«Je suis une féministe irréductible» Etait-ce le bon moment finalement pour évoquer avec elle le sujet du délabrement du Fofa 2012? (Jeudi dernier à Djnane El Mithaq, Ndlr) Existait-il vraiment ce bon moment? Ne lit-elle réellement pas la presse ou feint-elle ne pas entendre? Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Triste de se voir rejeté par le premier responsable de la culture d'un pays, a fortiori, quand il s'agit d'aborder un festival cher à nos yeux et qui, plus est, traite du 7e art, non seulement à l'échelle nationale, mais arabo-maghrébine et au-delà, orientale, donc internationale. C'est un fait, le Fofa 2012 faisait de la peine à voir. Un critique de cinéma égyptien habitué d'Oran, nous déclarait l'autre jour, la tête dans le sable, sans doute par hantise: «Cette année, il n'y a pas eu de festival à Oran. chez nous, avec la moitié de votre budget, le Festival du Caire est nettement meilleur. Avec ce budget, on présente des centaines de films, en plus de l'animation chaque soir. Et quand un cinéaste habite au Japon par exemple, s'il le faut, on le ramène pour présenter son film..» Info ou intox? Vantardise pharaonienne? La 6e édition du Fofa s'est achevée. Et tous s'accordent à dire, n'en déplaise à Mme la ministre que cette édition était un fiasco. Son goût d'inachevé persiste encore bizarrement dans notre tête, comme un leitmotiv. Faut-il s'en réjouir? Serait-ce l'effet Kiss cool qui continue à souffler dans nos neurones et oreilles et faire durer le plaisir? On aurait tant aimé. Pourtant, et c'est là où le bât blesse, le plaisir cinématographique a manqué à l'appel durant cette semaine! Pourquoi tant de gâchis? l'Algérie, tiers-mondiste, fusse-t-elle certes, ne mérite t-elle pas un meilleur festival au diapason des autres festivals arabes dans le monde? Non, Mme la ministre, ce n'est pas avec du «féminisme» qu'on rehausse le niveau de la culture et qu'on redore le blason d'un festival cinématographique qui s'étiole comme un collant qui s'effile... Mépriser l'opinion de la presse et des critiques, conjurer le rôle des médias et son importance publique, c'est insulter toute cette frange de la population qui, elle aussi, a donné chèrement de sa personne pour le combat démocratique dont vous en êtes issue... Refuser de l'admettre, c'est salir encore une fois la mémoire de cette corporation qui continue à payer un lourd tribut pour éclairer les chemins... Sans vouloir être le gendarme de quiconque, un soldat boiteux (pour rester dans le jargon révolutionnaire cher à notre Cinquan-tenaire de l'Indépendance) ne fera jamais un bon régiment et pire, emportera dans son sillage toute une armée dans le chaos et la fange. Si celle-ci - (l'Armée, Ndlr) - ne prend pas garde aux séquelles du passé, ce sont les autre soldats plus féroces et plus développés (festivals de Dubaï, Le Caire, Marrakech, Abou Dhabi etc.) qui le tueront (le Fofa). Si ce n'est déjà fait. Oui, le Fofa mérite cent fois mieux... L'Expression: Parlons un peu du Festival d'Oran du film arabe. J'imagine que vous avez lu la presse et avez eu des échos... Khalida Toumi: Je vais vous décevoir, mais je ne lis pas les journaux, je n'ai pas le temps. Je vais décevoir, vive Mme Henkour, vive Mme Moussaoui, je suis une féministe irrécupérable... Moi aussi je le suis, mais bon, ce n'est pas la question... Vive Mme Hankour et vive Mme Moussaoui, elles font un excellent travail. Maintenant, j'espère que vous allez écrire ce que je vais vous dire, la Maffia avec un grand «M» et un grand «A», la Maffia donc, qui essaie de mettre un siphon entre le budget du ministère et ses poches et son ventre, a tout fait pour que le festival lui soit remis. Elle n'a pas réussi. Vous savez pourquoi? Non pourquoi, Mme la ministre? Parce qu'elle s'est cassé les dents sur un rocher qui s'appelle deux femmes battantes, Mme Henkour et Mme Moussaoui. La programmation cette année laissait à désirer... Vous voulez qu'on parle d'autre chose, mademoiselle, cela ne vous a pas plus, c'est votre affaire. Pas que la programmation, il y a eu des défaillances à plusieurs niveaux... Et je ne suis pas la seule à l'avoir remarqué et pas que les journalistes.. Je n'ai jamais fait un festival pour vous et pour les journalistes... Au risque de vous décevoir, je fais un festival pour les cinéastes, tous métiers confondus et le public. Vous n'êtes ni cinéaste ni public. A partir de là, moi je juge le travail de mes cadres sur cela. Je répète, la Maffia s'est cassé les dents. Elle se cassera les dents tant que je suis là! Il est hors de question que le budget du ministère de la Culture, le budget des festivals aillent dans les poches des boîtes de Com, des enfants, des épouses, des copines et copains de messieurs et mesdames untel. C'est clair. Et à bon entendeur salut!