A chaque fois, le coup fut rude pour les wilayas de Tamanrasset et d'Illizi, régions touristiques par excellence dont l ́économie repose essentiellement sur l'activité touristique Après l'attaque du site gazier d'In Amenas par un groupe terroriste, la France a déconseillé à ses ressortissants tout déplacement vers le sud du pays tandis que les Etats-Unis ont décidé de rapatrier les familles de leurs diplomates en poste à Alger. Un coup dur. L'économie algérienne, qui repose essentiellement sur ses exportations en hydrocarbures n'en pâtira pas. C'est par contre, la catastrophe annoncée pour les populations de l'extrême Sud du pays qui vivent de l'activité touristique. Les villes de Djanet et Tamanrasset seront certainement les principales victimes collatérales de cette action terroriste. Il faut aussi relever que cet événement intervient au moment où le débat est engagé autour de la question de la mise en oeuvre d'une économie productrice de richesses pour affranchir l'Algérie de sa dépendance par rapport au gaz et au pétrole. Lorsqu'il est développé, le secteur du tourisme est un important créneau générateur de devises et d'emplois. Quelque 500.000 au Maroc qui, bon an mal an, attirent une dizaine de millions de touristes. Près de 400.000 en Tunisie qui frôlait la barre des 8 millions de visiteurs avant la révolution du Jasmin. Cette industrie a brassé durant l'année 2010, 12,6 milliards de dollars au Maroc et près de 7 milliards de dollars la même année en Tunisie indiquait L'Expression dans son édition du 15 décembre 2011. Et l'Algérie? Elle demeure à la traîne. Les exportations hors hydrocarbures tous secteurs confondus ne lui ont rapporté que 2,18 milliards de dollars en 2012. En ciblant les touristes européens, surtout français, elle s'est fixé comme objectif d'attirer 2,5 millions de touristes pour l'horizon 2015 grâce aux potentialités attestées que recèle le Grand Sud (peintures rupestres, majesté des sites, faune, flore...). Cela semble vouloir tomber à l'eau. Après l'attaque du site gazier d'In Amenas par un groupe terroriste, la France a fortement déconseillé à ses ressortissants tout déplacement vers le sud du pays tandis que les Etats-Unis ont décidé de rapatrier les familles de leurs diplomates en poste à Alger. «Jusqu'à nouvel ordre, tout déplacement est formellement déconseillé à nos ressortissants au sud et au centre de l'Algérie... Dans le reste du pays, il est rappelé que les déplacements sont déconseillés sauf raison impérative», indiquait une note de dernière minute, publiée sur le site du Quai d'Orsay après la tentative de rapt de travailleurs étrangers du complexe gazier d'In Amenas. «En raison de la persistance d'un risque terroriste élevé dans la région... lié notamment à la poursuite des opérations militaires en cours au Mali et des menaces qui ont été proférées par les organisations terroristes, la plus grande prudence s'impose à tous nos ressortissants résidant en Algérie ou prévoyant de s'y rendre», poursuit le communiqué des services du ministère français des Affaires étrangères, mis à jour le 21 janvier. Le département d'Etat américain lui a emboîté le pas. «Le gouvernement américain considère les menaces potentielles sur les fonctionnaires diplomatiques assignés à Alger suffisamment sérieuses pour exiger qu'ils vivent et travaillent sous des restrictions sécuritaires significatives», recommande un communiqué rendu public le 20 janvier par l'ambassade des Etats-Unis à Alger. Dans un bulletin, publié le 7 octobre 2010 sur le site du Quai d ́Orsay, Paris avait déjà recommandé à ses ressortissants d ́éviter la destination Algérie après l'enlèvement de cinq de ses ressortissants au Niger. «En raison des menaces actuelles dans la zone sahélienne, il est recommandé aux Français résidents ou de passage de limiter leurs déplacements au strict nécessaire, plus particulièrement dans le Grand Sud, et de faire preuve de la plus extrême vigilance», avaient prévenu les services diplomatiques de l'Hexagone. Une mise en garde qui a mis un coup d'arrêt à l'afflux des visiteurs attendus. Le secteur du tourisme, une des principales activités économiques, qui assure des revenus, loin d'être mirobolants, à des dizaines de familles à Djanet, Tamanrasset... a dû aussi subir les contrecoups de la tragédie nationale puis plus directement ceux de l'enlèvement des touristes étrangers. 32 touristes allemands, suisses, hollandais et autrichiens ont été enlevés par plusieurs groupes, en février-mars 2003 dans le Sahara algérien par le Gspc (Groupe salafiste pour la prédication et le combat). Une touriste italienne avait subi le même sort au début du mois de février 2011. Le rapt a eu lieu au sud de la ville de Djanet, à 90 km de la frontière avec le Niger. A chaque fois, le coup fut rude pour les wilayas de Tamanrasset et d'Illizi, régions touristiques par excellence dont l ́économie repose essentiellement sur l'activité touristique (cuisiniers, guides, chameliers, âniers, artisanat...) qui bat son plein d'octobre à février-mars. Nouveau coup du sort: la prise d'otages de Tiguentourine et l'intervention militaire au Mali semblent les avoir replongées dans le coma...