Le président français répondant aux questions des journalistes Ce nouvel âge se décline par un changement de méthode, un changement de moment et un changement de contenu. Le président français François Hollande a affirmé hier à Alger qu'il est nécessaire d'ouvrir une nouvelle période. «Après 50 ans d'indépendance, nous sommes capables de jeter un regard lucide et ouvrir une nouvelle page avec le besoin d'aller plus vite et plus loin dans nos relations», a déclaré François Hollande lors d'une conférence de presse qu'il a organisée hier en fin d'après-midi à l'hôtel Sheraton d'Alger. «Ce voyage était nécessaire et marquait le temps d'un nouvel âge entre les deux pays.» Ce voyage «était attendu parce que c'est le premier que je fais comme président de la République, parce que c'est le premier dans cette région, parce que c'est un voyage qui vient en 2012, à un moment forcément symbolique, 50 ans après l'Indépendance de l'Algérie», a ajouté le président Français estimant que ce voyage vient comme un aboutissement «mais aussi comme le temps d'un nouvel âge que je veux engager entre la France et l'Algérie 50 ans après». Ce nouvel âge se décline selon le président français par un changement de méthode, un changement de moment et un changement de contenu dans les relations entre les deux pays. Aussi, a-t-il plaidé pour un «partenariat stratégique d'égal à égal» entre Paris et Alger. «Il y aura donc une déclaration d'amitié et de coopération, c'était la meilleure formule (...) ce document sera suivi par un autre qui est le document cadre du partenariat et qui est un programme de travail sur cinq ans dans les domaines économiques, financiers, culturels, agricoles et même de défense», a-t-il indiqué. Interpellé avec insistance par la presse sur la question de la mémoire, M.Hollande a abordé le sujet en deux temps. Il a d'abord renvoyé la question en affirmant que «les autorités algériennes ne sont demandeur de rien, elles nous ont laissé le libre choix de trouver les mots qu'il faut». Ensuite, il a rappelé qu'il est venu à Alger pour dire la vérité aux Algériens. «J'ai toujours été clair sur cette question, la vérité sur le passé, la colonisation, la guerre avec ses drames, ses tragédies et ses mémoires doit être établie», a-t-il indiqué avant de confier sa volonté de faire en sorte que le passé «ne nous empêche pas de travailler pour l'avenir». Interrogé sur le printemps arabe, il a rappelé que chaque pays a ses propres spécificités. Dans ce chapitre il a salué le courage du peuple algérien resté uni durant les dures moments de la lutte contre le terrorisme affirmant que «le processus de réconciliation et de reconstruction est en marche et qu'il ne reste au Parlement que la révision de la Constitution comme dernière étape des réformes politiques». Le président français a remercié également le peuple algérien pour l'accueil chaleureux qu'il lui a réservé, indiquant qu'il a lui aussi invité le président Bouteflika pour une visite officielle en France, sans avancer de date précise. Au sujet du dossier malien, le conférencier a affirmé que la France et l'Algérie ne divergent pas sur cette question. «L'Algérie joue un rôle très important à la fois pour lutter contre le terrorisme, mais aussi pour favoriser les négociations politiques dans le traitement de la crise au Mali», a-t-il affirmé rappelant que l'Algérie a lutté contre le terrorisme et «elle est en train de nous livrer son expérience». «Le président Bouteflika et moi-même sommes en convergence de vues pour le traitement de la crise du Mali», a-t-il souligné. «Nous pensons qu'il convient de faire le dialogue politique pour que les négociations puissent permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale avec les mouvements et les forces qui luttent directement contre le terrorisme», a ajouté le président Hollande. A propos de la signature de l'accord avec le constructeur Renault, François Hollande a révélé pour la première fois qu'une fois que la société commune sera créée, l'usine pourra alimenter la marché national et exportera vers le continent africain. Pour le président français, ce projet témoigne «de la volonté de coproduction entre l'Algérie et la France». Interpellé sur les victimes des essais nucléaires, M.Hollande a déclaré que la loi d'indemnisation des victimes de ces essais conduits dans le Sahara, «doit être appliquée pleinement». «Je veux que cette loi soit pleinement appliquée, elle ne l'a certainement pas été avec la détermination nécessaire». La loi du 5 janvier 2010 établit les règles d'indemnisation des victimes des 210 essais nucléaires français conduits de 1960 à 1996 au Sahara algérien et en Polynésie française. Enfin, sur le dossier fâcheux des moines de Tibhirine, le président François Hollande s'est contenté de dire qu'il a convenu avec son homologue Bouteflika d'oeuvrer à ce que la justice fasse toute la lumière sur ce dossier. De même que sur la question des droits de l'homme en Algérie, il a répondu qu'il n'est pas venu en donneur de leçons mais qu'il rencontrera la société civile et les parlementaires avec qui il abordera cette question.