Les postiers de la wilaya de Béjaïa, ont observé, hier matin, un rassemblement devant la direction d'Algérie Poste. Cette action de protestation arrive en appui au mouvement de grève lancé avant-hier par le conseil syndical de la coordination de wilaya d'Algérie Poste. La paralysie de l'activité postière était de mise durant toute la journée d'hier. Les 110 bureaux de poste que compte Algérie Poste à Béjaïa ont été désertés, par leurs employés qui se sont déplacés au chef-lieu de la wilaya pour prendre part au rassemblement de protestation devant le siège de la direction. Dans la cour du siège de la tutelle locale, les postiers frondeurs affichaient une détermination qui n'a d'égale que le poids des insuffisances qu'ils endurent depuis des années. Au cours de cette manifestation, ils devraient décider du retrait de confiance à un membre du conseil de wilaya accusé d'avoir mené un travail de sape durant le premier jour de grève. Une plate-forme de revendications a été déposée auprès de qui de droit, en l'occurrence la direction de tutelle. Dans une lettre adressée au directeur général d'Algérie-Poste, les travailleurs d'Algérie Poste ont formulé de nombreuses revendications. On notera ainsi, augmentation des salaires et le paiement selon le positionnement, non appliqués à ce jour, une meilleure gestion des carrières, l'amélioration des conditions matérielles du travail dont le parc automobile, le matériel vieillissant, le renforcement des effectifs. Plusieurs bureaux de poste fonctionnent, en effet, avec un seul agent, qui fait à la fois le facteur, l'opérateur sur machine et assure bien dautres services pour le client en même temps. Les postiers ont déploré également l'exiguïté des locaux, qui sont loin des normes requises pour l'exercice convenable de leur travail. Le cas du bureau de poste de Sidi Aïch est à ce titre assez illustratif du retard accusé en la matière. Datant de l'époque coloniale, cette structure, dont la demande d'extension remonte à l'année 2005, est visiblement dépassée et nécessite en soutien l'ouverture de nouveaux bureaux. Autant d'insuffisances, qui sont à l'origine des rixes devenues légion dans de nombreux bureaux de poste de Béjaïa. C'est plus que jamais l'occasion de s'imposer, pensaient hier les postiers, déterminés à maintenir leur mouvement de protestation. Agissant à titre de solidarité avec leurs pairs au niveau national, en grève depuis dimanche dernier, les postiers de Béjaïa refusent eux aussi d'obtempérer aux ordres de reprise de travail. «Convaincus de la justesse» de leurs revendications mais pas du caractère jugé «illégal» de la grève, encore moins les lourdes sanctions proférées à leurs encontre, ils sont décidés à aller jusqu'au bout de leur mouvement afin de faire aboutir leurs revendications ô combien nombreuses. Les postiers des différents bureaux de poste de la wilaya de Béjaïa affichaient, hier, à la fois colère frustration face aux réponses opposées par leur tutelle. «Nous avons déposé une plate-forme de revendications, qu'ils l'appliquent et tout rentrera dans l'ordre», affirmait un syndicaliste. C'est la dégradation continuelle à tous les niveaux, notent d'autres interlocuteurs qui précisent que «rien n'a été fait, ni pour l'entreprise ni pour les salariés, qui souffrent d'un manque cruel de matériels et qui exercent dans des conditions difficiles et la plupart d'entre nous sont au même poste depuis plus de 30 ans. Aucune promotion possible», lancent les manifestants, décidés à en découdre avec leur tutelle.