Les transformateurs utilisent la poudre au prix subventionné par l'état pour la fabrication de produits dérivés tels que les fromages et les yaourts. “Il n'y a ni crise ni pénurie. Il existe par contre un dysfonctionnement dans la fabrication et la distribution.” Le président du comité interprofessionnel de la filière lait, M. Mahmoud Benchekour, réfute toute idée évoquant une crise de lait en Algérie. Il en veut pour preuve les quantités suffisantes évaluées à 225 000 tonnes de poudre importées durant l'exercice actuel. Pour l'année 2010, un surplus de près de 15 000 tonnes de poudre ont été introduites en Algérie par rapport à 2009. Toutes les unités de transformation ont, selon lui, reçu les quotas qu'elles ont commandés pour faire face aux besoins de la population de leurs régions respectives. “L'arrivage de ces quantités enregistrerait peut-être des retards, mais mensuellement, ces usines reçoivent leurs marchandises pour la fabrication de lait”, précise M. Benchekour. Le président du comité explique la pression qui s'exerce sur ce produit par le fait qu'il est bon marché. Fixé à 25 DA le litre, le lait pasteurisé conditionné (LPC) devient une filière qui “suscite des convoitises”. Or, ce “produit ne va pas souvent là où on souhaite qu'il aille”, déplore-t-il. Même s'il ne le dit pas, M. Benchekour fait allusion à l'usage de cette poudre pour la fabrication d'autres produits dérivés tels que les fromages et les yaourts. Les transformateurs réalisent des chiffres d'affaires importants grâce à ces produits, fabriqués à partir d'une matière première (poudre) dont les prix sont subventionnés par l'état… D'où la rareté du lait en sachet dans quelques régions. Devant pareille situation, précise Mahmoud Benchekour, la ménagère, l'épicier, le livreur recourent au stockage du lait. Ce qui, par conséquent, provoque une baisse dans les quantités destinées initialement à la consommation des ménages. Pour mettre fin à cette épineuse problématique, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural (Madr), a soumis une feuille de route à tous les acteurs de la filière dans laquelle il a arrêté une batterie de mesures. Mardi dernier, c'était au tour du comité d'étudier l'application sur le terrain de ces décisions à compter de janvier 2011. Parmi ces mesures, l'on cite la répartition géographique de la poudre de lait. En termes plus clairs, les transformateurs seront désormais responsabilisés quant à la disponibilité du lait dans la région où ils sont implantés. Ils passent la commande de poudre auprès de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) suivant le nombre de consommateurs à approvisionner. Quantités de poudre réduites pour le transformateur n'utilisant pas le lait cru En cas de pénurie, leur responsabilité est engagée. à travers ce nouveau dispositif, le Madr veut assurer une meilleure disponibilité du lait en sachet d'un litre, sur le marché en quantités suffisantes, estimées à 1,2 milliard de litres/an. Pour cela, les laiteries publiques sont “mises sous sujétions publiques” afin de fabriquer au moins 50% des quantités de LPC mises sur le marché national. Ils bénéficieront, de ce fait, de poudre de lait à prix subventionné. Les unités privées seront, quant à elles, sollicitées par voie de réponse à la manifestation d'intérêt annuel, à participer à couvrir les 50% restants, “sous réserve de répondre aux conditions édictées dans un cahier des charges joint à l'appel à manifestation suscité”, est-il explicité dans une note émanant du Madr. La priorité sera accordée, explique-t-on, aux laiteries qui participent au développement de la production nationale et à l'effort d'intégration. Ainsi, la tutelle encourage l'utilisation du lait cru dans la production du LPC. Car, les cours de la poudre sur les marchés internationaux ne cessent d'augmenter. Cette hausse régulière se répercute inévitablement sur les dépenses du Trésor public d'autant plus que les prix de la poudre sont subventionnés. “L'année dernière, le soutien de la poudre était de 10 DA/litre en sachet. En 2010, il est à 15 DA/litre. Il se pourrait qu'il atteigne 20 ou 25 DA l'année prochaine”, avoue M. Benchekour. Des mesures incitatives sont donc prévues dans la feuille de route du ministère de l'Agriculture pour la récolte du lait cru et son utilisation par les transformateurs. Rares sont, toutefois, ces producteurs qui en font usage. Le département du Dr Benaïssa oblige néanmoins ces transformateurs à récolter et utiliser toutes les quantités de lait cru sinon ils verront leurs quotas en poudre diminuer.