Le joueur algérien n'a rien à craindre pour son avenir. En résiliant le contrat de Yazid Mansouri, le club anglais de Coventry-City a commis un très grave impair, spoliant, de la sorte, les relations de travail existant entre un joueur et son employeur. S'il est vrai que ce dernier a des droits à faire valoir, dans le cas du football il est obligé de les mettre entre parenthèses pour se plier aux instructions que lui donnent la FIFA, l'organisme international qui gère ce sport. Le club de Coventry dispute un championnat, celui de la division 2 anglaise, propriété de la fédération anglaise de football. Cette fédération est affiliée à la FIFA qui lui offre la possibilité de disputer des matches amicaux et des compétitions internationales. Si les Anglais ne veulent pas entendre de la FIFA, libres à eux de s'enfermer et de jouer entre eux. Les dirigeants de Coventry auront, ainsi, le loisir de disposer de leurs joueurs à tout moment mais qu'ils ne s'avisent pas à chercher à enrôler des talents hors des frontières de leur pays ou à vouloir participer à des matches internationaux. Le renvoi de Mansouri, coupable, selon eux, de préférer son équipe nationale à son club pour aller disputer la CAN est un acte grave qui devrait mettre en branle les rouages des services juridiques de la FIFA, car il nous semble bien que c'est la première fois qu'un tel cas se déclare. Coventry est allé plus loin que Tottenham qui, lui aussi, avait menacé le Malien Kanoute s'il devait disputer la CAN mais qui, finalement, a dû se plier au souhait du joueur. Cette affaire Kanoute avait mis hors de lui Sepp Blatter, le président de la FIFA lequel, en fin de semaine dernière, avait déclaré: «Les entraîneurs de clubs seraient bien avisés de, non seulement respecter les règlements de la FIFA, mais aussi d'arrêter d'essayer d'aller contre les droits légitimes des joueurs.» «La FIFA défendra toujours ces droits, même quand cela nous rendra impopulaires». S'adressant, particulièrement aux Anglais, il avait ajouté: «Etant donné le rôle des joueurs africains, mais aussi asiatiques, dans le football anglais, il est grand temps que les entraîneurs, actionnaires et propriétaires de clubs comprennent que la Premier League (championnat anglais Ndlr) n'est pas tout pour les joueurs.» Yazid Mansouri n'a, absolument, rien à craindre. Son droit d'exercer le football sera respecté et Coventry paiera pour la bévue qu'il vient de commettre. Il est suffisamment protégé pour cela par la réglementation internationale du football. Celle-ci en son article 23, indique que «si la rupture intervient à la fin de la première ou de la deuxième année du contrat, la sanction sera l'interdiction d 'enregistrer de nouveaux joueurs nationaux ou internationaux, jusqu 'à échéance de la deuxième période de transfert suivant la date à laquelle la rupture est devenue effective». «Un peu plus loin il est stipulé que «sans préjudices des dispositions sus-mentionnées, d'autres sanctions sportives pourront être imposées par la commission de discipline de la FIFA aux clubs concernés, notamment et sans que cette liste ne soit limitative: - amendes - déduction de points - suspension d 'une compétition». La mise à disposition par les clubs des joueurs pour disputer des matches internationaux avec leurs sélections nationales est traitée dans le chapitre XIII de ces règlements notamment en son article 36 qui note que «pour une phase finale de compétition internationale (c'est le cas de la CAN Ndlr), le club est tenu de libérer son ou ses joueurs sélectionnés 14 jours avant le premier match de cette phase finale». On remarquera que cette disposition n'est pas respectée puisque des clubs conservent leurs sélectionnés jusqu'à l'ultime minute. L'article 38 ajoute que «le club qui libère des joueurs sélectionnés par leur pays n'a droit à aucune compensation financière. En plus de cela, il revient au club d'assurer son joueur contre les blessures et les maladies et les accidents». A la fin l'article 41 stipule que le club qui refuse de libérer son joueur encourt tout un arsenal de sanctions qui vont de la simple amende à la suspension tout court du club en passant par la réduction du nombre de points en championnat acquis par ce club. Il est certain que la FAF ne va pas laisser tomber Mansouri et qu'elle va porter son cas devant les instances juridiques de la FIFA. On doute fort que celle-ci ne rétablisse pas le joueur algérien dans ses droits. Ceci dit, la CAF gagnerait à revoir son calendrier international notamment celui de la CAN qui tombe, toujours, dans une période où les clubs européens sont en pleines compétitions nationales. Un club comme le RC Lens en France qui perd six de ses titulaires a des raisons de se sentir lésé juste parce qu'il accueille à profusion des joueurs africains. Il donne, en tout cas, une sacrée leçon à ces gens de Coventry qui pensent que le football est un sport inscrit uniquement sur les tablettes de l'Angleterre.