Amina Zoubir devant son installation in situ Se déroulant au Musée l'hospice Saint-Charles à Rosny-sur-Seine en France, l'expo est ouverte jusqu'au 10 février. Après ses vidéos remarquées cet été dans le Web doc «Un été à Alger» où elle s'est distinguée à promouvoir le rôle de femme sans tomber dans le cliché du féminisme, mais avec fraîcheur, légèreté et pertinence tout de même dans le propos, nous retrouvons l'artiste plasticienne en ce début d'année dans un autre nouveau challenge qu'elle a su relever haut la main et pour cause! Amina Zoubir a été chargée de monter une grande expo collective dont elle est la commissaire. Se déroulant au Musée l'hospice Saint-Charles à Rosny-sur-Seine, en France, cette manifestation regroupe ainsi huit artistes, toutes disciplines confondues (vidéo, installations, peinture, photo etc. Ces artistes sont Assila Cherfi, Rachida Azdaou, Amina Zoubir, Sofia Hihat, Mustapha Sedjal, Tarik Ilès, Sadek Rahim, Mehdi Djelil. Tous ont cette particularité d'être jeunes et passionnés d'art et constituent incontestablement le nouveau visage de la scène artistique algérienne de demain. L'espace comporte trois grandes salles de 70 m2 ainsi que le cloître à l'extérieur du musée. C'est Amina Zoubir qui s'est chargée également de la scénographie. Cette expo a été conçue explique la commissaire, d'abord comme «un manifeste de la diversité des expressions artistiques que proposent ces artistes algériens, soulignant ainsi les mutations que connaît la scène culturelle en Algérie» et ce, précise-t-elle «après les évènements du Printemps arabe en 2011 et les festivités du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie en 2012». Et de renchérir: «Héritiers d'une mémoire, ces jeunes artistes confirmés, présentés lors de cette exposition d'art contemporain, témoignent chacun par un médium différent (installation, dessin, sculpture, vidéo, peinture, photo, installation sonore, création graphique). Ils nous soumettent leurs réflexions et leurs visions sur des questions d'absence, d'exil, de religion, d'identité... sans principe ni certitude, il s'agit d'un regard neuf sur le monde qui nous entoure.» Ainsi, Mehdi Djellil, qui commence à se faire connaître sur la place d' Alger après avoir exposé tour à tour au Box 24, au CCF, puis dernièrement à l'école Artissimo dans le cadre de «Picturie Générale» débarque à Paris à travers ses peintures fantasmagoriques qui mettent du baume au coeur. Avec le froid hivernal qui règne en France, ses tableaux doivent assurément insuffler bonhomie, sourire et chaleur. Présent, notamment avec Fable grotesque, une peinture sur toile énorme (207 x 95 cm), Mehdi Djelil y propose une vision fantastique dans laquelle flottent des poisons, des silhouettes clownesques et autres bouffons du roi comme sortis tout droit d'un film de Tim Burton. Connu plus comme photographe, Tarik Ilès propose, quant à lui, plusieurs créations graphiques (peinture, gouache sur papier). Une partie déclinée en peinture abstraite multicolore et l'autre en semi-abstrait en noir et blanc mettant en exergue des portraits floutés de visages féminins, notamment. Amina Zoubir pour sa part vous invite à découvrir sa vidéo de deux minutes intitulée «Fruit de la passion». Aussi, un néon haute tension sur lequel on peut lire en arabe «il est temps au bonheur» sans oublier cette installation réalisée in situ dévoilant sur un mur quatre robes en résine, le tout placé sous le générique «we all came by the way of woman». Des robes qui ne sont pas sans rappeler une de ses vidéos lesquelles s'inscrivent dans le cadre de «Un été à Alger». Un travail artistique qui questionne souvent «le rapport hommes/femmes», une démarche qui revient comme un leitmotiv à travers ses différentes créations. Une manière qu'a l'artiste de vouloir prendre ses responsabilités dans la société, tout en aspirant à accorder à la femme sa place, aussi, dans le monde. Vivant et travaillant actuellement à Milan, Assila Cherfi, par ailleurs, beaux-artiste algérienne, membre du Box 24 expose également dans le cadre de cette expo en France. Après avoir assuré un workshop cet été dans l'art vidéo, ayant également présenté une installation à la «Picturie Générale», Assila Cherfi, qui a l'imagination fertile, propose ici en plus d'une installation sonore, une vidéo en noir et blanc, tirée des images d'archives de la télé américaine (1934-1940). Une oeuvre intitulée «Mauvaises racines». Notons que les travaux de Assila sont basés le plus souvent sur la conception de dispositifs qui utilisent des assemblages d'images, de sons et d'idées qui créent un pont entre les images et l'imaginaire, comme c'est le cas ici. Sofia Hihat semble s'intéresser, pour sa part, à l'humain et son rapport inquiet avec l'autre, puisque ses dessins en noir et blanc expriment plusieurs figures, soit en attente de quelque chose, en mouvement, soit immobiles. Des instantanés fugaces angoissants et des bribes de collage, comme autant de fragments de vie. Pour sa part, Rachida Azdaou présente une installation présentoir de dessins en noir et blanc baptisée «Nature et mort». Une série de cartes postales originales, un peu macabres en fait... Voici donc une expo à ne pas rater si vous êtes dans les parages d'ici le 10 février à Rosny-sur-Seine.