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Retour de manivelle
Publié dans L'Expression le 05 - 02 - 2013

«Science sans conscience n'est que ruine de l'âme» Rabelais
Le retour de manivelle fait de sacrés dégâts à la main inexpérimentée qui a lancé la machine. Et quand la machine infernale est lancée, il est difficile de l'arrêter ou de prédire où elle s'arrêtera...
L'Histoire ne manque pas d'exemples où des décideurs, des apprentis sorciers jouant aux démiurges et fabriquant dans leurs laboratoires, grâce à leurs cerveaux rendus malades par les calculs compliqués qui leur assureraient un pouvoir durable, des forces maléfiques. Une fois ces forces maléfiques libérées, elles se nourrissent de la haine du pouvoir qui les a engendrées, enflent, gonflent et prennent des proportions alarmantes qui vont terrifier une pauvre population, victime elle-même d'un pouvoir protéiforme et inquiéter même ses créateurs qui vont réaliser, un peu trop tard, qu'ils ont libéré le mauvais génie de la bouteille où les forces du Bien l'avaient enfermé. Ce que nous murmurions à voix basse de peur de nous tromper ou bien de peur que l'on nous prenne pour des anti-Américains primaires qui trainent encore avec eux une idéologie qualifiée d'obsolète... Mais finalement, puisque c'est Hillary Clinton qui le dit, mon Dieu, il faut la croire. En fin de mission, les gens sont toujours pris d'une sincérité incroyable: les terroristes islamistes sont une création pure du génie malfaisant du capitalisme américain. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, devant les forces montantes des forces progressistes, les bourgeoisies européennes prises d'une frilosité soudaine ont alimenté, encouragé et soutenu par tous les moyens dont elles disposaient (argent et propagande) les partis fascistes qui ont vite essaimé la peste brune sur toute l'Europe (Allemagne, Italie, Espagne, Portugal...). On sait ce qu'il advint. L'humanité entière paya un lourd tribut afin que la bête immonde soit terrassée. Avec la guerre des Six-Jours, Israël sûr de lui-même finança la création de l'association religieuse Hamas afin de limiter l'audience des partis politiques progressistes (Fplp - Fdlp) ou une organisation patriotique comme le Fatah. L'Arabie Saoudite, à travers ses associations caritatives, participa et encouragea l'existence de ce mouvement qui avait commencé par harceler et combattre les organisations de gauche. Hamas, une fois la Guerre froide terminée, fut pris en charge par l'Iran et la Syrie, et retourna son fusil contre ses parrains.
En Algérie, après la mort de Boumediene qui avait réussi à marginaliser tous les tenants de la pensée rétrograde, des décideurs (qui avaient accumulé un petit capital) avaient encouragé et alimenté les militants en qamis blanc pendant que syndicalistes, berbéristes et autres démocrates étaient harcelés, battus et emprisonnés.
On ne peut que demeurer sceptique devant ceux qui affirment que «l'ex-FIS a été agréé pour mieux être maîtrisé». Où étaient ces braves gens, quand le pouvoir recrutait à coups de devises sonnantes et trébuchantes des imams venus du Golfe pour semer la fitna au sein d'une population qui n'a connu depuis des siècles qu'un Islam pacifique...
Savaient-ils les sergents recruteurs qui ont attiré de pauvres jeunes que d'autres forces occultes allaient les manipuler à loisir, en les orientant vers divers fronts en Afghanistan contre les soviétiques ou en Algérie contre les forces démocratiques.
La manipulation continue et les chasseurs d'outarde paient à leur tour, le prix de leurs mauvais calculs. Si l'Arabie Saoudite joue aujourd'hui son rôle de sponsor dans la chasse aux dictateurs laïcs arabes, elle n'est pas seule: le petit émirat du Qatar qui a chaussé ses pétrodollars pour mener la guerre sainte contre d'autres musulmans, enrôle à tour de bras tous les égarés formés par les écoles et les télévisions des pays de l'OCI. Et c'est encore une fois les populations innocentes qui paient les effets néfastes de l'imagination maléfique de cerveaux malades.


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