Cette manifestation des chômeurs qui a eu lieu à Ouargla symbolise la détresse de toute une région hautement sensible La région sud du pays connaît régulièrement des troubles dus à divers problèmes sociaux tels que la distribution de logements, le chômage, l'électricité, l'eau... La protestation des chômeurs s'internationalise avec la dernière réaction d'Amnesty International, qui a dénoncé samedi l'arrestation du militant des droits de l'homme Tahar Belabès, lors d'une manifestation de chômeurs à Ouargla. L'ONG internationale s'inquiète même de la situation générale des militants des droits de l'homme en Algérie. L'affaire des chômeurs de Béchar prend donc une nouvelle tournure qui pourrait être très dangereuse... Car cette manifestation des chômeurs qui a eu lieu à Ouargla symbolise la détresse de toute une région hautement sensible. Pourquoi les autorités ne prennent-elles pas de vraies mesures pour améliorer la situation sociale du Sud algérien, confronté ces dernières années à une vague de mouvements de protestation. En 2011, des émeutes ont failli «embraser» la ville la plus riche d'Algérie, en raison de ses gisements pétroliers. Des affrontements entre jeunes chômeurs et forces de l'ordre ont duré plusieurs jours. Les jeunes dénonçaient les entreprises qui préféraient la main-d'oeuvre ramenée des autres wilayas, à celle locale. Des mesures exceptionnelles ont été aussitôt prises par les autorités pour éviter l'irréparable. Mais ces mesures ne semblent pas servir à grand-chose, puisque trois années plus tard, les émeutes de l'emploi perturbent de nouveau la sérénité de cette ville du Sud. Les mesures prises à l'époque ont tout à fait l'air d'un bricolage qui a juste servi à éteindre le feu sans aller à sa source. Habituellement sereines et calmes, les populations du Sud haussent le ton. Désormais, elles expriment leur ras-le-bol de manière éclatante. Déjà, le même jour que les manifestations de Ouargla, mercredi dernier, des émeutes pour le logement avaient éclaté à Biskra suite à un mouvement de colère lié à la distribution de logements. On se souvient également des émeutes de l'électricité qui, l'été dernier, avaient embrasé le Sud. Biskra, Ouargla, El Oued et Adrar ont été les précurseurs de ces émeutes qui s'étaient propagées par la suite aux autres régions du pays. Avant cela, plus exactement en 2008, on avait eu droit à des émeutes d'une rare violence à Ghardaïa. Béchar, Biskra, El Oued, Adrar connaissent aussi régulièrement des émeutes dues à divers problèmes sociaux tels que la distribution de logements, le chômage, l'électricité, l'eau... voire même des matchs de football comme cela a été le cas en novembre dernier à Béchar. De violentes émeutes ont éclaté en réaction à un verdict de la Ligue nationale de football qui a donné gain de cause à l'USMH contre l'équipe locale de la JS Saoura, qui a également été lourdement sanctionnée. Bref, la moindre étincelle allume le feu qui couve. Ce vent d'émeute qui souffle à nouveau sur le Sud algérien est symptomatique d'un profond malaise social. Les problèmes sociaux des habitants du Sud doivent être pris en compte par les autorités, d'autant plus que les revendications formulées sont d'ordre social. Détenus depuis mercredi Six militants de Ouargla relâchés Après plus de quatre jours d'emprisonnement, les chômeurs de Ouargla ont retrouvé leur liberté. Arrêtés mercredi dernier lors des manifestations qui ont touché la ville, Tahar Belabès et cinq de ses camarades ont été relâchés dans la matinée d'hier après leur présentation devant le procureur de la République à Ouargla. Toutefois, les ennuis avec la justice ne sont pas encore terminés pour ces six militants des droits de l'homme. Ils devront se présenter à leur procès qui se tiendra le 20 janvier prochain. Ils comparaîtront pour attroupement, destruction de bien d'autrui et atteinte à un agent de l'ordre public.