La meilleure blague de l'année. On la doit à notre ministre des Transports. C'était lundi dernier dernier jour de l'année 2012. Dans un communiqué, notre ministre nous informe qu'il a décidé «de nouveaux réajustements des tarifs, applicables à partir des mardi (hier 1er jour de l'année 2013) pour le transport collectif urbain des voyageurs et du transport par taxi». Entendre par «réajustement» «augmentation». Ce n'est pas encore la blague. Ce n'est même pas dans la nouvelle «grille» publiée. On vous la donne. A titre illustratif, la course des taxis collectifs urbains passe de 20 DA par personne et quelle que soit la distance à 5 DA le km. Celle des taxis individuels est plus «compartimentée». La «prise en charge» passe de 15 à 20 DA. Le km passe de 10,50 DA à 15 DA. Si vous faites attendre le taxi en bas de chez vous, il vous en coûtera 20 DA toutes les 15 mn. Si vous avez des bagages ce sera 10 DA pour chacun d'entre eux qui dépasse les 15 kg. Ce n'est pas encore tout à fait la blague, mais c'est la «mise en bouche». Et enfin et s'agissant des taxis intercommunaux et interwilaya, ce sera 3 DA au lieu de 2 DA le km. Faites le compte selon le trajet que vous comptez effectuer. Le ministre ne le dit pas, mais nous présumons que ces «réajustements» correspondent au taux d'inflation. Sauf que tout ceci relève du virtuel. Que se passe-t-il sur le terrain? Et que vont entraîner, sur ce même terrain, ces «réajustements»? Un terrain que ne peut connaître le ministre qui n'a pas dû recourir au service des taxis depuis des décennies. Les avantages liés à sa fonction l'en dispensent. Alors attendons-nous à voir les tarifs des taxis s'envoler avec frénésie. On voit mal les chauffeurs s'équiper de calculettes et faire les opérations de ces «réajustements» à chaque fin de course. Un rêve qui n'est pas pour 2013. La réalité est que cette décision va servir d'alibi pour mieux «saler» les courses à la tête du client et, disons-le, à la tête du «taxieur». Que les rares chauffeurs scrupuleux et honnêtes nous pardonnent, mais il faut dire qu'ils sont l'exception de l'exception dans une règle implacable. L'organisation de ce secteur souffre depuis de longues décennies de «tares» insondables. Des véhicules à l'état d'épaves faisant d'eux des «tombeaux roulants». Pour d'autres, absence totale d'hygiène. Taximètres «hors service» ou en panne, juste accrochés en ornement. Destination imposée au client. Des taxis individuels dans la forme, mais collectifs à l'usage. Et on en passe. De tout ceci, le ministère s'en lave les mains. Il «pond» des décrets. Comme celui publié en juin dernier sur le JO N°33 «fixant les modalités d'exploitation d'un service taxi et les sanctions prévues à l'encontre des contrevenants à la réglementation». Demander aux clients de se plaindre aux «services concernés» en cas de dépassements n'est pas sérieux. Leur demander de consacrer du temps pour ce faire alors qu'un taxi n'est sollicité, souvent, que dans l'urgence. Un avion à prendre. Un déplacement familial. Un rendez-vous important. Allez remplir des formulaires au commissariat et répondre à des convocations par la suite dans de telles conditions! Les «taxieurs» n'ignorent rien de cela. Le ministre non plus. Il lui suffirait d'envoyer ses contrôleurs incognito qui passeraient pour des clients et sanctionner sur le champ les récalcitrants pour remettre les choses à leur place. Organiser ce qui s'appelle la dissuasion. Le ministre préfère la paperasse (décret, communiqué,...) et le confort douillet des bureaux calfeutrés. Dehors, le client rit jaune. La blague ne passe pas!