Comme partout en Algérie, la crise sévit aussi à El Bahia Comment interpréter le fait que plusieurs dizaines de familles maintiennent toujours leur sit-in devant le siège de la wilaya revendiquant leur droit à un logement décent? L'évacuation des Italidyles, appelés localement «Batimates Taliane (bâtiments italiens, Ndlr)», continuent à donner du fil à retordre aux responsables locaux, notamment le wali d'Oran. Acculés, ces derniers n'ont rien trouvé mieux que de lancer, ces derniers jours, des appels en direction des contestataires pour les raisonner à accepter leur relogement dans des habitations décentes. Cela pour leur éviter une éventuelle catastrophe sanitaire provoquée par l'amiante. «Les occupants des bâtiments italiens vivent dans une situation dramatique», a indiqué le wali d'Oran, ajoutant que «ces derniers qui affrontent de jour comme de nuit les risques de l'amiante sont dans leur majorité, atteints de maladies du cancer et des maladies respiratoires». Aux fins d'appuyer sa thèse, le wali d'Oran a indiqué que «deux expertises ont été menées tout récemment. La première a été effectuée par un laboratoire national et la deuxième par un bureau international. Elles ont prouvé qu'il faut absolument quitter ces lieux». Or, «les occupants des Italidyles continuent à faire la sourde oreille». Au fait, ils revendiquent des logements plus spacieux. Les Turcs à la rescousse La sérieuse problématique qui est ainsi posée peut prendre du temps faute de consensus d'autant que les occupants des Italidyles estiment que l'insistance de la wilaya à les évacuer le plus tôt possible, cache quelque chose d'anormal. «Il y a du louche dans cette affaire. Pourquoi veut-on nous chasser rapidement pour qu'ils nous entassent dans des logements semblables à des boîtes de conserve?» s'est- interrogé un habitant. «Que veulent-ils faire de l'importante assiette foncière abritant nos immeubles? L'ont-ils bradé à des tierces personnes contre un dinar symbolique comme ils ont failli le faire avec la forêt de Canastel?» De telles questions ne trouvent pas de réponses tant le secret continue à entourer le dossier. Les Italidyles sont constitués de bâtiments de plusieurs niveaux réalisés en préfabriqué dans les années 1980 aux abords d'Es Sedikia tandis que leurs occupants ne sont autres que des sinistrés des vieilles bâtisses de Sidi El Houari et plusieurs autres quartiers du centre-ville. «Environ 5000 habitations sociales seront attribuées aux occupants du vieux bâti et à ceux de l'habitat précaire», a indiqué le wali d'Oran, Abdelmalek Boudiaf, ajoutant que «les premières opérations auront lieu à partir du mois de mars de l'année en cours». Les logements sont destinés exclusivement aux occupants des bâtisses menaçant ruine situées dans les quartiers populaires comme Derb, Mediouni, El Hamri et Sidi El Houari. Dans une déclaration, faite exclusivement à L'Expression, le wali d'Oran met en valeur le nombre important de bâtiments réalisés mensuellement par les entreprises étrangères, notamment turques. En ce sens, il a déclaré que «les entreprises turques construisent une moyenne de 28 immeubles chaque mois». C'est dire que la crise du logement n'a pas lieu d'exister dans une wilaya à laquelle l'Etat a accordé d'énormes crédits en finançant des projets pharaoniques, en particulier ceux du logement. Or, on constate de visu que la demande dépasse largement l'offre. Sinon, comment interpréter le fait que plusieurs dizaines de familles, continuent à maintenir leur sit-in devant le siège de la wilaya, revendiquant leur droit au logement. Des préalables et encore des conditions 2013 constituera l'année du relogement, semble vouloir dire le wali d'Oran. «Quelque 6 000 familles des Planteurs d'Oran seront relogées fin 2013 ou au plus tard début 2014», a-t-il affirmé, il y a quelques jours. Cette annonce émane du premier responsable de la wilaya d'Oran qui s'exprimait dans le quartier des Planteurs, situé sur les hauteurs de la forêt du Murdjadjou qui surplombe la ville d'Oran. Et d'ajouter: «Je suis venu rassurer les familles en attente d'un logement décent depuis 2003 parmi les 9000 familles retenues dans le programme spécial initié par le président de la République, qu'elles seront relogées fin 2013 ou au plus tard début 2014.» Sur sa lancée, il a ajouté qu'«il est intolérable qu'en 2012, des familles puissent vivre dans des conditions précaires». Ce qui semble avoir motivé le wali d'Oran à de telles déclarations est la mise à plat de la problématique des assiettes de terrain dont la résolution a pris du temps. «Le problème du foncier, qui faisait obstacle pour réaliser le reste du programme de logements a été réglé et les travaux lancés il y a plus de deux mois», a-t-il indiqué. Dans ce chapitre bien nommé, la wilaya d'Oran vient d'annoncer l'inscription prochaine d'un programme complémentaire pour permettre le relogement d'autres familles qui vivent dans des conditions précaires au niveau des terrains Chabat, Ghazal, le Bon, et Ras El Aïn, pour en finir une bonne fois avec le phénomène de l' habitat précaire et illicite au niveau de ce quartier populeux et populaire habité par plus de 15.000 habitants. Cette panoplie de mesures, qui a été annoncée, est bien sûr conditionnée par l'imposition de plusieurs préalables dont celui de la nécessité de l'assainissement des listes des futurs bénéficiaires. Dans le quartier des Planteurs, le wali n'a pas omis d'évoquer l'installation d'une commission locale pour recenser les habitations précaires. Dans ce cadre, il a invité le comité de quartier à participer à l'effort d'éradication de l'habitat précaire sur le terrain Si Ali, un site supposé être rayé de la carte des bidonvilles pour y planter en lieu et place des arbres. Une enquête... Que des paroles en l'air! Une fièvre s'est emparée de la majeure partie des demandeurs de logements. Dans cette quête du logement, la tricherie gagne davantage de terrain. Cela se passe au moment où on a en vue de ne rien laisser au hasard en ne prenant en charge que les véritables nécessiteux. M.Abdelmalek Boudiaf a, dans ce contexte, annoncé, l'ouverture d'une enquête sur le programme LSP au niveau du site dans la commune d'El Kerma, rattachée administrativement à la daïra d'Es Senia, la finalité est d'assainir les listes des bénéficiaires, d'autant que d'ambitieux projets d'habitat qui portent dans leurs dimensions la réalisation d'un important lot constitué de 30.000 logements publics participatifs dont 10.000 sont actuellement en chantier. «Que des paroles en l'air», ont rétorqué plusieurs demandeurs de logements qui ne cessent de demander «de rendre public les conclusions des enquêtes précédentes principalement celle qui a été décidée en 2008 par le président de la République en personne».