (1700), de l'Espagne (1300) de la Bulgarie (480 ) et de la Thaïlande (440), auxquels devrait s'adjoindre bientôt des soldats japonais et sud-coréens. Ces forces de la division multinationale ont été pour l'essentiel concentrées en pays chiite, jusqu'alors le moins touché par les actes de violence et de résistance. De fait, depuis la chute du régime baâssiste, en avril dernier, et l'arrestation de Saddam Hussein, le 19 décembre, c'est la première attaque sanglante qui vise ainsi Kerbala en plein coeur du pays chiite. Il est observé par ailleurs que la guérilla a tendance ces derniers jours de sortir du périmètre de Bagdad et de sa région de lutte contre l'occupation, avec la multiplication des attentats au Kurdistan irakien, portant dès lors la guerre à d'autres régions de l'Irak. Ainsi, après l'attentat à la voiture piégée de mercredi à Erbil contre le «ministère de l'Intérieur» du gouvernement du PDK (parti démocratique du Kurdistan de Massoud Barzani), -donnant la mort de quatre personnes, dont le kamikaze, et occasionnant des blessures pour 101 autres-, un nouvel attentat à l'arme automatique a été perpétré hier contre l'adjoint du directeur de la sécurité du PDK à Erbil, trois gardes étant atteints mortellement. Notons que le Kurdistan irakien dispose de deux «gouvernements» celui du PDK installé à Erbil (nord et ouest) théâtre des dernières attaques de la guérilla, et celui de l'UPK (Union patriotique du Kurdistan de Jalal Talabani) établi à Souleymaniyeh dans la partie orientale. Hier encore, deux engins ont explosé sur le passage d'un convoi militaire américain, tuant un soldat américain et en blessant cinq autres. Deux enfants irakiens ont également été victimes de cette opération. Ce qui porte à dix le nombre de soldats américains tués lors des trois derniers jours. Cette recrudescence des attaques de la guérilla contre la coalition contrarie quelque peu l'optimisme dont ont fait montre les Américains et le Conseil transitoire de gouvernement irakien, qui espéraient une notable diminution des opérations de la résistance après l'arrestation de l'ancien président irakien. Le porte-parole du Conseil transitoire irakien, Hamid Al-Kifai, a indiqué hier qu' «une enquête est en cours pour identifier les auteurs de ces attentats et nous pensons que certains viennent de l'intérieur (de l'Irak) et que d'autres viennent de l'extérieur» sans autres précisions. Le porte-parole du Conseil transitoire irakien affirme aussi «Ce qui s'est passé à Kerbala est un crime qui s'ajoute à la série de crimes terroristes (...) mais cela ne va pas dissuader les Irakiens de reconstruire leur pays et de mettre en place des institutions démocratiques». En fait, loin de répondre aux attentes américaine, l'arrestation de Saddam Hussein ne semble en aucune manière avoir eu une quelconque influence sur la guérilla ni affaiblir les attaques et les harcèlements des forces de la coalition internationale.