Certaines unités de transformation détournent la poudre de lait pour fabriquer yaourt, beurre ou fromage. La qualité du lait en sachet est devenue de plus en plus médiocre. Il suffit d'ouvrir un sachet pour s'en rendre compte. La quantité d'eau est impressionnante lorsque ce n'est pas simplement de l'eau blanchâtre sans compter l'odeur qui s'y dégage! Les différentes associations activant dans la protection des consommateurs indiquent que cette situation est due au non-respect des normes de qualité, à savoir des caractéristiques physico-chimiques de cet aliment, sa teneur en matière grasse et en protéines, ainsi que des nombreux mécanismes de contrôle et de prévention exercés par des différentes instances pour préserver l'innocuité de ce produit essentiel. Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), a affirmé que ces derniers temps, en plus des consommateurs, les commerçants plaident aussi contre la qualité du lait. «Le taux de l'eau est supérieur au taux légal», a-t-il remarqué. «Certains d'entre eux, a-t-il souligné, ont arrêté de vendre ce produit suite aux différentes plaintes des consommateurs.» Reconnaissant le flagrant manque des laboratoires de contrôle, Boulenouar a signalé que certaines unités de transformation détournent une partie de la poudre destinée à la fabrication du lait pour fabriquer d'autres dérivés: yaourt, beurre ou fromage. Ce qui est strictement interdit puisque l'Etat subventionne ce produit de base pour couvrir le déficit enregistré en la matière, soit plus de 60%. Ce fait remet en question la sécurité des consommateurs algériens qui consomment plus de 1,3 milliard de litres fabriqués essentiellement avec de la poudre importée. C'est ce qui suscite des réactions chez eux. La plupart d'entre eux préfèrent acheter carrément du lait en poudre importé même si c'est cher. Ceci se passe au moment où l'Etat débourse annuellement des sommes colossales rien que pour importer du lait en poudre transformé en lait en sachet au niveau des 15 laiteries publiques et plus de 110 laiteries privées au niveau national. M. Mohamed Chérif Ould Hocine, directeur général de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) a affirmé, hier, lors de la réunion de la commission de l'agriculture, de la pêche et de l'environnement de l'Assemblée populaire nationale (APN) que le soutien annuel de l'Etat au secteur du lait et à la production du lait varie entre 46 et 47 milliards de DA dont une partie de cette subvention est consacrée au lait en poudre et frais, outre les subventions destinées à cette filière. La subvention de l'Etat pour le lait en poudre connaît une augmentation constante depuis 2010 pour atteindre près de 26,6 milliards de DA en 2012. Insistant sur la mission de l'Onil qui est de veiller à la régulation du marché du lait en sachets subventionnés et la régulation des produits de base à travers la distribution du lait en poudre, le directeur de l'Onil a fait savoir que pas moins de 155.000 tonnes de lait en poudre ont été distribuées aux laiteries l'année dernière. De plus, la quantité dont dispose l'office est suffisante pour couvrir la demande nationale jusqu'à août prochain. Il est à noter que l'Algérie est classée deuxième au monde en matière d'importation de poudre de lait dont la facture a atteint plus de 700 millions de dollars l'année dernière. De ce fait, l'Algérie est appelée à réduire cette facture en encourageant la production locale et pourquoi pas, atteindre l'autosuffisance en matière de lait frais, dès lors qu'on dispose de tous les moyens humains et financiers. A ce propos, Ould Hocine a indiqué qu'«en 2012, près de 750 millions de litres de lait frais ont été collectés au sein des 177 laiteries qui le produisent en estimant que la production devrait augmenter à 800 millions de litres en 2013 grâce au soutien fourni aux importateurs de vaches laitières». Le secteur laitier a connu dernièrement une évolution constante en termes de quantité, traduite par la disponibilité du lait en sachet à l'exception de quelques dysfonctionnements au détriment de la qualité qui s'est dégradée.