La cerise sur le gâteau de cette cérémonie, Ca tourne à Alger, un film de Salim Aggar sur les vicissitudes du cinéma en Algérie, de 1992 à nos jours... A l'occasion de la double célébration du 9e anniversaire de la création de l'association artistique du cinéma Lumières et du 45e anniversaire de la fête de la Victoire du 19 mars, une cérémonie a eu lieu, lundi dernier, à la salle Algéria. Après la chorale des élèves de Bouzaréah, M.Amar Laskri, président de l'association entamera un long discours, non pour faire dans la politique, dira-t-il, mais pour interpeller les instances publiques sur la détérioration de la situation culturelle en Algérie, y compris sur l'indifférence de notre pays vis-à-vis des génocides perpétrés dans des autres pays arabes et le reste du monde. En ce sens, le verbe bouillonnant, Amar Laskri, au summum de son discours amer, fera remarquer, un peu ambigu, sa volonté de soumettre une lettre à la ministre de la Culture, dans laquelle il fera montre de ses idées et propositions...Il n'omettra pas de préciser, encore une fois, loin «de faire dans le politique», n'avoir pas été sollicité pour prendre part à «Alger, capitale de la culture arabe 2007». Enfin, après cette allocution-fleuve, place enfin, au documentaire de Salim Aggar, Ça tourne à Alger ou Making-off in Algiers. La cerise sur le gâteau de cette manifestation...«A travers la chronique du cinéma algérien, nous découvrons dans ce documentaire le parcours cinématographique de quatre cinéastes algériens aux styles et aux genres différents. Réalisant leurs films entre 1992 et 2004, dans un contexte politique, social et artistique particulier, vous allez découvrir les difficultés, les réalités, la vie, les anecdotes, et surtout le drame du 7e art à travers le parcours artistique de quatre films prolifiques du cinéma algérien», nous expliquera le réalisateur au long cours. Ces quatre films sont Automne octobre à Alger de Malik Lakhdar Hamina, film tourné en 1992 (durée 13 minutes), Machaho de Belgacem Hadjadj, film tourné en 1994 (durée 13 minutes), Rachida de Yamina Bachir Chouikh, film tourné en août 2001 (durée 13 minutes) et enfin, Douar Enssa de Mohamed Chouikh, film tourné en août 2004 (durée 13 minutes). Un documentaire très pertinent mais qui laisse le sujet primer la technicité. Cependant, n'est-ce pas là la trame de ce film qui, pour exister dans ces conditions difficiles de tournage de l'époque, mérite d'être applaudi et vu par plus de monde. L'Algérie, malgré les horreurs, a continué à tourner, en silence, sans grande aide financière ni physique. Ce film lève le voile sur des images assez incongrues. Le plus frappant de ce making-off reste le film de Malik Lakhdar Hamina qui, à l'époque, bravant le danger et ne trouvant que son père pour tenir la caméra, a choisi de prendre au vif ou en les reconstituant, des scènes incontournables de notre mémoire récente, de l'époque du terrorisme. Un film interdit de projection en Algérie car jugé très sévère. La vérité n'est-elle pas bonne à dire? Un adage qui trouve ici toute sa substance. Salim Aggar, pour info, n'est pas à sa première oeuvre, puisqu'il capitalise de nombreux courts métrages tournés essentiellement en super 8. Très attaché, même engagé dans l'évolution de notre cinéma, il prépare actuellement un documentaire intitulé: Chronique des années de braise du cinéma algérien qui fera certainement parler de lui, prochainement, sans oublier un livre.