L'éditorial du chef d'état-major de l'ANP ne semble pas avoir démonté outre mesure le mouvement Wafa. A peine rentré de sa tournée à l'ouest du pays, le porte-parole du mouvement Wafa a été sollicité par nous en vue d'exprimer sa position sur le dernier éditorial de la revue El-Djeïch, signe de la main du chef d'état-major et mettant en relief la confirmation du retrait définitif de cette institution des affaires politiques. Nullement démonté par une pareille sortie, qui constitue une réponse quasi directe aux nombreux appels lancés par Taleb à l'armée, Mohamed Saïd souligne finement que «la sortie de la revue El-Djeïch ne contredit nullement les appels lancés par le président du mouvement Wafa». Explication : «Ahmed Taleb Ibrahimi ne demande pas à l'armée d'intervenir mais plutôt d'agir en vue de fournir les garanties pour que l'administration et le gouvernement respectent les mêmes règles de bienséance et de neutralité». Ce n'est pas tout, Mohamed Saïd rappelle que «le mouvement Wafa a toujours considéré, au regard de l'impossibilité devant laquelle se trouve la classe politique actuelle d'assumer ses responsabilités, que l'armée ne saurait se retirer que graduellement du champ politique durant le prochain mandat présidentiel». Il semble donc que l'éditorial du chef d'état-major de l'armée, pour clair qu'il eut été, est loin d'avoir clos le débat sur ce que devrait être le rôle de cette institution aussi bien en amont qu'en aval du prochain scrutin présidentiel. Cela paraît d'autant plus vrai que Taleb et son parti sont loin d'être les seuls à penser que seule l'institution militaire peut jouer le rôle primordial de contrepoids face à la manière cavalière avec laquelle est mené un véritable «hold-up électoral contre la volonté et la souveraineté populaires». Notre source a tenu, en outre, à nous annoncer qu'elle est allée, hier en début d'après-midi, pour retirer les fameux formulaires de candidature. Mohamed Saïd relève à ce propos que «les choses ont évolué négativement depuis la présidentielle de 1999». Il précise à ce propos que «l'accueil était très froid. Si, en 1999 les candidats étaient reçus par le ministre en personne et leurs représentants par le secrétaire général, cette fois-ci je n'ai eu droit à rencontrer qu'un sous-directeur». Selon le secrétaire général de Wafa, il s'agit là d'indices qui ne trompent guère. D'autant que la situation n'a jamais été aussi grave concernant la partialité de l'administration et du gouvernement. Dans la foulée, on apprend que les services de Yazid Zerhouni ne donnent aux candidats que «80.000 formulaires dans un premier temps, avec promesses d'en ajouter dans le cas où le premier lot venait à être épuisé». Un candidat comme Ahmed Taleb Ibrahimi, qui avait récolté plus de 100.000 signatures en 1999, peut en obtenir facilement le double depuis qu'il a créé son propre parti, il est demeuré proche de la population, et qu'il a continué à défendre ses idées en dépit du harcèlement sans précédent dont ils ont été victimes, lui et son parti, de la part des services de Yazid Zerhouni. Décidément, les choses vraiment sérieuses ont enfin commencé.