L'Algérie suit avec une grande préoccupation la situation sur le terrain A la lumière des déclarations du porte-parole du ministère des AE, l'Algérie qui continue de croire à une solution négociée, n'a jamais écarté le recours à l'action militaire. La France vient d'actionner sa machine de guerre au nord du Mali. Prétextant l'offensive des djihadistes d'Ansar Eddine, sur Mopti, deuxième ville du Mali, Paris aura trouvé l'argument tant recherché pour lancer ses troupes, prêtant main forte au pouvoir central de Bamako. C'est faisant suite à la demande du président malien par Intérim, Dioncounda Traoré, que François Hollande met en branle la stratégie va-t-en-guerre de la France. L'Algérie, qui depuis le coup d'Etat militaire contre le président Amadou Toumani Touré et ensuite l'annonce par le Mouvement national de l'Azawad de l'autonomie du Kidal, s'est toujours exprimée pour une solution politique négociée entre les belligérants, se retrouve devant le fait accompli. Une situation exceptionnelle qui nécessite une attitude tout aussi exceptionnelle. Réagissant aux nouveaux développements, M Amar Belani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, tout en affirmant que l'Algérie suit avec une «grande préoccupation» la situation, estime que l'intervention étrangère au Mali, avec l'engagement des troupes nigérianes, sénégalaises et françaises aux côtés de l'armée malienne, est une «décision souveraine» du Mali qui a lui-même demandé l'aide des puissances amies. Sur un autre chapitre, Belani affirme que «l'Algérie condamne avec la dernière énergie les incursions et les attaques menées par les groupes terroristes dans la région de Mopti qu'elle considère comme une nouvelle agression contre l'intégrité territoriale du Mali», a-t-il affirmé. Par cette position, l'Algérie a répondu par la réciprocité à la volte-face d'Ansar Eddine qui, à travers son action radicale, a violé les accords d'Alger. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a rappelé que l'Algérie «a fermement appelé les différents groupes de la rébellion respectueux de l'intégrité territoriale du Mali et n'ayant aucun lien avec le terrorisme à s'engager dans la recherche d'une solution politique». Avant de poursuivre que «l'Algérie inscrit son action dans la continuité, la cohérence et la globalité de la résolution 2085 du Conseil de sécurité et dans le respect de sa mise en oeuvre pour la prise en charge des dimensions politique, humanitaire et sécuritaire de la crise malienne». Ce n'est pas tout, puisque l'Algérie «exprime son soutien non équivoque aux autorités maliennes de transition avec lesquelles le gouvernement algérien entretient des relations de coopération multiforme, y compris dans le domaine militaire» et «tient à assurer le peuple du Mali de sa fraternelle solidarité afin qu'il puisse recouvrer sa pleine souveraineté sur toute l'étendue de son territoire national». N'est-ce pas une façon, en évoquant la coopération militaire, que l'Algérie se tient prête à toute action militaire. Mais comme elle s'interdit toute ingérence ni intervention dans un pays souverain- un des principes fondateurs de sa diplomatie- l'Algérie va-t-elle cette fois enfreindre cette règle, d'autant plus que le danger est à nos frontières? L'Algérie va-t-elle donc revoir sa copie vis-à-vis du dossier malien, à l'ombre des nouveaux développements? A priori, non, puisqu'à l'issue de la rencontre tripartite de Ghadamès, regroupant les ministres de l'Intérieur algérien, tunisien et libyen, le chef de l'Exécutif algérien, Abdelmalek Sellal a réitéré la position de l'Algérie, en faveur d' «un dialogue politique» entre les belligérants. Ainsi, à la lumière des déclarations du porte-parole du ministère des AE, l'Algérie qui continue de croire à une solution négociée, n'écarte pas, par la même, le recours à l'action militaire. Ce que le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, n'a pas écarté, lors de la visite du président François Hollande en Algérie, en inscrivant le recours à la force au nord du Mali parmi les options à envisager.