La Minurso «a une responsabilité éminente dans la protection des citoyens» La Task Force de la Coordination européenne pour la solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco) a plaidé, vendredi à Paris, pour l'attribution de cette prérogative à la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental. Le Maroc cédera t-il à la pression de la communauté internationale? Doter la Minurso d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme a été et demeure un bras de fer entre le Front Polisario et Rabat. Le moment est peut-être venu pour faire aboutir cette revendication. Le terrain y est propice. La Task Force de la Coordination européenne pour la solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco) a plaidé, vendredi à Paris, pour l'attribution de cette prérogative à la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental. Son président, Pierre Galand, a indiqué qu'elle compte interpeller Ban Ki-moon, le Secrétaire général des Nations unies, pour lui signifier que la Minurso «a une responsabilité éminente dans la protection des citoyens», tout en rappelant que c'est la seule mission onusienne qui n'est pas dotée d'un mécanisme de protection des droits de l'homme dans les territoires qu'elle est chargée de contrôler. «Il est temps qu'il dise au Maroc (le SG de l'ONU, Ndlr) que la voie qu'il suit est une voie contraire au droit international, contraire aux droits de l'homme et que la manière avec laquelle il contrôle aujourd'hui, les populations sahraouies, est en violation avec les conventions de Genève», a souligné l' ancien sénateur socialiste belge. La réunion de l'Eucoco s'est déroulée le jour où 24 militants sahraouis, arbitrairement détenus depuis le démantèlement du camp de «Gdeim Izik» par les forces d'occupation marocaines en novembre 2010, devaient comparaitre devant le tribunal militaire de Rabat. Leur procès, qui a été renvoyé au 8 février, a été qualifié de «procès inique contre des jeunes militants qui n'ont fait que défendre le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», par Mohamed Sidati, représentant du Front Polisario en Europe, qui a pris part à la rencontre organisée par la Coordination européenne pour la solidarité avec le peuple sahraoui. A moins de trois mois (30 avril 2013) de l'expiration de la résolution 2044 du Conseil de sécurité qui signe la fin du mandat de la Minurso, des rapports accablent le Maroc en matière de respect des droits de l'homme vis-à-vis des militants sahraouis, au point où sa demande d'admission au Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies lui a été refusée. Plus grave: la torture est une pratique attestée dans les territoires sahraouis occupés et à travers ceux du royaume. Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, qui s'est rendu au Maroc et au Sahara occidental entre les 15 et 22 septembre 2012, a fait état de son usage. Il a recensé des «témoignages crédibles faisant état de pressions physiques et mentales excessives sur des détenus au cours d'interrogatoires». «Il ne devrait pas être surprenant que des actes équivalant à la torture soient commis à l'occasion d'événements particulièrement intenses, tels que des grandes manifestations...», avait ajouté Juan Mendez, lors de la conférence de presse qu'il avait animée à Rabat à la fin de sa mission. La délégation du Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l'homme (RFK Center), qui a séjourné au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis du 25 au 31 août 2012, avait de son côté fait part, dans un document rendu public, de cas de disparitions, de torture, de détentions arbitraires, de menaces, d'exécutions extra judiciaires... par les forces d'occupation marocaines. Des témoignages qui peuvent peser lourd dans la balance.