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Médias et experts américains confortent l'Algérie
Publié dans L'Expression le 22 - 01 - 2013

Il aura fallu attendre cette prise d'otages sanglante pour que presse et experts américains se rendent à l'évidence que la montée du terrorisme est la conséquence fâcheuse de l'intervention de l'Otan en Libye.
Revenant sur l'attaque terroriste qui avait ciblé les installations gazières de In Amenas, la presse américaine, dans sa majorité, a admis que la crise des otages de Tiguentourine, la guerre au Mali et la mort en septembre dernier de l'ambassadeur des Etats-Unis en poste à Benghazi, sont les conséquences de l'opération de l'Otan contre la Libye en 2011. Sous le titre «les attaques djihadistes en Afrique du Nord révélant le côté sinistre du printemps arabe», le New York Times, dans sa livraison de dimanche, n'est pas allé par quatre chemins pour souligner que «l'Algérie avait pourtant mis en garde des répercussions sur la région de l'Afrique du Nord de toute intervention militaire en Libye pour l'éviction de Mouamar El Gueddafi». Tout comme l'Algérie, l'ancien dirigeant libyen avait averti contre les conséquences d'une intervention militaire des forces de l'Otan, qui mettrait en danger tous les peuples de la région et les plongerait dans le chaos et la peur. Selon l'expert américain, Robert Malley, «c'est l'un des aspects les plus sombres des soulèvements arabes». Dans son analyse, il n'a pas manqué de souligner que «la prolifération des armes en Libye, la désorganisation de ses services de sécurité et la porosité des frontières sont une aubaine pour les jihadistes». A en croire le New York Times, l'attaque terroriste qui avait été lancée contre les installations gazières de In Amenas n'est pas fortuite et reflète le chaos qui règne en Libye depuis deux ans». Selon ce journal, les hommes qui se battent sous la bannière du jihad, ont amassé des fortunes colossales grâce, notamment, au trafic de drogue et autres activités criminelles. Après la chute de l'ex-homme fort de la Jamahiriya, la situation s'est nettement dégradée. La crise malienne et ses répercussions sur la région du Sahel a été, aussi, abordée par le journal. Selon lui, l'Algérie est un pays crucial sur lequel la France et les Etats occidentaux comptent pour combattre le terrorisme en Afrique du Nord. Or, tout le monde sait que l'intervention militaire au Mali risque de pousser les populations et surtout les terroristes fuyant les zones de combat à venir se réfugier en Algérie. Elle a toujours été une terre d'accueil et ne ménagera aucun effort pour prêter aide et assistance aux réfugiés. Elle l'a fait avec les réfugiés syriens, mais elle n'acceptera jamais de revenir aux années quatre-vingt-dix durant lesquelles elle a énormément souffert à cause, précisément, du terrorisme. Ses réticences quant à l'intervention militaire au Mali sont on ne peut plus fondées. C'est en tout cas ce qu'estime le New York Times «Les réticences de l'Algérie pour une vaste campagne militaire au Mali s'expliquent par les risques qu'elle comporte dans la mesure une action internationale contre la prise de contrôle islamiste dans le Nord malien pourrait pousser les groupes terroristes vers le Sud algérien.»
Divisés sur la question, de nombreux experts et l'administration d'Obama reconnaissent la difficulté de la tâche et ont du mal à déterminer le type de menace qui pèse sur leur pays avec l'expansion du terrorisme en Afrique du Nord et au Sahel. Pendant que certains appellent à un rôle plus actif des USA, d'autres recommandent la prudence et la sagesse parce que, considèrent-ils, une réponse plus musclée serait néfaste aux Américains et les discréditeraient aux yeux des populations des pays qu'ils sont supposés aider.
La revue Foreign Policy considère, pour sa part, que «le mode opératoire pour lequel a opté l'Algérie pour mettre fin à la prise d'otages du cite gazier d'In Amenas a été non seulement une réponse à une crise particulière, mais il a été un signal pour l'avenir». «Si cette attaque terroriste a été conçue comme un changement dans le jeu des terroristes, destinée à annoncer de futures attaques, l'Algérie a envoyé un signal clair que cette tactique ne réussira pas», écrit l'expert Geoff Porter, géopoliticien et spécialiste des questions africaines. Outré par certaines critiques adressées à l'Algérie suite à son intervention musclée pour libérer les otages, il a rétorqué que la crise était le résultat direct de l'ingérence étrangère en Afrique du Nord et au Sahel». Rappelant les multiples avertissements que n'avait cessé d'envoyer l'Algérie sur les risques d'un conflit aux conséquences désastreuses pour les pays de la région en cas d'intervention militaire en Libye, ce spécialiste partage la même analyse que l'Algérie qui avait craint que les armes larguées en Libye soient récupérées par les terroristes. Par conséquent, «la communauté internationale est indirectement responsable de ce qui s'est passé dans le site gazier de Tiguentourine, et elle est mal placée pour dicter à l'Algérie comment elle aurait dû agir».
Pour l'ancien directeur de la DST, Yves Bonnet, aucune option que celle retenue par l'Algérie n'était concevable. Dans une déclaration, lundi, à l'APS, cet expert français du renseignement a indiqué que «aucune option que celle retenue par l'Algérie n'était concevable, ni possible, ni politiquement, ni tactiquement, sur le terrain, seuls les services de l'armée algérienne possédaient la connaissance et la capacité interventionnelle propre à assurer le succès».
Convaincu que les forces spéciales de l'armée algérienne ont accompli admirablement leur tâche, en libérant les otages après avoir mis hors état de nuire les assaillants, l'ex-patron de la DST et actuel président du Centre international de recherche et d'études sur le terrorisme et d'aide aux victimes du terrorisme, a tourné en dérision ceux qui pensent ou croient que les services étrangers auraient mieux géré la situation. «Prétendre que les services étrangers auraient mieux fait, relève de l'imbécilité pure», a-t-il souligné. Selon lui, «tout connaisseur de ce type de guerre sait parfaitement que la connaissance des lieux, des assaillants, des conditions de combat est plus fondamentale que le maniement des explosifs, des armes spéciales et autres gadgets».


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