Un activiste égyptien, tombé dans le coma plusieurs jours après sa détention par la police, est décédé lundi, ont annoncé le ministère de la Santé et son parti, suscitant un nouveau tollé contre les brutalités policières en Egypte. Mohamed al-Guindi, 28 ans, avait été porté disparu le 25 janvier alors qu'il participait à une manifestation à l'occasion du 2e anniversaire de la révolte qui a renversé le président Hosni Moubarak en 2011. Selon le ministère de la Santé, il a été conduit vers un hôpital du Caire par ambulance le 28 Janvier, trois jours après sa disparition, alors qu'il était inconscient et souffrait d'une hémorragie interne. Le militant a été emmené dans un camp de la police où il a été torturé, ont rapporté des activistes, détenus avec lui et libérés par la suite, selon le récit de sa mère, Samia, sur une chaîne satellitaire privée, Al-Nahar. «Il est mort des suites de la torture», a annoncé son parti, le Courant populaire, dans un communiqué. Selon un rapport médical préliminaire, cité par des activistes, Mohamed al-Guindi avait été battu avec des objets contondants et a eu des côtes brisées, et a subi des chocs électriques. Des photos du militant le montrant alité à l'hôpital, le visage meurtri, ont circulé sur les réseaux sociaux et des activistes l'ont présenté comme le nouveau Khaled Saïd, un Egyptien battu et tué par la police en 2010, et devenu depuis un symbole de la lutte contre les brutalités policières. Dans ce contexte, des images d'un manifestant dénudé et battu par des policiers anti-émeutes vendredi soir, lors d'une manifestation contre le président islamiste Mohamed Morsi dans le secteur du palais présidentiel, ont suscité l'indignation à travers l'Egypte et de vives critiques des pratiques policières. Par ailleurs, un Egyptien, qu'une vidéo a montré nu, traîné au sol et battu lors de la répression d'une manifestation au Caire, s'est rétracté pour dénoncer des brutalités de la police après avoir accusé des manifestants. «C'est la police qui m'a battu», lors d'une manifestation d'opposants vendredi soir devant le palais présidentiel, affirme Hamada Saber Mohamed Ali, dont la volte-face fait la Une de la plupart des journaux locaux hier. Sur une vidéo qui a choqué l'opinion publique, on voit des policiers battre l'homme avec des matraques, le bousculer et le dévêtir, avant de le traîner au sol, puis de l'embarquer dans un fourgon blindé posté devant le palais. Admis dans un hôpital relevant du ministère de l'Intérieur, ce père de famille avait affirmé dans un premier temps sur la télévision d'Etat que des manifestants l'avaient pris pour un policier et l'avaient déshabillé, ajoutant avoir été «sauvé» par les forces de sécurité. Cette version difficilement convaincante, compte tenu des images montrant clairement qu'il est battu par des policiers, a de surcroît été mise à mal par des membres de sa famille qui ont affirmé que la victime faisait «l'objet de beaucoup de pressions» et avait peur. «J'étais sous la pression et la terreur des policiers à l'hôpital. Mais j'ai admis la vérité après avoir regardé la vidéo où, comme un animal, des officiers et des policiers s'acharnaient sur mon corps nu», a rectifié l'homme, cité par le quotidien Al-Chorouk. Il a expliqué sur une télévision avoir fait volte-face après que sa famille l'eut «désavoué» et avoir constaté que «toute l'Egypte était en colère et qu'on me ridiculisait sur Facebook». Cet ouvrier de 50 ans vit avec sa femme et ses trois enfants dans une seule pièce dans un quartier pauvre du Caire, selon le journal Al-Watan. Sa volte-face «ne change rien à la position du ministère de l'Intérieur qui refuse la violence», a commenté un responsable du ministère, cité par Al-Chorouk. Le parquet a ouvert une enquête et l'opposition a réclamé la démission du ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim, sur l'affaire, présentée par les autorités comme «un acte isolé».