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"Je regrette d'avoir fait Automne..."
MALIK LAKHDAR HAMINA, REALISATEUR ET COMEDIEN À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 31 - 01 - 2013

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De la tendresse dans le regard et de la simplicité qu'on pourrait presque confondre avec de la naïveté, Malik Lakhdar Hamina a cette attitude chevaleresque que seuls les grands ont. C'est avec affabilité qu'il nous reçoit dans son bureau où il prépare ardemment le nouveau film de son père, Le Crépuscule des ombres dont il est le directeur artistique. Entre regret, rage et détermination, mais une lucidité accrue sur l'actualité, Malik Lakhdar Hamina déroule avec nous les pages des souvenirs en remontant le temps jusqu'à son fameux film culte, Automne, octobre à Alger, qui n'a trouvé ni soutien, ni écho en Algérie. Entre espoir et amertume, l'artiste qu'il est, refuse d'abdiquer pour autant devant ses détracteurs et, avec acharnement, est bien décidé d'aller jusqu'au bout de son rêve, sa passion, son métier, le cinéma...
L'Expression: Votre film Automne, octobre à Alger est sorti en 1994, mais tourné en janvier 1992, comment pense-t-on à faire un film sur les événements d'Octobre 1988 juste à quelques années d'intervalle après, sans assez de recul et en plus, à même pas la trentaine?
Malik Lakhdar Hamina: Le lendemain de 1988, je me suis mis à écrire. Je trouvais qu'il se passait des choses. C'est vrai que j'étais artiste fêtard, mais j'ai toujours eu des opinons politiques. On est politisé dans la famille et quand il y a eu octobre, je me suis dit que cela ouvrait une nouvelle ère à notre pays. On était tous enthousiastes. C'est vrai qu'il y a eu des morts, de la torture, mais il y a eu une nouvelle Constitution qui nous permettait d'avoir le multipartisme. Je ne sais pas si vous vous souvenez, après les élections communales de 1989, avant que le FIS fasse un raz-de-marée en 1992, il y avait des débats politiques avec tous les opposants à la télé, des journaux satiriques, comme El Menchar, des articles dans les journaux. Il y avait une liberté de ton incroyable. On y croyait complètement. Tout ça a été confisqué par ce qui s'est passé.... J'avais 27 ans en 1989 quand j'ai commencé à écrire le scénario. J'ai mis trois ans à écrire avec un ami, Arezki Bouaziz qui a vécu les événements d'Octobre avec moi. Mais un truc qui me ressemble! C'est mon octobre à moi, chacun peut le faire à sa façon. Moi je viens d'un milieu favorisé, je n'étais pas touché par les problèmes de logement, ni par les problèmes matériels. Je me suis pris à la liberté d'expression. Mon personnage, tout comme le couple que j'ai choisi, est composé d'artistes. Leur problème est de pouvoir parler et faire ce qu'ils ont envie de faire et ce qu'ils aiment faire. J'ai pris ce biais-là. J'aurai pu prendre un jeune maltraité, au chômage, bien que cela existe dans le film, mais il n'est pas mis en avant par rapport à mon personnage. J'ai voulu être honnête avec moi-même. En Algérie, je n'ai pas trouvé de soutien, le cinéma était en pleine perdition. J'ai eu au départ des subventions françaises, mon jeune frère est venu comme producteur et on s'est lancé dans le film.
Et vous vous faites appeler Jihad dans le film. Un prénom pas très courant et qui, paradoxalement, fait un peu contre-emploi, par rapport à votre personnage, bien que la signification soit hautement symbolique.
Oui, parce qu'on pense toujours comme les Occidentaux: au jihad armé. Or, le jihad c'est la volonté de faire! Donc, il peut y avoir de la volonté dans l'amour, dans plein de choses. C'est la volonté de vouloir faire des choses. C'est pourquoi j'ai appelé ainsi mon personnage qui est un battant. Il a envie de changer les choses et Amal, symbolise l'espoir...
Pour moi, c'est un film culte, car il raconte une époque avec plein d'éléments anecdotiques liés à la période des années 1980.
Aujourd'hui, si je dois le sortir en Algérie ou à travers le monde, il sera accompagné d'un texte en intro pour le situer. Car si un jeune de 25 ans, qui n'a pas vécu cette époque, voit le film, il ne comprendra pas certaines choses. Par exemple, l'histoire du Souk El Fellah justement et son rapport à l'argent. Les jeunes de 25 ans sont nés dans une époque d'économie de marché. C'est quand même, il y a 26 ans! Le français était beaucoup plus parlé qu'il est maintenant. Aujourd'hui, on ne pourrait pas comprendre pourquoi ces personnages parlent français. Les gens me disent que mon film est très bien, très beau, mais pour qu'il ait plus de force ce serait bien de le doubler à 80% en arabe. D'autres disent, s'il doit prendre une place dans l'histoire ciné de l'Algérie pour s'inclure dans le temps, il faudrait qu'il reste comme ça mais à condition qu'il y ait une explication, un travail de communication derrière. Peut-être que le couple est un peu trop francophone... Il y a eu aussi des discussions autour de certaines scènes de nus de Amal que j'ai enlevées. Certains me disaient «vas-y Malik, c'est bien, car tu vas bousculer les mentalités, tu vas briser les tabous et ça sera le premier film maghrébin et arabe où il y aurait des scènes osées» et d'autres qui disaient: «Ce n'est pas le propos du film, ça ne va rien apporter. Ce sont ceux-là qui ont gagné, en fin de compte je les ai tournées, mais pas mises dans le film.
Ces scènes vous ne les avez pas mises et le film a été quand même censuré et interdit de projection en Algérie...
En vérité, le film est sorti quelques mois avant la dissolution du Caaic en 1993 et j'ai demandé le visa d'exploitation que je n'ai jamais eu. Ensuite, il faut savoir qu'en cette période, j'ai quitté l'Algérie, je me suis marié et de 1994 à 1997 je ne suis pas rentré en Algérie parce que j'ai été plus ou moins menacé etc. Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai pas demandé de visa d'exploitation parce que j'ai eu la possibilité de le faire sortir avec la Cinémathèque. En 1993, Boudjemaâ Karèche m'a proposé de le diffuser. Or, ce qui était important pour moi est qu'il sorte dans un circuit officiel. Je voulais qu'il soit reconnu, pas le sortir comme un clandestin. Je voulais aussi qu'octobre 88 soit reconnu comme étant une date historique et d'une participation de ma génération à l'élaboration de cette nation. Que Ouyahia n'aille pas dire, comme il y a deux mois, que le printemps arabe s'est déroulé en 1962! Qu'on ne soit pas amnésique. Il y a eu entre 500 et 1 000 morts, des familles détruites, le pays a été mis à feu et à sang, on ne peut pas oublier ces moments-là. Il faut que les jeunes d'aujourd'hui sachent qu'on a eu notre printemps arabe et qu'ils n'ont pas à rougir de honte quand on voit ce qui se passe à côté, et j'explique aux jeunes, qu'à l'époque, il n'y avait pas de parabole développée comme maintenant, il n'y avait pas Internet et pas de réseaux sociaux. Voilà pourquoi notre révolution n'a pas pu prendre ailleurs.. Voilà l'histoire de mon film qui n'a pas été reconnu dans la cinématographie algérienne, ni maghrébine, ni ailleurs bien qu'il soit sorti dans beaucoup de pays, et notamment au Canada, et a bénéficié d'un très bon article dans le prestigieux journal américain Variety.
Après ça, vous avez disparu de la circulation...
C'est un film qui m'a fait beaucoup de tort. Je suis rentré en 1997 après une longue aventure. Quand je suis rentré, j'ai découvert que j'étais mis en quarantaine, que jetais black-listé. Que ce soit «l'année de l'Algérie en France», «Alger, capitale de la culture arabe», le Festival panafricain, et même pour Tlemcen, j'ai proposé des sujets pour tous ces événements. Aucun de mes sujets n'a été accepté. Que ce soit du docu, une série télé etc., rien n'a été retenu. Même pour le Cinquantième anniversaire...
Avez-vous souffert d'être dans l'ombre du grand Lakhdar Hamina?
Quand vous avez un père connu comme lui, il peut vous obtenir un rendez-vous. C'est déjà extraordinaire! Après, les gens face à vous ne sont pas là pour faire du sentimentalisme. En aucune manière, il m'a aidé. Dans le monde occidental, c'est le business qui compte et le talent bien sûr.
Avec le recul. Que pensez-vous de votre film. Vous le feriez différemment?
Je ne le ferai pas. Honnêtement? Je regrette de l'avoir fait, or je n'ai jamais regretté quoi que ce soit dans ma vie. Le film, oui. Car j'ai été lâché par tout le monde, le mouvement démocrate, les journalistes, les cinéphiles, les gens de la culture. Je n'ai eu aucun soutien. Je me suis retrouvé isolé et seul, donc je me suis trompé peut-être?
Paradoxalement, aujourd'hui vous prenez un peu votre revanche, puisque vous allez travailler sur le film de votre père qui rentre dans le cadre du cinquantième anniversaire de l'Indépendance. Pourriez-vous nous en parler? Un film qui, par ailleurs, a connu beaucoup de tâtonnements ces dernières années...
Oui, parce que je n'ai pas le choix. Car moi, on ne me permet pas de tourner. On ne me donnerait pas à moi de l'argent pour tourner. Au début, il devait s'appeler La Corvée de bois et maintenant il s'appelle Le Crépuscule des ombres. Il a eu le budget en juin 2008. Mais l'argent n'a pu être débloqué qu'en octobre 2012, pour le cinquantième anniversaire de l'Indépendance. Le ministère des Moujahidine nous avait donné un budget, divisé par cinq, au bout de quelques années, c'est-à-dire qu'au départ on devait nous donner 250 millions, or, aujourd'hui, on nous donne que 50 millions de dinars. L'Aarc a mis 4 ans pour débloquer l'argent. On a signé le contrat qu'en 2012. 4 ans de misère et de galère administrative. Déjà cela a rétréci notre manière de travailler. Je reçois de nombreux avertissements de gens qui me disent que beaucoup de monde nous attend au tournant à la sortie de ce film. Dans Automne.. l'argent est dans le film, je n'ai jamais été payé, ni en tant que réalisateur ni en tant qu'acteur. Je n'ai pas touché un centime. Dans La Dernière image on a terminé le film avec quatre millions de dettes. Il a déposé le bilan en France. Notre argent est dans le film, pas dans notre poche. On vit bien, on n'a pas besoin d'un film pour pouvoir gagner notre vie comme certains metteurs en scène. Si on prend notre temps, car nous, on veut faire un bon film dans lequel on a des choses à dire. Le cinéma c'est une passion pour nous et un métier, pas seulement un gagne-pain. Pourquoi nous dit-on faites attention? Je ne comprends pas cette haine qui s'est installée. On retrouve aujourd'hui beaucoup de contraintes. A 82 ans, mon père se retrouve à être traité comme ça! À son âge, il est venu avec nous faire les repérages, il monte et descend les balcons du Roufi, il travaille comme un pro. On a les meilleurs techniciens. Le directeur photo qu'on a est celui de Nani Moreti, On a des comédiens professionnels. Je suis très déçu, on se bat contre des moulins à vent, c'est très dur.
Vous disiez tout à l'heure, qu'après plusieurs repérages à Timimoune, Ghardaïa, Annaba et Biskra, vous deviez enfin entamer le tournage...
Oui, c'était prévu qu'on tourne le 10 février. C'est un road movie en fait. 70% du film se passent dans le désert avec trois personnes. On a fait le dernier repérage technique vers le 10 janvier. Les décors terminés. Les comédiens choisis. Maintenant, nous avons des démissions parmi les comédiens et les techniciens. Je vous explique pourquoi. Ils abandonnent à cause des événements d'In Amenas, ils ne veulent plus tourner en Algérie. On a trois personnages principaux. Il y avait deux Français et un Algérien. Les deux Français sont Thierry Levic qui joue dans la série télé de Canal +, Mafioza et a joué aussi dans Sherlock Holmes II, et Malik Zidi qui joue le rôle de Lambert et enfn Samir Boueta qui joue le rôle de Khaled, un officier de l'ALN. Ce dernier est Français d'origine égyptienne, lui il continue à faire le film, et c'est Malik Zidi, d'origine algérienne, qui abandonne. Thierry Levic, on l'a plus ou moins rassuré. Tout ce qui est dans le Sud, on le tournera finalement en plan large, ce sera des silhouettes. Le souci est qu'après l'affaire de In Amenas, la carte sécuritaire de l'Algérie est montée jusqu'au-dessus de Timimoune et est arrivée jusqu'à Ghardaïa, c'est-à-dire plus de 70% du territoire algérien est en zone sécuritaire, ce qui fait que même si les comédiens et les techniciens voulaient tourner, il n'y aurait pas d'assurance pour le film. Ça nous pose un sérieux problème. Maintenant, il va falloir qu'on explique cela à notre coproducteur, l'Aarc. La solution de repli c'est de construire les décors intérieurs du fort où on devait tourner à Timimoune, à Alger. Les plans moyens et serrés, où ça discute, on les tournera du côté de Biskra, El Oued et Touggourt qui ne sont pas dans la zone de sécurité. Quatre ans de mésaventure et ce coup de grâce, mais bon, ça pourrait se terminer par un bon film. On y tient. Ça va être un très bon film je pense. Ce sera une nouvelle écriture avec comme toile de fond la Guerre d'Algérie. Comme tous les films de Lakhdar, ils sont universels, vous pouvez les transposer partout dans le monde où il y a eu des injustices, du colonialisme. Là on est en pleine expectative. Il faudrait tout réorganiser. Je pense qu'on va prendre un mois de retard et tourner en mars. Faudra surtout tourner avant les grandes chaleurs. Le cinéma, une affaire de famille? Oui, peut-être. Mon père est le producteur délégué et auteur réalisateur- scénariste, mon frère Tarek est le producteur exécutif, moi je suis le directeur artistique et mon jeune frère fera le making off qui sera peut-être un doc sur mon père.
Quel regard portez-vous sur la situation du cinéma en Algérie?
Je suis souvent pas d'accord avec tous les professionnels algériens qui parlent de cinéma. Parce qu'il y a un problème. Ça parle de production, mais où sont les salles de cinéma pour les montrer? Comme si tout le monde veut fabriquer des lessives, mais il n'y a pas de supérettes ni d'épiciers. Comment tu écouleras ta marchandise? Comme si, moi, je mets 10 milliards dans un film mais à perte... Je ne vois pas de gens qui essaient de parler de circuit de salles. Il faut aussi réprimer le piratage. En même temps, c'est une manière d'offrir du loisir aux Algériens pour pas cher. Ça leur évite de réfléchir.
Votre film Automne, octobre à Alger est excellent, mais, en fait, y a un côté manichéen qui m'a un peu dérangé. Il y a d'un côté les artistes qui boivent souvent, de l'autre, les barbus vociférant et brutaux. Un côté presque caricatural..
Pourtant, il y a une subtilité dans le film. A un moment donné je prends mon frère dans mes bras. On m'a taxé d'islamiste à cause de cette scène. Pour les générations futures, mon film devrait être pris comme une photo de l'Algérie, à un moment donné. C'est pour cela que je pense ne pas être tombé sur personne, même pas sur les islamistes. J'ai essayé d'être subtil, c'est-à-dire il n'y a pas les mauvais et les bons. Il y a des subtilités de la vie. Il y a un équilibre. Je montre les choses telles qu'elles sont et après, aux gens de se placer. Je ne fais pas une opposition des uns contre les autres. Il n'y a pas de réelle opposition, il y a la mienne, oui mon personnage. Mon rapport avec l'Islam, c'est entre moi et Dieu, mon personnage le dit: «Tu ne vas pas dormir à ma place dans ma tombe.»
Vous pensez que la société a changé entre celle de votre film et aujourd'hui, du moins, elle a évolué?
Elle a changé complètement. Elle a pris un autre virage. Je souhaiterai faire les 20 ans après, voir ce que les personnages sont devenus. Ce sera l'histoire de ce présumé enfant dans le film qui aurait aujourd'hui 25 ans. C'est montrer Jihad, Amal et les artistes, ce qu'ils sont devenus, aussi Hadj Zambréto, mon frère islamiste et là, je pourrais raconter toute l'histoire de l'Algérie depuis 20 ans! J'aimerai bien le faire, caméra à l'épaule avec pas beaucoup d'argent. Je voudrai faire un film un peu à la Omar Gatlato, mais au-delà de ça, c'est-à-dire chaque personnage parlerait à la caméra et on verrait tout son cursus, d'octobre à maintenant.


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